Mehdi Jendoubi
Kapitalis 20
Avril 2018
Faut-il s’en
plaindre ou s’en réjouir? Nous sommes à une période où nous devons tout
apprendre et parfois réapprendre. Je prends le parti de me réjouir de ce vaste
chantier qu’est la Tunisie et où il ne se construit pas uniquement des routes et
des bâtiments mais aussi de nouveaux modes de vies et de nouvelles manières de voir
et d’être et de nouveaux artistes et créateurs du beau. En effet quand les maitres qui professent médiatiquement
confondent pornographie et érotisme, on se rend compte du chemin à faire. Faut-il les
renvoyer à la riche tradition érotique Arabe le shabak (الشبق) ou à la littérature mondiale ancienne et
moderne ?
Le film de Mehdi Ben Attia est d’une grande sensibilité et brosse une sensualité
raffinée. Comme vous le dites très bien il traite de l’homme objet, et rame à contre-courant de la « femme objet », présente à toutes les sauces. Mais ici il ne s’agit nullement d’un objet
commercial mais d’un objet artistique. Le regard d’une femme à travers sa caméra.
L’héroïne photographe est bien portée par la jeune actrice tunisienne,
qui répond spontanément, à ceux qui lui disent de « mieux
connaitre son pays » : le pays doit aussi apprendre à mieux me connaitre. Deux systèmes de valeurs opposés, mais une douce et profonde quête de se faire
reconnaitre comme femme libre, comme tunisienne « d’outre-mer » et
comme artiste non conventionnelle. Un peu perdue dans sa propre société, mais
quel amour pour son pays à travers ces corps
d’hommes et ces portraits multiples qui la fascinent et l’intriguent et qu’elle
sublime à travers l’objectif de sa caméra. Un vrai film
initiatique. Quel plaisir de le voir.
jendoubimehdi@yahoo.fr
Note : Commentaire
interactif publié en réaction à une nouvelle relative au film de Mehdi Ben
Attia l’Amour des hommes, dans le site kapitalis, le 20 Avril 2018.
Source :
http://kapitalis.com/tunisie/2018/04/20/auto-censure-laffiche-du-film-lamour-des-hommes-modifiee/