Discours pertinent, cohérent, raisonnable, mais discours inaudible. Les Tunisiens que je connais, dans mes contacts directs, toute classe confondue, ont "dégeulé", politique et politiciens, pire encore tout raisonnement politique, est rejeté d'avance.
Le président Kais
Saied, malgré les nombreuses fautes qu'il commet en novice de la politique et
du pouvoir, les enchante. Par comparaison avec tout le reste des acteurs
politiques qui passent à la télé et aux radios depuis dix ans, il leur semble
le plus moral, le plus honnête le plus conséquent avec lui-même.
Ce soutien massif est aussi, sauf exception, un soutien
passif. Chez beaucoup de nos compatriotes, nul besoin pour beaucoup d'entre eux
de participer à la consultation ni même au référendum. Ils se sont exprimés en
l'élisant aux deux tiers en 2019, et ils se sont exprimés en se défoulant comme
des adolescents le soir du 25 Juillet 2021, suite à l'annonce de la suspension
de l'ARP (Assemblée des Représentants du Peuple), ils s'expriment régulièrement
dans les multiples sondages d'opinions.
Comme vous le dites bien, quel régime a respecté la
constitution? La présidence à vie du fondateur de la République Bourguiba, le
bricolage qui a permis au président Ben Ali de postuler à un troisième mandat,
la non élection dans les délais règlementaires en 2015 en plein
"Tawafek", de la cour constitutionnelle, ce qui permet de gouverner
et d'interpréter en paix la constitution sans être inquiété, et l'usage
extensif de l'article 80 en Juillet 2021, recommandé bien avant cette date, textes à l'appui, par
une partie de ceux qui s'opposent aujourd'hui au président KS.
Pour la fraction du peuple que je connais, ces subtilités de
professionnels de la chose publique, n'ont aucun impact sur leur vie de tous
les jours. L'œuvre politique de ceux qui ont animé la décennie précédente, a eu
un résultat qu'il faut savoir honnêtement et courageusement, identifier et
comprendre: politique veut dire bavardage et inaction. Les Tunisiens ont adoré la politique en début de décennie, ils l'exècrent
en fin de décennie.
Qui est responsable de ce beau résultat? Nous tous surement,
"tous" incluant medias et intellectuels, en plus du fameux et fumeux
concept de "classe politique".
Marier politique et action, décision et réalisation concrète.
Nettoyer les rues, tailler les arbres de l'espace public, ouvrir des bibliothèques
dans les quartiers populaires, permettre aux fils de pauvres d'aller à la plage
en leur réservant des bus, multiplier les opportunités de formation
professionnelles pour chômeurs, multiplier les centres de lutte contre
l'addiction à la drogue, et bien d'autres actions plus ambitieuses, car je me
limite au strict minimum d'un état efficace, inscrites depuis trois décennies
et plus, dans les rapports des plans de développement successifs; permettra
"peut être" d'ouvrir une nouvelle page dans ce rapport complexe et décevant
entre les tunisiens et la politique.
Celui parmi les "Hakem", qui s'en préoccupera,
sera le bienvenu. « Destour », ou pas. Cela ne m'amuse pas de le
dire.
Il faut gagner le cœur des tunisiens, et ils vous écouteront,
vous soutiendront et vous respecteront.
Les vrais adversaires de KS, pour ne pas dire "ennemis
", ce ne sont surement pas ses opposants, qui exercent leurs droits
basiques de citoyens, mais c'est le chômage des jeunes, l'injustice sociale criante
faisant du tiers de la population des pauvres dont 15 % classés misérables, les
écoles rurales abandonnées à leur propre sort dont une partie s'abreuvant dans
des citernes rouillées, les jeunes mêmes brillants diplômés, qui trouvent mille
et un obstacle à leur épanouissement et à leurs projets innovateurs, etc...Le
reste, paroles, paroles...
Commentaire interactif, à l’article suivant (5 Juin 2022) :
Pourquoi
il ne faut pas boycotter le référendum du 25 juillet (businessnews.com.tn)