Mehdi Jendoubi.
Enseignant de journalisme.
2 Avril 2001
Texte diffusé en interne non publié
Nos étudiants ne sont pas motivés pour le journalisme, ils sont passifs et presque toujours ennuyés et ennuyants. Ils ne travaillent que pour décrocher leur note et obtenir leur diplôme. Ils sont peu créatifs, lisent peu , ne suivent pas l'actualité, et de surcroît rédigent peu et mal.
Ce sont ces vérités que je
ne cesse de répéter avec mes collègues dans la buvette du campus ou dans les
réunions d'enseignants transformées en mur des lamentations pédagogiques. Mais
après les certitudes rassurantes vient le doute. Et si nos étudiants
cherchaient maladroitement à nous dire leur désarroi et leur refus, aussi bien
du contenu que des méthodes de nos
enseignements? Ils ne veulent plus de notre enseignement et ne savent pas le
dire autrement que par la passivité et l'ennui affiché en classe! Ils n'osent
pas le dire également parce qu'ils veulent
de nos diplômes et non de notre formation.
Ce doute surgit en moi et s'évapore pour resurgir de nouveau chaque fois que j'ai l'occasion d'accompagner mes étudiants dans des sorties de terrain où ils vivent en journalistes pendant trois jours, tradition établie dans notre école mais insuffisamment répétée. Cela a été le cas récemment quand un groupe de vingt étudiants accompagnés de deux enseignants ont séjourné à Kélibia, port de pêche situé à 120 km au Nord Est de la capitale où ils ont discuté avec le délégué , ont assisté à cinq heures du matin au retour des pêcheurs, ont parlé aux citoyens de leur vie de tous les jours, ont tenu des conférences de rédaction, et ont passé des heures tard dans la nuit à mettre au propre leurs textes.
Ils ont également pris ensemble leurs repas, discuté sans trop de formalités avec leurs enseignants et ont même chanté ensemble. Certains d'entre eux ont travaillé en trois jours bien plus que durant un semestre. Pourquoi? Ils ont vécu en journalistes et ont appris dans la joie. Est-ce possible à l'université ?