Document de travail préparé par Mehdi Jendoubi, pour la session de formation des formateurs en journalisme, organisée par le Centre Africain de Perfectionnement des Journalistes et Communicateurs CAPJC, du 9-21 Mai 1988.
0.INTRODUCTION
Durant des décennies, les rédacteurs se formaient sur le tas. Les responsables de journaux procédaient au recrutement d’un homme cultivé, souvent de formation littéraire qui devait, au contact de ceux qui l’ont précédé, acquérir un certain savoir professionnel.
Le développement des besoins de la presse en rédacteurs, la richesse de plus en plus grande de ce patrimoine professionnel transmis de génération en génération et la complexité des tâches que doivent effectuer les journalistes, ont amené certains professionnels éclairés à envisager la formation de journalistes dans des écoles spécialisées.
Nées à la fin du XIXème siècle aux Etats Unies, les écoles de journalisme vont se répandre en Europe au cours de la première moitié du XX° Un bon nombre de pays du tiers monde sera touché par ce mouvement à la fin des années 60 et au cours de la décennie 70. L’Egypte, qui fait figure de précurseur lance sa première expérience de formation dans les années 30.
Après presque un siècle d’expériences dans le domaine de la formation des journalistes, les experts en formation sont toujours à la recherche de la meilleure voie possible. Formation sur le tas, formation professionnelle avant le recrutement, formation académique et universitaire suivie d'une formation sur le tas, formation mixte mi-académique mi-professionnelle et bien d'autres formules (école de formation au sein de l’entreprise de presse, recyclage..), ont été expérimentées à différents moments et dans différents pays et institutions.
Les pays les plus riches s’offrent la possibilité d’expérimenter en même temps différentes formules et multiplient ainsi les institutions de formation, qui tout en étant en compétition, procurent à la profession un vivier diversifié dans lequel elle peut recruter les futurs journalistes. Cela n’est pas le cas dans un grand nombre de pays qui ne possèdent qu’une seule institution de formation de journalistes et où des choix aux conséquences graves doivent nécessairement être pris en faveur de telle ou telle formule.
Ce rapport a pour objectif de résumer un certain nombre de points relatifs aux différents aspects de 1a formation des journalistes. il est basé essentiellement sur notre expérience de journaliste et d'enseignant en journalisme à l'Institut de Presse et des Sciences de l'information (lPSl-Université de Tunis). Il comprend de larges extraits de notes de rapports et d’articles que j'ai rédigé personnel1ement ou en collaboration avec M.Ridha Methani (maître-assistant à l’IPSI).
Si certaines propositions ou observations ont un caractère personnel, l’essentiel des éléments d'informations et des appréciations contenus dans ce rapport, sont en fait le fruit d'une œuvre de réflexion collective qu’a connue notre institution depuis sa création en 1968, et dont témoignent les nombreux rapports, séminaires, assemblées générales et discussions consacrés à la formation des journalistes et à la réforme des programmes.
Ce rapport, conçu comme document de travail devant alimenter les discussions des participants à la session de formation des formateurs en journalisme organisée par le centre Africain de perfectionnement des journalistes et des communicateurs (CAPJC), du 9 au 21 Mai 1988, s’est volontairement limité à la formation des journalistes. Mais les écoles de journalisme sont de plus en plus amenées à s’ouvrir aux autres métiers de la communication et de l’information (documentation, relations publiques, production audio-visuelle, vulgarisation…) de même les problèmes spécifiques à l’initiation au journalisme audio-visuel, et au secrétariat de rédaction n’ont pas été évoqués.
1. Finalité sociale de la formation.
Le pragmatisme des responsables de la formation des journalistes et leur souci d’éviter «les grandes questions» qui peuvent être une source supplémentaire de divergences, les amènent à négliger les finalités sociales de la formation. Il est évident que la littérature scientifique et philosophique a abondamment traité du rôle social des médias et plus spécifiquement de celui du journaliste, mais la prise en compte de ce travail de doctrine et les liens qui doivent exister entre ces acquis intellectuels et scientifiques et la formation, est faiblement présent lors de la conception des programmes de formation des journalistes.
Mentionnons néanmoins l’effort de certains enseignants de journalisme qui ont eu le mérite d’aborder la question. M Babacar Sine, dans sa communication présentée lors du XVIII° congrès de la presse de langue française tenu à Dakar du 13 au 20 Novembre 1982, ébauche une réflexion originale en situant le journaliste africain dans une société en train de vivre une transformation qui se caractérise par le passage d’un état de société « dialoguée », où le « rôle de la personne medium y est central », à un état de « société médiatisée »de «communication de masse avec ce qu’elle suppose de relations indifférenciées».
Pour Babacar Sine, les systèmes de formation doivent être interrogés par rapport aux « missions » assignées aux journalistes : « en effet, tout le problème est de savoir si par rapport aux missions qui sont assignées aux journalistes et communicateurs africains, les systèmes conçus et appliqués pour assurer leur formation sont opérationnels, s’ils permettent à ces médiateurs de s’enraciner et d’exprimer en termes fidèles, les besoins, les angoisses, les interrogations de leur peuple ». l’Action, 4 Décembre 1982.
La même démarche est adoptée, dans un tout autre contexte par Philip M.Burgess et Paul S. Underwood, qui dans un article publié en 1970 : New approches to educating the international journalist, JOURNALISM QUARTERLY, Vol 47, N°3, Autumn, 1970, pp 519-520, posent une série de trois questions : Quel est le rôle des mass medias dans une société alphabétisée et d’abondance ? Quel est le rôle du journaliste au sein des medias ? Quel devrait être son éducation et sa formation ?
C’est plus la démarche que le contenu des réponses, qu’il faut retenir à ce niveau. Plus que toute autre formation, la formation des journalistes est étroitement liée aux déterminants sociaux, économiques, politiques, culturels et techniques, qui opèrent à un moment donné dans une société.
La gravite de la définition de la finalité sociale de la formation des journalistes, fait qu’une telle tâche ne peut être l’apanage des enseignants de journalisme, ni même de la profession. C’est une œuvre intellectuelle collective à laquelle doivent activement participer les représentants des différentes institutions nationales officielles et non officielles, à caractère politique, social économique et culturel.
2. Finalité professionnelle
Si les finalités sociales, sont nécessairement fortement «colorées d’idéologie», les finalités professionnelles sont plutôt techniques (du moins en apparence). Elles consistent essentiellement en une définition plus ou moins précise des tâches que doit accomplir un journaliste.
Plusieurs textes ont tenté de délimiter ces tâches. Nous nous limiterons dans ce rapport à la présentation du travail effectué par la revue UNIMEDIA (LES professionnels de la communication sociale, N° 8 ss date, Belgique) qui distingue pour la presse écrite les principaux profils suivants :
REDACTEUR, JOURNALISTE ET REPORTER :
Ce profil concerne ce qu’on peut appeler le journaliste de base. Celui qui est chargé de la collecte de l’information et de la rédaction des différents types d’articles (réécriture des dépêches, des communiqués, réalisation de reportages et d’enquêtes, rédaction de commentaires sur les évènements, etc…) ce type de journaliste peut avoir une activité spécialisée (économie, culture, questions militaires). Il peut également assumer certaines responsabilités dans l’organisation de la rédaction (rubrique, service).
Pour assumer ces fonctions, le journaliste de base doit posséder les qualités suivantes : « curiosité, capacité à communiquer des idées et des informations, aptitude à la vulgarisation, capacité de synthèse, style clair et précis, sens de l’initiative et du contact, travail de groupe.»
SECRETAIRE DE REDACTIOIN :
Le secrétaire de rédaction assume la responsabilité de la confection rédactionnelle et technique du journal. Il joue un rôle d’intermédiaire entre la rédaction en chef et les journalistes et entre la rédaction et l’imprimerie.
Il doit veiller à la bonne exécution des décisions prises par le rédacteur en chef et par la réunion périodique de la rédaction.
En plus de sa compétence technique dans le domaine de la mise en page et de l'imprimerie, le secrétaire de rédaction doit justifier des qualités d’un bon journaliste capable de se faire respecter par les hommes dont i1 doit coordonner 1e travail.
LE REDATEUR EN CHEF:
Premier responsable de la rédaction, le rédacteur en chef est « l’instigateur et le gardien de l’idéologie du journal, de sa tenue et sa présentation; en même temps que l’animateur de l'équipe de journalistes qui travaillent sous ses ordres ». Le rédacteur en chef est l'inter1ocuteur de la direction de l’entreprise, pour tout ce qui concerne la politique rédactionnel1e du journal. En plus des qualités professionnelles et de la cu1ture solide qui doivent 1ui garantir le respect de l'équipe rédactionnelle, le rédacteur en chef doit être un bon gestionnaire d’hommes et un bon administrateur.
De ces trois profils, décrits par UNIMEDIA, il se dégage ce qu’on peut appeler un profil de base, celui du « rédacteur, journaliste et reporter ». C'est ce journaliste de base qui doit être formé dans les écoles de journalisme qui recrutent, en vue de leur formation, des non professionnels (bacheliers ou autre niveau).
Les profils de secrétaire de rédaction et de rédacteurs en chef tels que présentés plus haut, doivent être acquis grâce à l'expérience accumulée dans l'exercice du métier. Il est en effet difficile de concevoir une école de formation de rédacteurs en chef, à moins que cette école ne recrute que parmi 1es journalistes justifiant d'un certain nombre d'années d'exercice du métier en plus d’un diplôme universitaire ou de qualités intellectuelles particulièrement appréciées.
3.Compétences à acquérir
Une fois les tâches délimitées, se pose la question des compétences nécessaires à la réalisation de ces tâches.
Les enseignants de journalisme, sensibles aux critiques qu’adresse la profession aux diplômés de journalisme ont tendance à allonger à l'infini la liste des matières d'enseignement.
En effet le thème du niveau des diplômés, est un des plus passionnément évoqués, d'autant plus qu'il est abordé de manière assez vague, ce qui permet les affirmations les plus contradictoires et les plus tranchées. On reproche aux diplômés de journalisme de ne pas écrire comme des littéraires, de ne pas comprendre les faits économiques comme des licenciés d’économie, de ne pas recevoir les faits sociaux comme des sociologues, et de ne pas faire une analyse politique aussi fine que celle d’un politologue.
La nature même des activités des journalistes, en les mettant en situation de devoir observer, comprendre et analyser des faits très diversifiés, exige d'eux une certaine pluridisciplinarité, que certaines écoles réussissent ma1 à traduire dans leur grille des programmes qui se transforment en un fourre-tout scientifique. On ne peut s’empêcher de penser au pédagogue de la renaissance européenne, Montaigne qui demandait une tête bien faite et non une tête bien pleine. Mais comment obtenir une tête de journaliste bien faite? La réponse n’est pas évidente.
Les 1istes plus ou moins longues de matières qu’affichent les différents programmes des écoles de journalisme, ne doivent pas nous nous faire oublier que certains axes fondamentaux, objet d’un consensus de plus en plus large, peuvent être dégagés.
Philip Burgess et Paul S.Underwwood (JOURNALISM QUARTELY , Vol 47,N° 3,1970) dégagent cinq champs:
1 ) développement des compétences rédactionnelles
2) acquisition et intériorisation des normes professionnelles et éthiques
3) développement et pratique de l'observation, de la collecte de l’information et de l’analyse.
4) développement de la connaissance spécia1isée d’un champ déterminé (sécurité nationale, commerce extérieur, Afrique de L’Est...)
5) acquisition ct développement des méthodes et des techniques d'analyse des faits sociaux (méthodes d'enquête, ana1yse de contenu.. )
Arrêtons-nous un moment pour définir sommairement un certain nombre de termes qui reviennent avec une forte fréquence dans les programmes, les rapports et 1es discussions, tel que culture générale ou fondamentale, formation spécialisée, journalisme, communication.
Le terme de journalisme, couvre l'ensemb1e des cours dont l’objectif pédagogique consiste à pourvoir l'étudiant des notions et du savoir faire professionnels qui le préparent à exercer le métier de journaliste. il englobe entre autres, les cours dispensés sous les intitulés suivants : synthèse, interview, secrétariat de rédaction, reportage, journalisme d'opinion, journalisme radiophonique...
Le terme communication et sciences de l‘information, couvre l'ensemble des cours dont l’objectif pédagogique vise à préparer l'étudiant à l'analyse des phénomènes de l'information et de communication dans leur dimension historique, juridique, sociologique ,économique, politique et idéo1ogique.
Le terme culture générale (ou formation fondamentale), couvre les cours du programme dont l’objectif pédagogique peut se résumer dans le fait de doter l'étudiant d’une formation intellectuelle et académique de base qui lui permet de tirer rée1lement profit de l’enseignement spécialisé à dimension professionnelle. Ce terme peut englober les enseignements suivants (droit, statistiques, économie, science politique, pensée, etc.. ).
Une attention particulière doit être accordée à l’enseignement de 1a langue nationale et des langues étrangères, outils de travail de base de tout communicateur.
Une conception dominante, dans un grand nombre d'écoles et de départements de journalisme, réduit la culture générale au domaine des Humanités. Les sciences exactes, techniques et médicales sont exclues. Peut-on perpétuer cette vision à une époque où la culture scientifique et technique est de plus en plus répandue.
Si l'on prend le cas tunisien, depuis plusieurs années déjà 1e nombre de bacheliers des sections scientifiques est plus nombreux que celui de la section lettres. Les changements enregistrés au niveau de l'instruction et des qualifications du public ne peuvent être ignorés au moment de la prise décision, dans le domaine de 1a formation des journalistes.
Si les points évoqués auparavant, font l'objet d'un consensus assez large entre les différentes institutions de formation de journalistes dans 1e monde, i1 faut signaler que d'importantes divergences existent en ce qui concerne les proportions de ces axes dans le programme d’enseignement et leur agencement.
Une querelle a longuement animé les débats entre formateurs : i1 y a d'un côté ceux qui prônent l’enseignement professionnel à outrance et d’un autre côté ceux qui sont pour un enseignement à caractère plutôt académique.
II semble que ce problème est en passe de devenir, sinon un faux prob1ème, du moins un problème dépassé. Les responsables de la formation des journalistes et 1es professionnels reconnaissent de plus en plus que formation académique et formation professionnelle ne s'excluent pas mutuellement. N.Gyorgy Peter, adjoint du directeur de l'école de journalisme de L'Organisation internationale des journalistes (OIJ) à Budapest, reconnait cette double exigence, même pour une école fortement professionnalisée.
Tout en affirmant «que pour aider Quelqu’un à devenir un bon journaliste, il n’y a qu’une seule voie : l’adepte doit travailler pendant une période suffisamment longue avec un journaliste plus âgé, plus expérimenté» il reconnait également un peu plus loin «à l’heure actuelle, il n‘est plus possible de former des spécialistes de communication sans leur dispenser des rudiments de la théorie de la communication et de la sociologie; sans cette théorie il n’est plus possible de rédiger des articles. Ces connaissances sont un point de départ de tout journaliste; elle sous-tend sa faculté d'assimiler les phénomènes inédits, de comprendre l'évolution du monde. Dans le futur il nous faudra consacrer plus de temps à la théorie de 1'opinion publique, à sa structure, aux facteurs qui régissent sa formation, à l'influence des medias sur l’opinion publique, etc " (LE JOURNALISTE DEMOCRATIQUE, AvriI 1984, L’Ecole de l'0IJ à Budapest a 20 ans, p27-28).
La réflexion s’oriente de plus en plus vers la meilleure articulation possible de ces deux orientations complémentaires de la formation. Comment doivent se combiner des deux axes (théorique et professionnel), dans un cursus de formation? Les écoles et les départements de journalisme doivent-ils se charger aussi bien de la formation fondamentale (culture générale) que de la formation spécialisée à caractère professionnel? Si oui, cette formation spécialisée professionnelle doit-elle commencer de manière intensive dés la première année, ou être entamée plus tard dans le cursus de formation? Comment éviter que la multi1iplication des enseignements académiques et professionnels n'alourdissent les programmes ?
4- Structure des programmes d'enseignement
Plusieurs réponses ont été données à ces questions et différentes formules ont été tentées avec plus ou moins de succès. Certains pays ont même expérimenté en des périodes différentes plus d'une formule. C‘est à dire que dans ce domaine l'extrême prudence est de mise.
Les Algériens à une étape de leur expérience ont opté pour 1a nécessité de pourvoir les étudiants de journalisme d'une formation académique de deux ans, la même que reçoivent les étudiants qui s‘orientent vers des études de science politique. L'enseignement du journalisme ne commence qu'au niveau du deuxième cycle.
L'école de formation des journalistes, de Lille (France), comme le Centre de Formation des Journalistes (CFJ-Paris), sans exiger officiellement un diplôme universitaire préalable à l‘entrée en formation (le CFJ exige un bac+2 depuis 1984) instituent un concours sélectif de culture générale et d'actualité. Aux dires des responsables de ces deux écoles, de plus en plus les étudiants qui réussissent ce concours, sont généralement titulaires d’un diplôme universitaire.
De même dans un grand nombre de départements de formation de journalistes et de communicateurs, dans les universités américaines, les enseignements de journa1sme sont programmés après un premier cycle de formation académique. Une commission nationale d'agrément (Accrediting Council on éducation in journalisme and mass communication), qui accrédite les programmes de formation de journalistes de différentes universités, a institué une norme qui dit que l’ensemble des enseignements spécialisés en journalisme et en communication ne doit pas dépasser 25% du total des cours suivis en quatre ans par l'étudiant.
Le reste est constitué par les différentes disciplines scientifiques et humaines. Cela ne veut pas dire que chaque année 25% des cours sont constitués de cours spécialisés en journa1isme et en communication bien au contraire les deux premières années sont essentiellement académiques, et les deux dernières voient augmenter progressivement le nombre des cours de journalisme.
En Be1gique l'université catholique de louvain la Neuve, programme les études de communication sociale au deuxième cycle, après un premier cycle (première candidature et deuxième candidature), commun à tous les étudiants de l’université). Certains enseignants du département de communication de cette université, tout en reconnaissant que les études de communication sont nécessairement un complément à une formation académique, considèrent insuffisantes deux années de communication, et avancent l’idée d’une année supplémentaire dont une partie doit être consacrée au stage.
Au Maroc, l‘Institut Supérieures de Journalisme (ISJ), qui a pris l'initiative de l’organisation d'un colloque sur l’expérience maghrébine en matière en formation des journalistes en Mars 1987, a lancé une nouvelle formule qui transforme les études de journalisme en études post-universitaires.
En Tunisie, comme au Maroc (jusqu’en l988), les deux écoles recrutent leurs étudiants à partir du baccalauréat et leur offre quatre années d’études, où dès la première année les étudiants sont initiés à la rédaction journa1istique, tout en suivant des cours de Langues, de droit, d’économie, d'histoire, etc.
L'IPSI a expérimenté entre l968-73 une formule d’enseignement du journalisme parallèlement à la préparation par l'étudiant d'une licence dans l'une des disciplines enseignées à la faculté (lettres, droit, histoire, économie...). Pour obtenir son diplôme de journalisme l’étudiant devait justifier également de sa réussite à la faculté.
A la 1umière de ces différentes formules, nous pouvons, dans la cadre d'un programme de formation de quatre année (bac+4), fixer au programme deux objectifs à réaliser en deux étapes : le premier consiste à renforcer 1e background acquis par l'étudiant au secondaire, en programmant essentiellement des cours qui s'inscrivent dans le domaine des sciences sociales ( y compris une initiation à 1a communication). L’essentie1 de cet objectif pourrait atteint au premier cycle (2 ans).
Le deuxième cycle verrait l'accomplissement du seconde objectif : initiation au métier de journaliste et initiation à la recherche en communication (dans le but de permettre au journaliste de réinvestir dans sa pratique professionnelle les méthodes et les résu1tats de la recherche).
L'avantage le plus apparent de cet agencement des objectifs consiste à alléger chacun des deux cycles, en vue de dégager pour chaque matière un volume horaire important. De même un premier cyc1e axé sur les sciences socia1es et l'expression écrite et orale, serait d’un appoint fondamental pour les cours de journalisme dans 1a mesure ou les langues et l'analyse des faits sont deux compétences fondamentales, nécessaires à toute production journalistique.
La réflexion sur la structure générale du programme est fondamentale dans la mesure où le programme constitue le cadre formel dans lequel vont s‘investir toutes les énergies, aussi bien celles du corps enseignant que celles des étudiants. Certains programmes conçus dans le but de vouloir « tout donner » à l'étudiant, pèchent par souci de perfection.
Le programme de l’Institut de Presse et des Sciences de l'information (Tunis), illustre cette tendance. Durant les quatre années d'études, l'étudiant est astreint à une présence qui varie entre 32 heures et 28 heures de cours par semaine, répartis en 18 matières différentes. La marge de travail personnel est réduite à sa plus simple expression, et la capacité d’assimilation des étudiants est soumise à rude épreuve.
S’il faut accorder l'importance qu'elle mérite à la réflexion sur la structure générale du programme, il ne faut pas néanmoins nég1iger les problèmes qualitatifs relatifs à la pédagogie d'enseignement du journalisme (contenu de l'enseignement, techniques pédagogiques d’enseignement).
5. Contenu des cours de journalisme
Dans un nombre élevé d'écoles de journalisme africaines, la consultation sur le contenu des cours programmés est réduite à sa plus simple expression. La réflexion globale sur la structure du programme la macro pédagogie, si l’on peut s’exprimer ainsi) prend le pas sur 1a « micro pédagogie » (comment concevoir te1 cours ? Comment mettre au point des exercices de rédaction journalistique ? Comment organiser une classe en salle de rédaction ? etc.). Il arrive même qu’un consensus sur l'essentiel des connaissances et du savoir faire que doit découvrir et maitriser l'étudiant durant son passage à l'école, soit inexistant, pour la simple raison que les enseignants n'ont pas réussi à développer une tradition de consultation pédagogie et de travail en groupe.
Un effort doit être effectué par les enseignants de journalisme pour identifier l’essentiel des connaissances et du savoir faire nécessaires à un étudiant en journalisme.
Il faut partir des tâches que doit effectuer un journaliste, identifier les compétences ( intellectuelles et pratiques) nécessaires à la réalisation de ces tâches, et concevoir la démarche pédagogique la plus à même de doter l’étudiant de ces compétences.
Nous avons procédé avec un groupe d’etudiants de 4 éme année journalisme (promotion presse écrite 1984) à une modeste expérience qui à consisté à dépouiller un certain nombre de manuels de journalisme en vue de dégager une nomenclature de notions de base dans le domaine du journalisme. Cette nomenclature incomplète peut servir de point de départ à un tavail plus systématique.
Les membres du groupe ont procédé dans une première étape, â la lecture d'un certain nombre de manuels et dans une deuxième étape chaque étudiant présenté un compte rendu de chaque livre.
Plus que sur le contenu, l’attention s’est portée sur l’identification des notions traitées par l’auteur . Les membres du groupe ont remarqué que plusieurs notions se retrouvent dans plusieurs livres et constituent en fait ce qu'on peut appeler le fonds des notions professionnelles de base nécessaires pour tout apprentissage du journalisme.
Certaines notions leur sont familières (après trois années de journalisme). d'autres ont été considérées comme nouve1les dans la mesure où elles n'ont pas été abordées dans les cours de journalisme qu'ils ont suivi , et d’autres encore, sans être entièrement nouvelles, sont assez floues, soit parcequ’el1es ont été rapidement abordées en classe, soit parce qu’elles ont été rencontrées lors de lectures ou de discussions.
Les notions qui sont les plus familières aux étudiants, sont celles relatives à la rédaction journalistiques (genre des articles, habillage) et au secrétariat de rédaction.
La liste présentée par ordre alphabétique, établie lors des ce travai1 de groupe, et que nous reproduisons ci dessous, est loin d'être exhaustive, elle devrait être enrichie par la lecture d’un nombre plus é1evé de manuels et par la lecture d'articles publiés dans les revues spécialisées, et devrait être également soumise à des journalistes et des rédacteurs en chefs de valeur.
Actualité
Audience
études d’audience
Agenda du
journaliste
Actualité
Analyse
Genre des
articles
Article
Genre, habillage,
rédaction journalistique
Background
Rédaction journalistique
Bureautique
Organisation du
bureau, conditions de travai1,
Traitement de
texte
Campagne de
presse
Propagande,
sources d’informations
Condition de
travail au sein de l’entreprise de presse.
Salle de rédaction,
bureautique
Couverture d’un
événement
Actualité,
organisation de la rédaction
Correspondant
Journaliste,
division des tâches
Carnet d’adresses
Crédibilité
Audience
Code de la presse
Liberté de presse
Charte du journaliste
Déontologie
Commentaire
Genre des
articles
Courrier des
lecteurs
Conférence de la
rédaction
Staff des
rédacteurs
Division des
taches entre medias
Diffusion
Déontologie
Charte du
journaliste responsabilité sociale
Documentation
Sources
Droits d'auteur
Droits moraux et
matériels, copyright
Dactylographie
Présentation de
la copie, rédaction électronique
Dépêche
Genre des Articles
Evénement
Actualité
Economie de
l'entreprise de presse
Gestion de
l'entreprise
Enquête
Genre des
articles
Editorial
Genre des articles
Embargo
Sources
Graphisme
Secrétariat de réduction
Genre des articles
Reportage, enquête,
interview, commentaire, analyse, article
d'information, article de fond,
compte rendu, synthèse, etc.
Gestion de l’entreprise
de presse
Habillage de
l’article
Titre, inter- titre,
chapeau, tableaux, illustrations, signature. Présentation de la copie
Iconographie
Information
Interview
Journaliste
Journalisme
Journalisme d’opinion, journalisme factuel
(d’information)
Journalisme anglo-saxon, journalisme ou au service du développement
Journalisme de base,
journalisme écrit, journalisme radiophonique, journalisme de té1évision, journalisme d'entreprise, etc.
Journal
1ancer un
journal, gestion
Lecture, lecteurs
liberte de presse
Nouvelle
Objectivité
Orientation de l’information
Observation
Opinion publique
Audience
Organisations
professionnelles de journalistes
Publicité
Presse de parti
Périodicité
Propagande
Orientation de l’information,
sources, division des tâches entre medias Production du journal
Etapes et techniques
de production
Presse
d'entreprise
Prise de notes
Rédaction
journalistique
Article,
habillage de l'article, genre des articles,
rédaction électronique
Responsabilité du
journaliste
Déontologie
Rubrique
Rewriting, réécriture
Recyclage, formation
permanente
Reportage
Genre des
articles
Secrétariat de rédaction
Sources
Scoop
Staff Des
Rédacteurs
Organisation de
la rédaction, gestion de la rédaction, conférence de la rédaction. Rédacteur en
chef, chef de service, chef de rubrique, journa1iste rédacteur, reporter, photographe...
Spécialisation
Techniques de
transmission et de communication au service des journalistes
Terrain
Couverture,
dép1acements sur le terrain
Vulgarisation
6. Enseignement professionnel du journalisme et traditions universitaires.
Le besoin de former des journalistes, avant leur recrutement, qui s'est fait sentir dans différents pays, a donné naissance à des institutions de formation assez variées. Cela va de création d'une section de journalisme dans une université semblable aux autres disciplines (lettres, droit, science politique...), à la création d'un cycle de formation au sein d’une grande entreprise de presse.
Ces deux formules représentent en fait deux modèles extrêmes. Le premier étant complètement indépendant de la profession et le second, complètement intégré à la profession, et ne formant que le personnel déjà recruté ou en phase de pré recrutement.
Voulant réaliser la synthèse de ces deux types de formations, certains instituts ou départements de journalisme, crées au sein des universités, essayent autant que possible de s'ouvrir à la profession, par l'intégration de professionnels au sein des équipes de formateurs, et par la présence de représentants de la profession au sein des organes de direction (conseil scientifique).
Nul ne peut nier l'apport positif des universités pour la profession (garantie d'une formation académique, valorisation de 1a profession). Néanmoins, il faut reconnaitre que certaines pratiques pédagogiques, valables pour les disciplines classiques (langues, droit, histoire...), s’avèrent insuffisantes pour un bon enseignement du journalisme.
Si nous considérons que la formation d'un journaliste comporte grosso modo deux composantes : une formation fondamentale de culture générale (langues, sciences humaines et sociales et/ou sciences exactes et techniques) et une formation professionnelle complémentaire; il faut mentionner que le maillon faible des universités se situe au niveau de cette dernière. Les causes de cet état sont nombreuses, nous en évoquerons trois principales:
1) questions relatives à 1a politique des programmes et ses conséquences sur l’aménagement des emp1ois du temps.
2) questions relatives aux conditions de travail
3) questions relatives au personne1 enseignant
6.1 QESTIONS RELATIVES A LA POLITIQUE DES PROGRAMMES ET SES CONSEQUENCES SUR L’AMENAGEMENT DES EMPLOIS DU TEMPS.
Un grand nombre de programmes de formation de journalistes, en voulant assumer en même temps la formation fondamentale (culture générale) et 1a formation professionnelle) aboutissent à une surcharge horaire et à un gonflement du nombre de matières (modules enseignements) ce qui entraine :
a) le tiraillement de l'étudiant devant la multiplicité des disciplines qu'il doit suivre en même temps, et un manque de concentration évident.
b) réduction à sa plus simple expression de la marge de travail personnel.
c) Allocation aux différentes matières d'un temps de formation fort réduit.
L'enseignement du journalisme, une fois dépassée la phase de la première initiation; est un enseignement qui s'accommode mal des contraintes traditionnelles d'emploi du temps pour les raisons suivantes :
1) C’est un enseignement qui nécessite un espace horaire important si l’on conçoit comme nous allons le développer la « classe »de journalisme comme une salle de rédaction.
2) nécessité d'une disponibilité physique et intellectuelle totale de la part de l'étudiant, qui doit être libéré ou maximum des autres cours.
3) relation intense entre enseignants et étudiants. Cette intensité s'accommode mal de la réglementation actuelle du travail des enseignants (voir plus loin le développement de ce point).
Ces différentes conditions ne sont pas réunies dans un grand nombre de programmes de journalisme dans les écoles africaines. A la 1umière de notre expérience à l'institut de Presse et des Sciences de l'information (IPSI), nous allons tenter de décrire certaines contraintes qui pèsent sur 1es cours de journalisme.
L’IPSI recrute ses étudiants à partir du baccalauréat, et leur délivre après quatre années d'études une maitrise de journalisme Au cours des deux premières années (1er cycle) les étudiants sont initiés dans le cadre de cours séparés assurés par différents professeurs, aux différents genres journalistiques (reportage, synthèse, interview, enquête, article de fond).En plus de cet enseignement de journalisme ils doivent suivre un enseignement de langues et de culture générale; ce qui donne pour chaque année trente heures d'enseignement par semaine et 18 matières différentes.
Durant la troisième année et la 4émme année (2éme cycle) les étudiants s'initient au secrétariat de rédaction à la radio et à la télévision et réa1isent en presse écrite ou en radiotélévision. Ils continuent également à suivre des cours de culture générale regroupés par options qu'ils choisissent 1ibrement (option politique, économique ou cu1turelle). Le volume horaire et le nombre de matières est légèrement moins important que durant le premier cycle.
Cette expérience présente certains points positifs.
a) volonté manifeste de donner aux étudiants une formation académique doublée d'une formation professionnelle.
b) les options que peut Choisir dés la 3ème année l'étudiant, constituent un début de spécialisation dans un champ de connaissances. Cela rejoint la tendance observée de p1us en plus dans le journalisme mondial, vers la spécialisation (même si le journalisme tunisien reste bien en de ça de cette tendance)
Les premières promotions de I'IPSI (68-76), devaient suivre carrément une formation complète à la faculté en plus des études de journalisme.
Actuellement aux Etats Unis les étudiants qui suivent en majeure des études de journalisme doivent suivre en mineure dans une autre spécialisation (économie, science politique, droit …)
c) la pratique pédagogique, malgré les difficultés que nous évoquerons tout à 1’heure a privilégié dans la mesure du possible la dimension professionnelle, en essayant de mettre l'étudiant dés les premières semaines de son entrée à l'institut en contact avec les difficultés du terrain (reportage et interview), et en créant des cadres d’enseignement moins traditionnels ( expérience de la formule de l’atelier et déplacements sur le terrain de toute la classe pour vivre un expérience complète de journalisme (réunion de rédaction, collecte, rédaction et tirage).
Ces différents points Positifs, coexistent avec d'autres point négatifs que nous allons tenter de dégager a partir du cas d'un cours de travaux de rédaction que nous avons assuré entre 1980-81 et l983-84.
DESCRIPTION DE L'EXPERIENCE
En 1980-81, j'ai assuré, à raison d'une séance de trois heures chaque quinze jours, un cours de travaux de rédaction en langue française. Cette matière était une des nombreuses autres matières que subissait l'étudiant à l’examen, à l’écrit ou à l'oral.
Nous avons décidé de donner à cette séance, l'objectif pédagogique suivant: amener l'étudiant à rédiger le maximum de papiers, dans différents genres et dans un laps de temps re1ativement court. Un objectif secondaire a été également retenu : consolider la culture professionnel1e de l'étudiant.
Nous entendons par culture professionnelle l’accumulation d'informations et la discussion de thèmes relatifs aux différents aspects de la profession (les conditions de travail des journalistes, l’éthique, les sources...). Nous avons essayé d'atteindre cet objectif secondaire essentiellement par la distribution régu1ière de documents, le plus souvent sélectionnés dans la presse et dans les revues spécialisées.
Au cours de la première année de cette expérience 1980- 81, le groupe de presse écrite qui suivait ce cours comprenait 45 étudiants sur une total de 105 inscrits en 4ème année (ce nombre re1ativement important va régresser, vu la limitation du nombre d’étudiants à l'entrée).
J’ai sélectionné, avec les étudiants dans 1e cadre de réunions de rédaction, un certain nombre d'évènements prévisibles (sur un trimestre), et pour chaque événement retenu, chaque étudiant a choisi le sujet d'un article à rédiger en classe, après la collecte en dehors des heures de cours , des matériaux nécessaires à la rédaction.
Ainsi chaque étudiant avait un plan de travail pour un trimestre. Les étudiants les plus réguliers ont pu ainsi rassembler les éléments d'informations nécessaires à la rédaction de leur papier, mais certains étudiants, qui n'ont pas assisté à la réunion de rédaction, ou qui n'ont pas eu le temps ou la vo1onté de réaliser 1a collecte de données nécessaires, se sont trouvés perdus et ne pouvaient pas rédiger au moment voulu, en classe.
J'ai donc rectifié partiellement le tir en cours d'année en confectionnant moi même une réserve de dossiers relatifs à différents thèmes, et chaque fois qu'un étudiant se présentait en classe sans thème d'article ou sans éléments d’informations, je lui remettais un dossier, et il était tenu à la fin de la séance de trois heures, de me remettre un papier.
L'Année d'après (81-82) cette même séance est devenue hebdomadaire au 1ieu d’être bimensuelle. Tirant 1es enseignements de l'année précédente , et tout en maintenant les mêmes objectifs, je l'ai organisée de manière différente. J'ai remis dés le début de l’année, une série de six dossiers que j‘ai sélectionnés et rassemblés moi moi même. Les différentes séances de l’année devaient servir de cadre pour 1'exploitation de ces dossiers et la rédaction de papiers.
Cette formule, que j’ai maintenue pour l’année 82-83 a fonctionné mieux que celle de l'année d'avant, mais e1le présente l’inconvénient de réduire le rôle de 1’étudiant à la simple exploitation de données fournies, et la collecte originale était pratiquement inexistante.
Notons qu’en plus des travaux en classe les étudiants participaient deux fois par an à un séjour de deux jours avec le professeur dans un village dont il devaient assurer 1a couverture des activités socia1es, économiques et culturelles.
En 1983-84, j'ai préféré introduire un autre mode d’organisation des travaux de rédaction. J'ai décide de me limiter à traiter durant toute l'année un seul thème. Le choix des étudiants a porté sur le thème de l‘université. Le fait de nous limiter à un seu1 thème avait pour objectif de permettre au groupe une mei1leure connaissance du dossier étudié. La formule antérieure qui consistait à étudier six dossiers, nous amenait à passer un peu trop rapidement sur chaque thème et avait pour conséquence la rédaction de papiers superficiels.
Les différentes séances de l’année ont été consacrées à la lecture et la discussion des documents que nous avons rassemblés sur l'université. De même nous avons consacré un certain nombre de séances à l’identification collective (en réunion de rédaction), de sujets d’articles en re1ation avec le thème de l'université. Trois séances ont été consacrées successivement à la rencontre de certains responsables de l'enseignement supérieur et des œuvres universitaires.
LECONS A TIRER DE CETTE EXPERIENCE
Après quatre années d’enseignement du journalisme, selon 1es différentes formules évoquées ultérieurement, j’ai observé régulièrement l'intérêt que manifestent les étudiants à notre enseignement chaque fois qu'on les met dans des conditions réelles de production d'articles et qu’on leur permet de vivre l’expérience de la rédaction dans sa totalité (identifier un sujet collecter des données sur 1e terrain, conception et rédaction d’un papier, diffusion).
Seules les sorties de deux jours avec séjour à l'hôtel dans un village, nous ont permis ce genre d'expérience, en rupture avec le rythme académique c1assique, qui à notre avis s'avère inadapté a un enseignement à finalité professionnelle.
Le journalisme tel que nous l'enseignons, se réduit à l'apprentissage de la rédaction de textes. Il arrive même que la rédaction ne se fasse pas en classe, vu le temps réduit al1oué à chaque séance. Cela risque de donner à l’étudiant, qui dispose pour la rédaction à la maison d’un temps un peu trop souple; de mauvaises habitudes rédactionnelles la contrainte temps est en effet une dimension fondamentale dans l’apprentissage de la rédaction journalistique).
les papiers rédigés sont en nombre peu élevé, ce qui constitue une lacune dans la mesure où la répétition d’un même exercice et la multiplication des travaux, sont à la base de tout processus d’apprentissage de la rédaction et sont fondamentales pour la consolidation et l’amélioration des compétences nécessaires à tout rédacteur.
Les étudiants ne vivent pas l'expérience journalistique dans sa globalité, ce qui veut dire vivre de manière continue les différentes étapes de la production d'un papier (choix d’un sujet, collecte et prise de notes, conception du plan et rédaction, frappe ou saisie dans la cadre de 1a rédaction électronique , passage à l'imprimerie, diffusion et critique collective.
La séparation des séances d'enseignement de journalisme en séances hebdomadaires conformément à la programmation académique classique, empêche les étudiants de vivre de manière continue ce cycle de production de l'œuvre journalistique.
Même quand les enseignants essayent, dans le cadre actuel du programme, de vivre avec leurs étudiants ce cyc1e comp1et de la production; plusieurs semaines peuvent séparer une activité d'une autre, et le suivi de la rédaction d’un même artic1e est très difficile à assurer.
Si la production d’articles est une dimension importante du travail journalistique, il faut dire que le savoir-faire journalistique que doit maitriser l’étudiant doit intégrer bien d'autres éléments. A titre d'exemp1e, l’initiation au travail de groupe est aussi importante que la rédaction. Le journaliste est un producteur intellectuel qui ne travaille pas de manière isolée; il doit s'intégrer dans un journal et doit être en mesure dans le cadre de la division des tâches au sein du journal, d'entrer en relation avec des collègues, des supérieurs, et avec d'autres services. Cette intégration n'est pas spontanée. Elle peut faire l'objet d'un apprentissage à l'école.
Le meilleur moyen de préparer l’étudiant à cette intégration, consiste à simuler les conditions réelles de de fonctionnement d'un journal ou d'un service au sein d'un journal. Tout l’art des enseignants qui seront appelés à assurer l’animation d’un enseignement de journalisme, au delà de la phase d'initiation, consistera à
a) organiser la « classe » en salle de rédaction
b) tout en veillant à accorder à 1a salle de rédaction une réelle autonomie, sensibiliser les étudiants journalistes à la nécessité de parfaire leur culture professionnelle
c) produire avec les étudiants et dans les mêmes conditions de travail. J’usque-là on se présente aux étudiants comme détenteurs d’un savoir faire et on sanctionne leurs écrits, mais on s'est rarement astreins à produire, dans le cadre des contraintes qu’on leur impose, un certain nombre d’articles. on peut apprendre aux autres écrire et à se comporter en journalistes, et rédigeant nous mêmes et en soumettent nos travaux à leur regard critique II ya de notre crédibi1ité d'enseignant de journalisme.
6.2 QUESTIONS RELATIVES AUX CONDITIONS DE TRAVAIL
Une fois, l’espace temps et la disponibilité physique et intellectuelle des étudiants garantis, il faut procurer aux enseignants et aux étudiants, les conditions nécessaires à la réussite de leur cours qui va prendre tout simplement 1a forme d'une salle de rédaction. Ces conditions doivent être celles d’un petit journa1 ou d’une petite station on de radio ou de télévision. le modèle du genre est à mon avis la facu1té de médecine où l’hôpital est le prolongement naturel du cours.
a) aménagement d'une vraie sal1e de rédaction avec le minimum d’équipements suivants :
1) série d’apparei1s à dactylographier et /ou consoles pour la rédaction électronique.
2) téléscripteur pour la réception d’un service d’agence
3) une ligne téléphonique
4) accès pratique à une unité de documentation qui doit fournir les dossiers d’actualité, et les ouvrages de références (dictionnaires, encyclopédies, atlas…) cette unité comportera également un espace de lecture en libre service de la presse nationale et étrangère.
5) unité technique (composition, tirage, reprographie...)
6) un poste de radio avec ondes courtes et un poste de télévision
b) tout cet équipement vise à permettre au groupe enseignant-étudiants de produire régulièrement un journal école, et de vivre la contrainte du deadline (heure limite de remise de la copie).
Il est certain qu’une telle publication ne peut être que relativement coûteuse, et il arrive que les budgets alloués aux dépenses pédagogiques, ne supportent pas une telle charge.
Sans espérer publier le quotidien du campus, comme c’est le cas dans quelques écoles fortunées dans le monde, on peut concevoir des formules de publications à un coût adorable. L’essentiel étant de fixer au cours/salle de rédaction un objectif : éditer à espaces réguliers une publication.
Plusieurs expériences plus ou moins modestes de publication d’un journal école ont été réalisées à l’IPSI et dans d’autres écoles de journalisme, mais elles restent conjoncturelles. Il faut, maintenant systématiser ces expériences et en faire un évènement normal.
L’Institut Supérieur de journalisme de Rabat, a publié quotidiennement un journal au cours d’un séminaire organisé du 10 au 12 Mars 1987. Les étudiants, encadrés par leurs professeurs ont assuré la couverture du séminaire dans des conditions professionnelles.
J’ai pu observer personnellement à l’université Indiana aux Etats Unis, la publication quotidienne d’un bulletin d’une feuille, tiré sur stencil et réalisé dans le cadre d’un cours de journalisme. La distribution était assurée dans les différents blocs de l’université par un système de boites en libre service.
Sur un autre plan, nous assistons régulièrement à l’IPSI et ailleurs à la confection, par les étudiants dans le cadre de leur action militante, de journaux muraux. Certaines leçons peuvent être tirées de cette volonté de s'exprimer et de cette aptitude technique à produire un journal mural.
Cette année les enseignants de l’lPSI ont été agréablement surpris de voir un groupe d'étudiants du premier cycle, prendre l’initiative de l’animation d’une « radio » émettant en circuit fermé une émission quotidienne de 15 minutes.
b) Plus que toute autre institution universitaire, une école ou un département de journalisme, doit connaitre une vie intellectuelle et culturelle intense. Cela s’obtient en planifiant une série de conférences, de projections de films, de rencontres avec les acteurs de la vie politique, culturelle, sociale et économique et de visites de régions ou d’entreprise. Cette activité à pour but l’élargissement de l’horizon culturel des étudiants culture1 des étudiants. elle permet également de les initier à ce que devrait être la vie intellectuelle du journaliste, et peut servir de source pour la réalisation de travaux journalistique.
6.3 QUESTIONS RELATIVES AU PERSONNEL ENSEIGNANT :
Les étudiants en journalisme doivent être formés par des journalistes, c’est l’opinion de nombre de spécialistes qui reprochent à certaines institutions au sein des universités, de confier la formation des journalistes, à des enseignants qui possèdent une formation académique, mais qui ignorent les salles de rédaction.
A vrai dire, le problème se pose avec acuité pour les matières journalistiques. Nul ne conteste l’apport que peuvent avoir les universitaires dans la formation des journalistes dans les matières non professionnelles (langues, communication, droit, science politique, etc.).
L’expérience de plusieurs institutions, qui on fait appel à des journalistes professionnels, a montré que les meilleurs journalistes, ne sont pas toujours de bons pédagogues, et mis en contact avec des étudiants, ces journalistes ne sont pas en mesure de leur communiquer leur expérience, ni de concevoir des programmes de cours.
Certaines écoles intègrent des professionnels dans des équipes d’enseignants universitaires. Mais dans ce cas, le professionnel risque de rompre avec son métier pour se consacrer à l’enseignement. Cela est d’autant plus fréquent, que dans beaucoup de pays les lois empêchent le cumul des fonctions. Ainsi après quelques années d'enseignement, le journaliste recruté en tant qu’enseignant peut devenir étranger à son propre métier.
De bons journalistes ayant acquis une grande expérience sur le terrain , mais ne justifiant pas de diplômes universitaires, peuvent être associés aux équipes d’enseignants; mais les obstacles administratifs constituent souvent une barrière qui ferme la porte des écoles de journalisme aux professionnels de valeur. Et même quand la porte leur est partiellement ouverte, ils ne bénéficient pas des garanties morales et matérielles suffisantes.
La qualité des formateurs, dans le domaine de l’enseignement du journalisme est étroitement liée à l’essor de la presse dans le pays concerné. Une presse qui a une grande tradition peut fournir à l’école de journalisme, certains de ses meilleurs éléments. Par contre une presse embryonnaire , dont des cadres de valeur sont peu nombreux , ne peut être que d'un apport fort limité pour l'école de journalisme.
Une bonne partie des écoles de journalisme des pays du Tiers monde se trouve dans le deuxième cas, ce qui des amène à faire appel à des formateurs étrangers. Mais cet apport de l’étranger, en plus des problèmes culturels qu’il peut poser, ne peut être que conjoncturel.
Dans plusieurs pays africains on enregistre un certain scepticisme à l’égard de la compétence des enseignants de journalisme. M.Peter Mwara, directeur de L’école de journalisme à Nairobi écrit à ce propos : « Des enseignants de journalisme compétents et qualifiés tout comme les autres catégories d’enseignants de l'enseignement supérieur , sont peu nombreux sur le continent il ya fort peu d'africains disponibles , possédant les qualifications professionnelles nécessaires pour enseigner dans les institutions de formation de medias. Ou bien vous avez des gens qui ont une longue expérience professionnelle, mais des résultats académiques inférieurs, ou vice versa ” (Point de vue, AFRIQUE MASS MEDIA. N°5. ss date, OIJ).
C'est pour tenter de remédier à cette lacune qu’on parle de plus en plus, de formation des formateurs. Une solution pratique peut consister à sélectionner une équipe de journalistes professionnels de valeur, à leur procurer la possibilité de suivre des cycles de formation et de perfectionnement, de haut niveau aussi bien en pédagogie qu'en jouna1isme, et de leur confier en cas de besoin certains enseignements professionnels. Dans 1e cas d’une bonne compréhension entre les organismes de presse et l'école de journalisme, des formules de détachement ou d’allègement d’horaire peuvent être envisagées.
De leur côté, les enseignants recrutés pour leurs titres universitaires et qui ont la charge de la formation des joumalistes, doivent s’efforcer d’établir des contacts réguliers avec la profession , en effectuant des séjours dans les différentes entreprises de presse de leur pays et à l’étranger. Ce stages sont de nature à permettre aux enseignants de vivre au rythme des entreprises de presse , pour lesquelles ils forment des journalistes. Ils peuvent de cette manière mieux percevoir les problèmes que rencontrent les journalistes, mieux identifier les besoins en formation, et ajuster le contenu de leur enseignement aux conditions d’exercice du métier dans leurs pays respectifs.
Ainsi une équipe d’enseignants permanents, nécessaire au bon fonctionnement de l'école de journalisme sera renforcée par une équipe de professionnels non permanents, initiés aux techniques pédagogiques, et dont l’apport doit être valorisé moralement et matériellement.
Mentionnons que pour le personnel enseignant universitaire, un problème d’horaire se pose. L’enseignement du journalisme tel que nous le concevons (en salle de rédaction), nécessite un horaire d’encadrement fort élevé, qui dépasse de loin les normes en vigueur dans beaucoup d'universités (pour le cas de la Tunisie un assistent est tenu d’effectuer 9h de travaux dirigés, un maitre-assistant 8 h et un maître de conférence 4,3h de cours par semaine).
Même si, avec beaucoup de bonne volonté, comme cela est le cas d’ailleurs, les enseignants de journalisme essayent de ne pas être trop regardant sur cet horaire cette bonne volonté est déçue par les critères de promotion académique qui ne retiennent que le diplôme de doctorat d’Etat et la recherche. Ainsi le temps consacré par l'enseignant à encadrer des étudiants pour la confection d’un journal école, sera nécessairement pris sur le compte de leur recherche. Après quelques années de carrière, ils risquent d’être pénalisés pour leur bonne volonté. Il ya là un problème que les autorités universitaires doivent traiter avec beaucoup de sagesse et de justice.
7. Production de supports pédagogiques :
Une politique de production de manuels et de documents pédagogiques (vidéo cassettes, diapositives, polycopiés, etc..) doit être nécessairement mise au point par les enseignants de journalisme.
L’organisation de séminaires internes, avec la possibilité de faire appel à des professionnels nationaux et étrangers, peut être une structure souple pour la réalisation d'une telle tâche.
On peut envisager, lors de ces séminaires, de procéder à une lecture critique des différents ouvrages disponibles sur les questions étudiées. Il est inutile de préciser que ces documents, une fois élaborés, seront loin de s’imposer de manière contraignante aux enseignants, qui doivent conserver une grande liberté de décision. Il peut y avoir divergence entre les enseignants sur 1’utilité de la remise de tels documents qui peuvent faire double emploi avec les cours et encourager l'absentéisme des étudiants.
Cet avis ne doit pas freiner la production de documents pédagogiques surtout dans les pays africains où les étudiants rencontrent de grandes difficultés à s’approvisionner en livres de journalisme édités à l’étranger.
Les documents pédagogiques s’ils sont produits en groupe, tel que nous le mentionnons plus haut, vont aider les enseignants eux-mêmes à voir plus clair dans leur programme, et leur diffusion peut se limiter à l’équipe d’enseignants (le Centre de formation et de perfectionnement des journalistes en France procède de cette manière). De même on peut élaborer des documents qui ne soient pas une reprise des cours. Le document peut donner l’essentiel, et le cours se charge de l’approfondissement de ces éléments. Inversement le document peut élargir le cours.
Il faudrait accorder une plus grande importance à une forme de documents pédagogiques largement utilisées dans les disciplines scientifiques (cahiers d’exercices) . En plus des manuels classiques, les élèves et les étudiants reçoivent des documents sur lequel ils peuvent réaliser une série d’exercices. Les étudiants de médecine ont des feuillets d’anatomie qu’ils doivent compléter. Un effort a été fait pour concevoir un certain nombre d’exercices de journalisme, dans centaines écoles et essentiellement aux Etats-Unis ou ce genre de documents est appelé Workbook.
Il Faudrait également penser à se procurer ou à produire des supports pédagogiques audiovisuels, et sensibiliser les enseignants à l’utilisation de ce genre de supports.
Une liste des besoins peut être établie au niveau d’un groupe d’écoles de journalisme pour la confection collective de cette documentation (série de diapositives sur le fonctionnement d’une agence, documentaire sur les satellites, déroulement d’une conférence de presse, organisation d’un centre international de presse, couverture des activités des Nations Unies, interviews de journalistes de valeur, etc…)
8- Relations école de journalisme/profession
Dans la plupart des pays, la presse en tant qu’activité professionnelle a précède les écoles de journalisme.
L’écart entre la naissance de la presse et la naissance des écoles de journalisme est de quelques siècles en Europe, et de moins d'un siècle pour les pays africains et le monde Arabe. Cet écart, plus on moins grand en fonction des pays, permet d'imaginer les difficultés que rencontrent les écoles de journalisme, à se faire accepter par la profession.
Le type de re1ations qu’entretient une institution de formation de journalistes avec la profession, est souvent utilisé commue critère pour évaluer la valeur ce cette institution, Plus l’école de journalisme est à l'écoute de la profession (sans pour autant exclure sa fonction critique), mieux elle saura ajuster ses programmes pour former des cadres, qui peuvent s'intégrer rapidement dans la profession.
Plusieurs problèmes peuvent se poser à ce niveau. D’abord la profession n’est pas toujours bien organisée (absence d'associations ou de regroupements professionnels et quand un tel groupement existe, il peut ne pas être doté des moyens nécessaires pour assumer ses fonctions (locaux, cadres, tradition de concertation...).
Souvent dans certains pays du tiers monde, les écoles de journalisme ne trouvent pas d’interlocuteur dans la profession. L’administration de tutelle (ministère de l’information le plus souvent) ne peut à elle seule représenter toute la profession (journalistes, patrons de journaux, rédacteurs en chef,).
Différentes écoles de journalisme ont dû faire face au début (et même deux décennies et plus après leur création à une attitude plus ou moin négative de la profession. Cela va de la raillerie la plus naîve, à l’hostilité la plus résolue.
Mais 1es écoles de journalisme ont pu également trouver dans la professionnels éclairés qui ont su fournir à ces écoles une aide morale et matérielle appréciable. Certains professionnels d’avant garde ont même été fondateurs ou co-fondateurs d’écoles de journalisme.
Dans d’autres cas, c’est l’inverse que nous observons. Les écoles de journalisme peuvent à leur tour être fermées aux appels de la profession, et évoluent en marge de ses préoccupations, et leurs diplômés, sont les premières victimes d’un environnement auquel leur école ne les a pas préparés.
Un des points les plus délicats dans 1a relation école de journalisme-profession, est 1’intégration des diplômés de l'école dans les entreprises de presse, et particulièrement la première phase de cette intégration, au cours de laquelle peuvent surgir certains problèmes :
1) Les jeunes diplômés, peuvent au contact de l’entreprise, se sentir dépaysés. Ils doivent faire face à une tradition à laquelle ils peuvent ne pas avoir été préparés, d’où la nécessité d’un réapprentissage pour assimiler cette tradition. Fiers de leur diplôme, les jeunes journalistes peuvent juger inutile ce réapprentissage, dans la mesure où ils pensent que la tradition de leur entreprise est « dépassée » et d’un niveau professionnel « médiocre ».
2) Souvent les diplômés débutants ne sont pas en mesure, par manque d’entrainement de produire à un rythme élevé ce qui amène les responsables des journaux à les qualifier « de non opérationnels » et à attribuer cela à leur manque de formation. Mais à vrai dire cela ne constitue pas d’anomalie particulière. Dans toutes les spécialités un jeune diplômé doit passer par une phase d’intégration dans l’entreprise qui le recrute avant de pouvoir travailler à plein rendement. Cette phase peut être plus ou moins courte en fonction de la compétence du diplômé et de la qualité de l’encadrement que peut lui offrir son entreprise.
Dans certaines entreprises de presse la phase de première intégration est vécue de manière douloureuse, et les structures de l'entreprise ainsi que ses traditions de travail sont loin de prendre en charge de manière positive cette phase de formation post -diplôme, aussi importante que la phase antérieure au diplôme assurée par l’école de journalisme.
Plusieurs actions peuvent être envisagées en vue développer, la présence et le rayonnement de l’école de journalisme dans la profession :
a) Institution de rencontres périodiques entre les enseignants et les représentants de la profession.
b) diffusion régulière parmi la profession de toute les publications de l'école (revues, actes de colloques, manuels..)
c) lancement d'un bulletin qui couvre les activités de l'école et l’actualité des medias. Cette publication peut s'adresser aux anciens diplômés de l'école, aux professionnels et aux étudiants en cours de formation.
d) élaboration d'un programme de conférences et de rencontres animées par les meilleurs représentants de la profession.
e) ouvrir la bibliothèque de l'école à la profession et en faire une bibliothèque spécialisée modèle, qui contribue à la formation continue des professionnels.
f) maintenir d’étroites relations avec les diplômés de l’école qui exercent dans 1a profession .Ceux-ci deviennent de plus en plus nombreux et peuvent contribuer largement à une meilleure compréhension entre leur ancienne école et leur milieu professionnel.
g) orienter, dans la mesure du possible les recherches des étudiants vers des sujets qui représentent une certaine importance pour ta profession.
9. Conclusion
1) Après environ un siècle d’expérimentation, les écoles et les départements de journalisme, les plus prestigieux sont en perpétuelle interrogation sur les ajustements et les réformes à introduire pour assurer aux journalistes une meilleur formation, adaptée à un environnement politique, économique, culturel, et Technologique , changeants.
2) La lecture attentive de la documentation disponible sur la réflexion pédagogique dans le domaine de la formation des journalistes, nous conseille la plus grande modération. Les quelques points évoqués dans ce rapport sont loin d’épuiser le débat international sur la question.
La conclusion la plus significative qu’on peut tirer de ce débat est qu’il n’y a pas de formule miracle. Les propositions les plus attirantes, sont inopérationnelles quand elles ne partent pas d’une expérience donnée, pour en évaluer les points positifs et les points négatifs et apporter régulièrement les rectifications nécessaires. Ce n’est que de cette manière que le capital expérience d’une institution de formation, pourra s’accumuler et forcera le respect de la profession et de toute autre partie concernée par la formation des journalistes.
3)Il faut mentionner néanmoins que ce débat a permis de dégager certaines constantes auxquelles il faut prêter attention : il faut doter l'étudiant en journalisme d'une double formation, une formation académique solide dans les disciplines classiques du savoir avec une capacité certaine d’expression écrite et orale, et une formation professionnelle qui a pour objectif la transmission du savoir-faire nécessaire à l’exercice du métier de journaliste.
Il revient aux responsables de la formation d'imaginer des solutions intelligentes pour concilier cette double exigence, et atteindre ces deux objectifs complémentaires en fait, mais qui ont été souvent considérés par certains comme contradictoires.
4)La réflexion sur la formation des journalistes ne peut être un monopole de fait ou de droit d'aucune partie. Plusieurs partenaires concernés par la question, doivent être impliqués dans le processus de réflexion : enseignants de journalisme, autorités universitaires, journalistes, anciens diplômés, ministère de l’information, employeurs et les représentants des différentes institutions et associations nationales à caractère politique, économique, social et culturel.
Cela n’est pas souvent le cas dans les pays africains, où les décisions unilatérales, l’indifférence, et le manque d’organisation (de la profession par exemple), peut exclure ou réduire à néant la contribution d’une de ces parties au débat sur la formation des journalistes. En l’absence de ces canaux de réflexion, on ne peut éviter que s’installe la méfiance, les accusations gratuites et l’hostilité primaire entre les différents partenaires concernés par la formation.
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