كلما أدّبني الدّهر أراني نقص عقلي

و اذا ما زدت علما زادني علما بجهلي

الامام الشافعي


dimanche 29 septembre 2013

Rapport de synthèse des travaux de recherche de Mehdi Jendoubi


1980-2013

maître-assistant à L’Institut de Presse et des Sciences de l'Information (IPSI)

 Université de la Mannouba  

Bilan de notre modeste contribution à la littérature scientifique émergente dans le domaine de l'information et de la communication en Tunisie.

 

  

INTRODUCTION

Le lancement de la revue JOURNALISM QUARTERLY en 1924 aux Etats Unis, peut être considéré comme annonciateur de l'émergence d'un champ de réflexion et de recherche spécifique ayant pour objet la presse et le journalisme, qui intégrera progressivement l'ensemble des phénomènes de l'information et de la communication dans la société et bénéficiera de l'apport de chercheurs appartenant à des disciplines aussi diverses que la science politique, la sociologie, la psycho-sociologie, la linguistique, l'histoire et la critique littéraire.

Accompagnant ce mouvement plusieurs universités vont développer des structures de formation spécifiques consacrées à ces nouveaux enseignements et délivreront des diplômes de journalisme, de sciences de l'information et de communication. Néanmoins, cette institutionnalisation de ce champ émergent n'empêchera pas le débat contradictoire et permanent qui a animé la communauté des scientifiques concernés, sur le statut de discipline scientifique des sciences de l'information et de la communication considérées comme un carrefour de disciplines par les uns, et comme une discipline autonome ou du moins en voie de constitution comme discipline scientifique autonome par d'autres.

Déjà depuis cinquante ans, Bernard Berelson (1959) l’un des pères fondateurs des études sur la communication a qualifié la communication de "champ en perdition" dans la mesure où les avancées théoriques réalisées au début du XX° n'ont pas pu se poursuivre, plongeant les recherches dans la redondance et l'absence d'innovation.

Plus nuancé, Wilbur Schram (1983) revient vingt ans plus tard sur la même question et fait remarquer la "vitalité" institutionnelle en termes d'enseignements, de diplômes et de concentration d'universitaires concernés par la communication, ce qui a permis la production d'un "corps de connaissances" qui, certes, reste "non formalisé en théorie scientifique". La communication est plutôt un "champ de travail", une "discipline universitaire" ("scholarly discipline"), qu'une discipline scientifique.

Dépendante de l'apport majeur des autres sciences à sa naissance, la communication pour certains est maintenant en mesure d'affirmer son autonomie en tant que discipline. Pour d'autres, ce n'est pas uniquement le legs historique des autres disciplines qui entrave la communication dans son autonomie, mais c'est la nature même des paradigmes étudiés et des méthodes utilisées qui font de la communication une "inter-discipline" qui ne peut que s'enrichir et enrichir à son tour les autres disciplines traditionnellement répertoriées dans la catégorie des sciences humaines et sociales.

L'Université tunisienne, restée longtemps en marge de ces évolutions, rejoindra environ un demi siècle plus tard ce mouvement avec la création de l'Institut de Presse et de Sciences de l'information (IPSI), comme première structure de formation dédiée au journalisme et à la communication à la fin des années soixante, orientation encore plus affirmée avec le lancement de la Revue Tunisienne de Communication (RTC) en 1982, qui sera une des rares revues arabes et africaines de la spécialité à paraître régulièrement et qui sera l'espace qui accueillera la littérature scientifique nationale naissante dans le domaine des sciences de l'information et de la communication.

C'est notre modeste contribution à cette littérature scientifique nationale émergente dans le domaine de l'information et de la communication que nous présentons dans ce rapport.

Après l'obtention d'une maîtrise de lettres françaises de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Tunis (1976) doublée d'une formation en journalisme acquise à l'IPSI, la préparation d'un DESS de science politique à l'université Paris 1, la rédaction d'une thèse de doctorat de troisième cycle en sciences de l'information a l'université Paris 2 en 1979, et une brève expérience d'une année dans l'exercice du métier de journaliste à Tunis, nous rejoignons en 1980 l'équipe des enseignants fondateurs de l'IPSI auprès desquels nous avons eu la chance de faire nos premiers pas à l'université.

Nous présentons un ensemble de quatorze travaux publiés entre 1980 et 2010 que nous divisons en deux catégories: les études au nombre de onze et les ouvrages pédagogiques au nombre de trois. Dans ce rapport de synthèse nous avons opté pour un classement thématique de ces travaux.  

Les études portent sur la description et l'analyse du métier de journaliste en Tunisie aussi bien au niveau de la connaissance de la population des professionnels, que de certaines pratiques relatives au traitement de l'information et des questions relatives à l'accès à ce métier par la formation des journalistes au sein de l'université.


Chapitre I  

CONNAISSANCE DE LA POPULATION DES JOURNALISTES

Plusieurs essais antérieurs à nos travaux, ont été entrepris pour estimer la population globale des professionnels. Nous mentionnons essentiellement:

·      L'ouvrage de Mustapha Masmoudi, ECONOMIE DE L'IFORMATION EN TUNISIE, Dar As sabah, Tunis, 1972.

·      Le RECENCEMENT DES JOURNALISTES TUNISIENS, effectué par le Bureau des études et de la planification du Secrétariat d'Etat à l'Information en 1977.

·      L'enquête menée pour le compte du CAPJC en 1984 par M. Boukraa Ridha et publiée par la RTC sous le titre: LES JOURNALISTES TUNSIENS ET LE RECYCLAGE, RTC Nº 7, janvier-juin 1985, pp:35-69.

·      L'enquête effectuée par l'Institut Laamouri pour le compte du CAPJC, en 1990, consacrée aux besoins en formation tels que perçus par les journalistes et à l'évaluation du CAPJC. Elle a permis une actualisation pertinente une décennie plus tard, des données de l'enquête de Ridha Boukraa en 1984.

Nous avons traité des caractéristiques socioprofessionnelles des journalistes dans le cadre d'un chapitre d'un ouvrage collectif publié en 1992.

·      LES JOURNALISTES TUNSIENS: CARACTERISTIQUES SOCIO-PROFESSIONNELLES, in L'INFORMATION AU MAGHREB, ouvrage collectif, Cérès Productions, collection Enjeux, 1992, Tunis, pp: 51-61. (rédigé en 1988).

Ce travail a été actualisé dans le cadre d'un rapport collectif non publié, rédigé à la demande du Conseil Supérieur de la communication. Notre contribution a pour intitulé:

·      LE CAPITAL FORMATION DES JOURNALISTES TUNISIENS, in LA FORMATION DES CADRES DANS LES DOMAINES DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION: LA FORMATION DE BASE DES JOURNALISTES, rapport non publié rédigé par Mehdi Jendoubi, Hizaoui Abdelkrim et Larbi Chouikha pour le Conseil supérieur de la Communication, septembre 1991.

Notre travail a permis de synthétiser les résultats des travaux antérieurs, de compléter certaines données par l'exploitation des listes brutes des journalistes établies régulièrement par le secrétariat d'Etat a l'Information, ainsi que l'affinement de données statistiques complémentaires à partir du dépouillement des dossiers administratifs de la commission de la carte professionnelle auxquels nous avons eu accès par une autorisation spéciale du secrétariat d'Etat a l'Information dans le cadre de la préparation du rapport sur la formation commandé par le Conseil Supérieur de la Communication ( figurant dans nos travaux et dans le présent rapport sous l'intitulé "Commission carte/91"), et d'aborder l'évolution démographique de la population des journalistes selon une perspective historique et comparative, permettant de brosser un profil de base de la profession de journaliste, axé sur les dimensions suivantes:

·      Estimation de l'effectif global des journalistes

·      Structure par âge de la population des journalistes

·      Taux de féminisation de la profession

·      Evolution du capital formation


ESTIMATION DE L'EFFECTIF GLOBAL DES JOURNALISTES

Secteur

Recensement/77

CAPJC/84

Commission/86

Commission/91

RTT

89

(17%)

160

(27%)

88

(20%)

 

(22.7%)

TAP

119

(23%)

141

(24%)

138

(31%)

 

(24.3%)

Presse Ecrite

312

(60%)

291

(41%)

219

(49%)

 

(53%)

Dont Quotidiens

 

 

144

(32.3%)

 

(36%)

Total

520

(100%)

592

(100%)

445

(100%)

 

(100%)

TABLEAU SYNTHETIQUE DE LA REPARTITION DE LA POPULATION DES JOURNALISTES SELON LES GRANDS SECTEURS MEDIATIQUES Extrait de Mehdi Jendoubi, LES JOURNALISTES TUNSIENS: CARACTERISTIQUES SOCIO-PROFESSIONNELLES, In L'INFORMATION AU MAGHREB, ouvrage collectif, Cérès Productions, collection Enjeux, Tunis, 1992.

Estimée par M.Mustapha Masmoudi (1975) à 220 journalistes "permanents", au début de la décennie 1970, la population des journalistes professionnels atteint en 1980 environ 350 personnes et dépasse à peine les 650 personnes en 1991.

Trois principaux pôles de concentration se partagent la grande majorité des journalistes professionnels: la RTT qui emploie en 1991, 22% des journalistes, l'Agence TAP qui emploie 24%, et les sept quotidiens qui emploient un peu plus du tiers des journalistes (36%).

L'Etat est le principal employeur de journalistes. A elles seules l'Agence Tunis Afrique Presse (TAP), et la Radio Télévision tunisienne emploient environ la moitié des journalistes, soit 51% selon les données disponibles en 1986 relatifs à la carte professionnelle et légèrement moins selon la même source en 1991 puisque cette proportion est estimée a 47%. Ces proportions seront plus nettement accentuées si l'on tient compte des journalistes des quotidiens, La presse et As Sahafa, édités par la Société Nouvelle D'impression et de Presse (SNIPE), contrôlée par l’Etat.

Selon la nature des medias, c'est la presse écrite qui enregistre la plus grande concentration de journalistes avec une légère évolution vers un meilleur équilibre au profit des autres medias, puisque ce secteur passe de 60% en 1977 à 53% en 1991.

Le dépouillement en 1991 des dossiers de la carte professionnelle nous a permis d'affiner la répartition sectorielle, en précisant un peu plus la répartition par media, non disponible à l'époque, et publiée dans notre rapport sur le Capital formation des journalistes tunisiens, à l'intention du Conseil Supérieur de la Communication :

Organismes

Effectifs

%

TAP

160

24.3

RTT

149

22.7

QUOTIDIENS

238

36

Dont:

 

 

ASSABAH

33

5

LETEMPS

14

2

LA PRESSE

38

6

ASSAHAFA

21

3

ACCHOUROUK

19

3

ALHORRIYA

60

9

LE RENOUVEAU

53

8

AUTRES PERIODIQUES

109

17

TOTAL

656

100

REPARTION DES JOURNALISTES PROFESSIONNELS SELON LES MEDIAS.

Source: Jendoubi Mehdi, LE CAPITAL FORMATION DES JOURNALISTES, in LA FROMATION DES CADRES DANS LES DOMAINES DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION EN TUNISIE: LA FORMATION DE BASE DES JOURNALISTES, rapport non publié rédigé par Mehdi Jendoubi, Hizaoui Abdelkrim et Larbi Chouikha pour le Conseil supérieur de la Communication Septembre 1991.

STRUCTURE PAR AGE DE LA POPULATION DES JOURNALISTES

Groupes d'âge

Recensement/77

CAPJC/84

CAPJC/90

 

18-34

 

75%

 

 

63.2%

 

48%

 

35 et plus

 

25%

 

 

36.8%

 

52%

REPARTION DES JOURNALISTES PROFESSIONNELS SELON  LES GROUPES D'AGE.

Source: Jendoubi Mehdi, LE CAPITAL FORMATION DES JOURNALISTES, in LA FROMATION DES CADRES DANS LES DOMAINES DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION EN TUNISIE: LA FORMATION DE BASE DES JOURNALISTES, rapport non publié rédigé par Mehdi Jendoubi, Hizaoui Abdelkrim et Larbi Chouikha pour le Conseil supérieur de la Communication, Septembre 1991.

Le corps des journalistes est relativement jeune. En 1977 les trois quarts ont moins de 35 ans, mais une nette tendance vers un vieillissement relatif peut être observée en 1984 et elle est confirmée en 1990 où la proportion est inversée puisque les plus de 35 ans représentent un peu plus de la moitié des effectifs.

TAUX DE FEMINISATION DE LA PROFESSION

 

journalistes

RECENSEMENT/77

CAPJC/84

COMMISSION/87

EFFECTIF

%

EFFECTIF

%

EFFECTIF

%

 

FEMMES

 

 

58

 

11%

 

64

 

15.8%

 

56

 

13%

 

HOMMES

 

 

462

 

89%

 

341

 

84.2%

 

371

 

87%

 

TOTAL

 

 

520

 

100

 

405

 

100

 

427

 

100

EVOLUTION DU TAUX DE PRESENCE DES FEMMES DANS LA PROFESSION DE JOURNALISTE EN TUNSIE. Extrait de Mehdi Jendoubi, LES JOURNALISTES TUNSIENS: CARACTERISTIQUES SOCIO-PROFESSIONNELLES, In L'INFORMATION AU MAGHREB, ouvrage collectif, Cérès Productions, collection Enjeux, Tunis, 1992

La profession de journaliste reste en Tunisie largement masculine. Néanmoins, une percée timide mais constante de la présence des femmes peut être notée. La variation vers un léger tassement de la présence féminine entre 84 et 87 est peu significative et peut être imputée plus aux variations dues aux instruments de mesure, qu'a l'objet d'étude lui même.

EVOLUTION DU CAPITAL FORMATION

Profession ouverte en Tunisie ainsi que dans plusieurs pays, le journalisme se pratique sans une exigence de diplôme. Les compétences intellectuelles et professionnelles sont estimées au vu des capacités effectives des individus à s'intégrer dans un système de production et à répondre positivement  à ses attentes. Mais une double tendance est nettement observée sur le long terme, vers une fermeture relative puisque de plus en plus de journalistes sont titulaires d'un diplôme universitaire de différentes spécialités et qu'une proportion croissante est titulaire d'un diplôme universitaire spécialisé en journalisme.

Alors qu'ils ne représentaient en 1974 selon une rétrospective historique inclue dans le recensement des journalistes de 1977, que 10% des effectifs des rédactions des medias tunisiens, les titulaires d'une licence et plus représentent en 1977 environ le tiers de la profession (34%), et dépassent en 1984 plus de la moitié  des effectifs (53.6%), pour atteindre les deux tiers, selon une estimation de l'enquête CAPJC/Institut Laamouri en 1990.

NIVEAU D'INSTRUCTION

1974

RECENSEMENT/77

CAPJC/84

CAPJC/90

Moins que licence

 

 

90%

 

66%

 

46.4%

 

30%

Licence, Maitrise et plus

 

 

10%

 

34%

 

53.6%

 

70%

Total

100

 

100

100

100

EVOLUTION DU NIVEAU D'INSTRUCTION DES JOURNALISTES PROFESSIONNELS.

Source: Jendoubi Mehdi, LE CAPITAL FORMATION DES JOURNALISTES, in LA FROMATION DES CADRES DANS LES DOMAINES DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION EN TUNISIE: LA FORMATION DE BASE DES JOURNALISTES, rapport non publié rédigé par Mehdi Jendoubi, Hizaoui Abdelkrim et Larbi Chouikha pour le Conseil Supérieur de la Communication, Septembre 1991.

La même tendance est observée pour ce qui est de la possession d'un diplôme attestant d'une formation spécialisée en journalisme. Longtemps exercée sans une exigence de formation spécialisée en journalisme, le métier de journaliste va s'ouvrir de plus en plus aux détenteurs d'une formation spécifique. Quasi inexistants en Tunisie durant la première moitié du XXº , les diplômés de journalisme issus d'écoles étrangères en nombre réduit certes, ou de l'Institut  Ali Bach Hamba première structure de formation de journalistes en Tunisie, qui a fonctionné au cours de la deuxième moitié de la décennie 1960, et un peu plus tard de l'Institut de Presse et des Sciences de l'Information dont la première promotion a été mise sur le marché en 1971; commencent à prendre pied de manière de plus en plus visible dans les salles de rédaction.

Estimés au tiers environ de la profession (31%) par le recensement des journalistes de 1977, les professionnels qui déclarent avoir suivi une formation initiale en journalisme avant d'accéder à la profession, constituent en 1984, 43% de la population (Enquête CAPJC/1984), et atteignent la moitié en 1990 (Enquête CAPJC/Institut Laamouri 1990).


Chapitre 2  

OBSERVATION ET ANALYSE DES PRATIQUES PROFESSIONNELLES


Trois questions s'inscrivent dans cet axe relatif à l'observation et à l'analyse des pratiques professionnelles : le traitement de l'information, le rapport sources/médias et les défis que posent les nouvelles technologies à la pratique du métier de journaliste.


Le traitement de l'information par les médias a été le thème principal de deux travaux publiés en 1982 et en 2001. Le premier concerne une étude de cas du discours de la presse écrite en Tunisie durant la décennie des années 1970, le second présente de manière générale une synthèse théorique des travaux sur le concept de construction de l'événement.


·      LA FONCTION DU DISCOURS CRITIQUE DANS LES QUOTIDIENS TUNISIENS, RTC, Nº1, Janvier/Juin1982, pp:67-72.


·      من الحدث الاجتماعي إلى الحدث الصحفي، الإذاعات العربية، عدد 1، 2001، ص:29-35.


La recherche de l'information et la rédaction constituent l'essentiel des activités du journaliste, souvent illustrées dans les ouvrages de journalisme anglo-saxons par les termes de "reporting&writing". La pratique des sources d'informations qui se situe dans la première phase de recherche ou "reporting" et les difficultés que peuvent avoir les médias à assurer une couverture suffisante et équilibrée des activités de l'ensemble des acteurs sociaux, sont l'objet de deux travaux publiés par la RTC respectivement en 1982 et en 1986.


·      LES SOURCES D'INFORMATION DU JOURNALISTE, RTC Nº2, juillet-décembre 1982, pp: 89-101.


·      POUR UNE MEILLEURE CONNAISSANCE ENTRE DECIDEURS ECONOMIQUES ET JOURNALISTES, RTC Nº10, juillet-décembre 1986, pp: 83-89.


Les nouvelles technologies sont des outils de plus en plus présents dans l'environnement des médias classiques, qu'il ne s'agit pas seulement d'intégrer dans la pratique professionnelle et d'acquérir les nouvelles compétences en rapport, mais de faire face aux transformations radicales dans la manière même d'être journaliste, qu'elles imposent. Tel est le thème central de notre article publié en arabe par la RTC en 2008.

·        كيف غيّر الإعلام الجديد أساليب العمل الصحفي، المجلة التونسية لعلوم الاتصال،عدد 51-52، 2010 ، ص: 61-72.

LE TRAITEMENT DE L'INFORMATION

Notre premier travail abordant le traitement de l'information, publié à la RTC en 1982, est une étude de cas du discours de la presse écrite de Tunisie durant la première moitié de la décennie 1970 où la presse qu'elle soit publique ou privée, assumait un rôle fondamental de soutien â l'action de l'Etat. Globalement axé sur l'effort de développement, les réussites économiques et la paix sociale le discours de presse se caractérise par une connotation positive qui intègre partiellement des fragments négatifs pouvant en apparence véhiculer une charge critique, qui rompt avec le ton général en relatant les différents problèmes que peut rencontrer l'économie du pays tels que la mauvaise gestion des entreprises, les méfaits de la spéculation et le chômage. Quelle est la fonction de ces fragments de discours négatifs dans un flux de discours positif, et quelle stratégie de discours a été mise au point par la presse pour gérer cette contradiction apparente entre deux types de discours de nature différente?

Si les journaux tunisiens évitent de véhiculer des informations susceptibles de remettre en cause le schéma de développement adopté par l'Etat, ils ne peuvent pas être complètement fermés à l'évocation des problèmes socio-économiques. Ils doivent d'abord refléter les préoccupations de l'Etat qui a besoin de tenir la population au courant des problèmes majeurs pour y faire face. De même, tous les problèmes relatés n'ont pas la même intensité et certaines appréciations critiques ne peuvent pas gêner les pouvoirs publics. Finalement, une proportion limitée de présence du discours critique est de nature à procurer aux journalistes producteurs du discours médiatique un minimum d'expression personnelle.

Trois aspects majeurs ont été relevés dans la stratégie du discours médiatique pour intégrer le discours critique dans le flux de discours positif: une attitude formelle qui annonce les problèmes sans les relater explicitement, un rejet des aspects négatifs pouvant laisser croire à une quelconque défaillance des pouvoirs publics au-delà d'une barrière temporelle limite entre un avant et un après et un cadrage des fragments négatifs présentés dans un récit qui rassure le lecteur que tout problème évoqué est soit résolu ou en voie de résolution.

La presse tunisienne de cette époque se fait largement l'écho de réunions publiques considérées comme un cadre d'échange entre gouvernants et gouvernés fréquemment relatés selon l'archétype suivant: "après les paroles de bienvenue du gouverneur, il s'est déroulé une discussion qui a permis à ces citoyens d'exprimer certains problèmes qui se rapportent essentiellement à l'agriculture, aux crédits, au logement, aux routes et à l'immobilier" (Assabah du 22 Mars 1975). La suite de la nouvelle se limite aux réponses longuement détaillées du responsable, et les problèmes soulevés par les citoyens sont annoncés mais non développés.

Les années 1970-72 sont souvent présentées comme des années charnières au delà desquelles la presse circonscrit ce qui est négatif en séparant nettement un temps antérieur où sont reléguées les "erreurs" et un temps de performance, qui de fait coïncide avec un changement profond dans la politique du gouvernement initiée au début de la décennie 1970.

La présence d'éléments à charge négative dans le discours est cadrée selon une formule redondante qui constitue un modèle dont le processus se déroule en trois temps. Dans une première étape on affirme une autosatisfaction globale des résultats réalisés, suivie dans une deuxième étape d'un élément critique circonscrit et dans une dernière étape on revient au discours positif en présentant les mesures prises pour faire face à la situation. L'élément porteur de charge négative qui peut suggérer une quelconque défaillance des autorités est vite corrigé en montrant que celles-ci ne sont pas passives et qu'elles agissent ou vont agir pour mettre un terme à la défaillance évoquée. Nous retrouvons une illustration de ce modèle dans un reportage informatif typique couvrant la réunion périodique des gouverneurs publiée dans le journal LA PRESSE du 15 Juillet  1975.

cadre positif général: ("...la conférence a ensuite étudié la question du développement rural et les résultats positifs auxquels il a abouti et qui ont permis l'amélioration du niveau de vie dans les campagnes...")

énonciation de la négativité (discours critique): ("...A ce propos la conférence a examiné les difficultés matérielles et l'insuffisance des cadres compétents dont souffre encore le développement rural dans les différentes régions...").

retour au discours positif: ("...A ce propos il a été décidé d'unifier et de renforcer les cellules de direction en les dotant des cadres compétents").Ce fragment est suivi d'une série de mesures prises pour remédier aux difficultés évoquées auparavant.

Notre second travail consacré au traitement de l'information, publié en langue arabe en 2001 est une synthèse théorique du concept de construction de l'événement. Nous nous sommes arrêtés aux trois niveaux clés de l'évolution de l'événement du stade de son déroulement originel comme une manifestation socio-historique à celui de l'événement médiatique qui est un récit qui relate l'événement et le transforme symboliquement selon une tradition professionnelle.

La relation de l'événement est un premier niveau de sa construction dans la mesure où certains critères connus dans le monde de l'information comme des valeurs de l'information ("news values", selon l'expression consacrée en anglais), constituent autant de filtres qui permettent de sélectionner dans la réalité de l'événement les éléments les plus pertinents d'un point de vue médiatique tes que l'actualité. la proximité, le conflit, la renommée et le vedettariat, l'originalité, l'intérêt, la portée, etc...

Bien d'autres procédures professionnelles interviennent à ce niveau comme la hiérarchisation de l'information selon un ordre d'importance décroissante connue sous l'expression de pyramide inversée qui permet de mettre en valeur certains éléments plus que d'autres. La tradition professionnelle met en avant un certain nombre de garde-fous, telles que l'objectivité, la véracité, la précision, l'honnêteté, sensés garantir la conformité de l'information relatée et de l'événement dans sa manifestation originelle, mais cela relève plus de déclarations d'intentions que de démarches effectives et vérifiables.

La couverture qui consiste à gérer la répartition des ressources humaines journalistiques en vue de garantir la présence des journalistes sur le terrain où se déroulent les événements dans leur manifestation originelle pour en être les témoins directs et les observateurs privilégiés, est le second niveau de traitement de l'information. Ni le nombre des journalistes disponibles, ni la ligne éditoriale du média qui est constituée de contraintes dues aux choix politiques et aux attentes de l'audience ne permettent une répartition équilibrée des journalistes tant à l'échelle nationale qu'internationale. De fait la couverture des événements est partielle et les faits abandonnés sont bien plus nombreux que ceux relatés. Ce déséquilibre ne se réduit pas â une  dimension purement géographique, puisqu'il concerne aussi des acteurs politiques et sociaux oubliés par les médias, parce qu’ils sont considérés comme non représentatifs.

Le troisième niveau de construction concerne l'ensemble des artefacts médiatiques qui amplifient un événement donné et lui donnent une plus grande visibilité, et par conséquent plus de chance d'être reçu et perçu par l'audience et minorisent d'autres. Cela va de l'emplacement de la nouvelle dans le journal, de l'espace qui lui est consacré ou du temps d'antenne accordé, des choix de mise en pages et de mises en forme typographiques, aux multiples formes d'enrichissement de la nouvelle plusieurs fois commentée et analysée.

LES SOURCES D'INFORMATION

Notre Premier travail sur les sources d'information du journaliste (1982) aborde après une phase de description qui présente les sources écrites pratiquées par les journalistes et leurs spécificités, la problématique de l'accès aux sources en posant les deux questions suivantes: Dans quelle mesure une société est-elle capable de produire sur elle même une information riche et variée? Et dans quelle mesure les médias peuvent-ils capter cette information, la traiter et la rediffuser?

L'Etat structure l'espace socio-économique en fonction de ses propres priorités en créant des administrations centrales ou régionales, des offices, des agences, des centres et des instituts, qui en plus de leur fonction originelle en tant que pourvoyeurs de services ou créateurs de richesses, produisent et diffusent de l'information sur leurs secteurs d'activités respectifs. Malgré la densité de ce maillage institutionnel, l'espace économique et social reste inégalement couvert, ce qui a pour conséquence aussi une inégale production de l'information. Ainsi les secteurs dynamiques et ceux qui constituent une priorité pour l'Etat sont dotés des ressources humaines et matérielles qui leur permettent de produire de l'information à l'image à titre purement indicatif de l'Office National de Tourisme Tunisien, ou de l'Office National de l'Huile ou de l’Agence de Promotion des Investissements (API). Par contre d'autres secteurs à cette époque ne disposent pas des structures suffisantes et peuvent être qualifiés, pour reprendre un terme largement utilisés dans les documents officiels relatifs au développement, de zones d'ombres informationnelles.

Produite dans un but d'aide à la prise de décision aussi bien au niveau macroscopique dans le cadre de politiques nationales ou sectorielles, que microscopique au sein des institutions, cette information institutionnelle peut avoir une seconde vie, une fois reprise par les médias. Il revient donc aux médias de s'approprier une partie de cette information et de la traiter pour la rediffuser vers le grand public auquel elle n'était pas destinée de prime abord, et c'est ainsi que les médias assument leur rôle de médiateurs entre les micro-milieux des créateurs et des décideurs selon l'usage que fait de ce terme le théoricien des médias Abraham Moles, et la société.

Mais une série d'entraves peuvent s'élever devant les médias comme le culte du secret qui n'est pas uniquement une attitude de simple prudence pratiquée individuellement, dans la mesure où les lois interviennent pour le canoniser, les ressources humaines spécifiques aux médias qui ne disposent pas du nombre suffisant de journalistes pour rechercher et traiter cette information de plus en plus abondante et complexe, et les entraves d'ordre purement politiques qui excluent de la vie publique certains acteurs non officiels mais non moins représentatifs de la société réelle.

Le second travail consacré aux sources est une étude de cas sous le titre POUR UNE MEILLEURE CONNAISSANCE ENTRE DECIDEURS ECONOMIQUES ET JOURNALISTES, publiée en 1986, et traitant essentiellement des limites que rencontre la presse tunisienne dans la couverture des activités économiques et sociales. Effectifs réduits, limites intellectuelles en rapport avec la formation initiale ou avec l'organisation du travail des journalistes qui ne privilégie pas la spécialisation, politique éditoriale favorisant une conception de l'information en rapport avec la position hiérarchique des acteurs et faiblesse des ressources matérielles à mobiliser pour la collecte, sont autant d'entraves à la couverture de l'actualité économique et sociale.

Le nombre de journalistes professionnels durant la première moitié de la décennie des années 1980 couverte par notre étude, est relativement peu élevé puisqu'il est d'environ 400 personnes concentrées essentiellement à la RTT, à l'agence TAP et dans les quotidiens. Sur les 405 journalistes touchés par une enquête réalisée par le sociologue tunisien M. Ridha Boukraa (i985), 106 personnes déclarent collaborer "toujours' ou "souvent" à la rubrique économique et sociale de leur organe de presse. C'est donc sur un centaine environ de journalistes permanents que repose l'essentiel du travail de recherche, de traitement et de rédaction des informations à caractère économique et sociale de la Tunisie.

Même s'il n'est pas exigé de tout rédacteur économique et social de détenir un diplôme d'économie, nous ne pouvons pas ne pas observer la faible présence de détenteurs d'une licence de sciences économiques parmi les journalistes de niveau universitaire. Cela est d'autant plus nécessaire à souligner que la pratique de la spécialisation qui peut favoriser l'acquisition d'une formation sur le tas, est peu pratiquée.

Une conception de politique éditoriale pratiquée par la hiérarchie des responsables des médias, privilégie le suivi de tous les faits et gestes des hauts responsables de l'Etat et particulièrement ceux de rang ministériel, ce qui mobilise un nombre élevé de journalistes chargés de suivre ces acteurs majeurs de l'actualité aux dépens d'activités et de questions, qui sans être d'intérêt secondaire, ne peuvent pas avoir de visibilité médiatique, car elles ne sont pas inscrites dans l'agenda des activités ministérielles.

Les moyens logistiques de déplacement et de communication qui sont souvent soulignés comme défaillants par les journalistes chargés de réaliser la couverture de l'actualité nationale, ne sont pas une moindre entrave qui limite la capacité de la presse tunisienne à collecter l'information économique et sociale.

COMMENT LES NOUVELLES TECHNOLOGIES ONT TRANSFORME LA PRATIQUE DU JOURNALISME?

Certes les nouvelles technologies de l'information et de la communication ont donné naissance à un nouveau média puisque le réseau internet a permis le lancement  de sites informatifs qui s'ajoutent naturellement â la panoplie des moyens d'informations classiques du paysage médiatique traditionnel, mais plus encore elles ont transformé radicalement au Cœur même des medias classiques la manière de pratiquer le journalisme. C'est cette problématique qui est l'objet de notre dernier travail publié en langue arabe par la RTC en 2009 et qui tente de présenter une synthèse théorique des multiples transformations observées  par différents auteurs en rapport avec la périodicité remise en cause par la diffusion en continue, la nature des messages qui ne se limitent plus à l'écrit ou au son ou a l'audiovisuel uniquement, l'hypertextualité qui rompt avec la fixité de la page imprimée, et l'interactivité qui multiplie les opportunités d'échanges avec l'audience et donne aux récepteurs un nouveau rôle de coauteurs.

La périodicité a toujours rythmé le cycle de production médiatique, elle consiste en une parution régulière à intervalles constants. Déterminée par des contraintes technologiques dues aux capacités de production des imprimeries, aux limites des moyens de communications utilisés pour échanger les messages et aux moyens de transports utilisés pour la diffusion des journaux, la périodicité a connu de grandes évolutions avec la naissance de la presse quotidienne, puis de la radio et plus tard de la télévision et l'intervalle de diffusion des messages s'est progressivement raccourci. Avec l'extension du réseau internet et la naissance des sites d'informations électroniques cette tendance s'est encore accentuée amenant une quasi disparition de la périodicité avec la diffusion en continu des informations.

Longtemps habitués à produire des messages déterminés par la nature des médias tels que l'usage de l'écrit et de l'image fixe pour la presse écrite, du son pour la radio et du son et des images filmées pour la télévision, les professionnels ont, avec les nouvelles technologies, la possibilité dans le cadre d'un même média, de produire et de diffuser des messages qui combinent texte, image fixe, son et vidéo, appelés communément multimédia. Ce sont autant de compétences nouvelles à acquérir que de possibilités d'enrichissements des messages et des contenus médiatiques.

Les nouvelles technologies ont également introduit l'hypertexte qui met un terme à l'espace fixe et physiquement délimité de la page imprimée imposant une lecture linéaire au récepteur et ouvre grand, grâce aux liens présents dans le texte, la possibilité pour le lecteur de passer d'une page à une autre dans un ordre non linéaire aussi bien au niveau du même site ou des autres sites du réseau. Aucun producteur de contenu médiatique ne peut continuer à ignorer ces possibilités nouvelles données aux lecteurs au risque d'être désuet et de perdre son audience.

Plus que tout autre aspect, c'est le rapport classique entre des professionnels émetteurs de messages et des audiences réceptrices que les nouvelles technologies ont radicalement bouleversés en donnant à l'interactivité son plein essor. Certes les médias classiques pouvaient avoir la possibilité d'échanges limités avec leurs audiences par le biais du courrier des lecteurs ou du téléphone pour les émissions radiophoniques et télévisées, cela restait marginal. Les nouvelles technologies multiplient les opportunités offertes au lecteur/auditeur de réagir, plus encore elles lui donnent un statut de coauteur des messages produits et diffusés par l'extension des blogs et par l'association de lecteurs non pas pour obtenir leurs commentaires après la diffusion de l'article mais dans la phase de conception même des articles grâce à des forums où les journalistes discutent de leurs projets avec les lecteurs.


Chapitre 3  

LA FORMATION DES JOURNALITES

La formation des journalistes a constitué un axe important de nos préoccupations, et a fait l'objet de cinq travaux publiés respectivement dans la Revue Tunisienne de Communication  (RTC) ainsi que dans le cadre d'un ouvrage collectif:

·      LA FORMATION DES JOURNALISTES, RTC Nº 3, janvier-juin 1983, pp:29-40.

·      L'EXPERIENCE MAGHREBINE DANS LE DOMAINE DE LA FORMATION DES JOURNALISTES, RTC Nº 11, janvier-juin 1987, pp:17-29.

·      تعريف مهام الصحافي المهنية عنصر رئيسي في عملية وضع المناهج، المجلة التونسية لعلوم الاتصال، العدد 11، جانفي-جوان 1987،ص: 13-26.

·      العلاقة المحتملة بين مؤسسات تكوين الصحافيين و الوسط المهني، المجلة التونسية لعلوم الاتصال، العدد 22، جويلية-ديسمبر 1992، ص: 81-91. 

·      ECART GRANDISSANT ENTRE FORMATION ET EMPLOI EN COMMUNICATION, ETUDE DE CAS DE LA SOUS REGION DE L'AFRIQUE DU NORD: TUNISIE, in INFORMATION SOCIETIES: CRISES IN THE MAKING?, ouvrage collectif, Orbicom UNESCO, Université du Québec à Montréal, 1999, pp: 106-122.

Cet axe de recherche qui s'est étendu sur plus d'une décennie puisque le premier article sur la question a été publié en 1983 et le dernier travail a été publié en 1999, nous a permis de synthétiser un certain nombre d'éléments d'informations et de développer une réflexion sur les thèmes suivants: 

·      Les finalités de la formation

·      Les questions à dimension pédagogique

·      Les questions relatives á l'institution de formation

·      Le degré d'implication des acteurs professionnels

LES FINALITES DE LA FORMATION

Trop versés dans les questions purement pédagogiques et parfois par souci de pragmatisme, les enseignants qui sont les principaux initiateurs et animateurs du débat sur la formation des journalistes, ont tendance à éviter la question des finalités de la formation, parfois considérées comme évidentes (comme cela est le cas pour les finalités professionnelles) ou hors de portée (comme cela est le cas pour la question des besoins du marché).

Néanmoins certains auteurs ont traité de la question des finalités à caractère philosophique et social, des finalités économiques en terme de besoins en rapport avec la formation, ainsi que des finalités à caractère professionnel traitant la question du profil en rapport avec le poste de travail.

Finalités sociales

Il est évident que la littérature scientifique et philosophique a abondamment traité du rôle social des médias et plus spécifiquement de celui du journaliste, mais la prise en compte de ce travail de doctrine et les liens qui doivent exister entre ces acquis intellectuels et scientifiques et la formation, est faiblement présent lors de la conception des programmes de formation des journalistes.

Dans le contexte américain Philip M.Burgess et Paul S.Underwood, dans leur article NEW APPROCHES TO EDUCATIING THE INTERNATIONAL JOURNALIST, publié en 1970 dans la revue Journalism Quaterly (Vol 47, Nº3, 1970, pp:519) posent les trois questions suivantes: Quel est le rôle des mass médias dans une société alphabétisée et d'abondance?, Quel est le rôle des journalistes au sein des médias?, Quel devrait être son éducation et sa formation? C'est plus la démarche qui consiste à établir un lien entre réflexion doctrinaire sur le thème médias et société d'un côté, et le type de formation de l'autre, qui est novatrice, bien plus que le contenu de la réponse en soi.

Finalités économiques

Si l'affirmation de l'existence de besoins réels de cadres journalistiques a été redondante dans le discours aussi bien des promoteurs de la politique de formation que dans celui des enseignants durant les fréquents débats qui ont jalonné les différentes étapes de développement de l'IPSI, l'investigation scientifique de ces besoins supposés a toujours été défaillante. Au mieux le nombre approximatif des diplômés recrutés servait d'indicateur à posteriori de la réalité de ces besoins. Comme d'ailleurs l'allongement des listes de chômeurs parmi les jeunes diplômés pouvait alerter sur une certaine saturation du marché.

Finalités professionnelles

Si les finalités philosophiques et sociales ont été souvent absentes par souci de pragmatisme, et si les finalités économiques ont été plus affirmées que vérifiées, les finalités professionnelles axées sur la question du profil ont été relativement plus présentes dans le débat sur la formation. Nous avons modestement contribué à attirer l'attention sur la nécessité pour tout débat sur la formation des journalistes en Tunisie, de partir d'une connaissance précise du poste de travail et des tâches telles que définies par les milieux professionnels. Cette question a fait l'objet d'un article publié en 1987, dans la RTC  d'où nous extrayons le tableau suivant:

TABLEAU COMPARATIF DES POSTES DE TRAVAIL SPECIFIQUES AUX METIERS JOURNALISTIQUES.

Source: Jendoubi Mehdi: IDENTIFICATION DES ACTIVITES JOURNALISTIQUES ETAPE PREALABLE A TOUT PROGRAMME DE FORMATION DES JOURNALISTES, article publié en langue arabe dans : RTC, Nº11, janvier-juin 1987, pp:17-29.

DOCUMENT

DE FEFERENCE

METIER

DEFINITION DU POSTE

 

UNIMEDIA Nº 8

(CENTRE BELGE D'INFORMATION ET DE DOCUMENTATION).

 

REDACTEUR

JOURNALISTE ET REPORTER

 

Collecte de l'information

Rédaction de différents types d'articles: réécriture de dépêches de communiqués, reportages, enquêtes, commentaires sur les événements

Peut avoir une activité spécialisée: économie, culture...

Peut être amené à exercer certaines responsabilités dans l'organisation de la rédaction: rubrique, service.

SECRETAIRE DE REDACTION

Assume la responsabilité de la confection rédactionnelle et technique du journal.

Exerce un rôle d'intermédiaire entre le rédacteur en Chef et les journalistes.

Intermédiaire entre la rédaction et l'imprimerie.

Assure le suivi et la bonne exécution des décisions du rédacteur en Chef et de la réunion périodique de la Rédaction

 

REDACTEUR EN CHEF

Premier responsable de la rédaction

Instigateur et gardien de l'idéologie du journal, de sa tenue et de sa présentation.

Animateur de l'équipe des journalistes qui travaillent sous ses ordres.

Interlocuteur de la Direction en ce qui concerne la politique rédactionnelle.

 

CLASSIFICATION DES PROFESSIONS BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL (BIT), 1968.

JOURNALISTE

Collecte des informations et reportages de terrain : réalisation des interviews, couverture des activités publiques.

Rédaction de papiers de différents genres.

Commentaire des évènements et analyse prospective de leur portée.

Soumet sa production au secrétaire de rédaction.

Peut se spécialiser.

 

 

COMMENTATEUR RADIO TELEVISION

Collecte de l'information et commentaires dans le cadre des émissions de radio et de télévision.

Dispose des mêmes compétences que le journaliste.

Se spécialise dans la réalisation de reportages, d'entretiens et de commentaires destinés à être diffusés sur ondes.

 

SECRETAIRE DE REDACTION

Seconde le Rédacteur en Chef  dans l'organisation et la supervision de la rédaction en vue de produire les papiers nécessaires à la réalisation du journal ou de la revue.

Responsable de la relecture des papiers et de leur correction sur les plans aussi bien de la logique que de la langue.

Adapte les textes qui lui sont soumis aux contraintes de la mise en page.

Conçoit la mise en page.

Chargé de la préparation de l'ordre du jour de la réunion de la rédaction, sous l'autorité du Rédacteur en Chef.

 

REDACTEUR EN CHEF

Le Rédacteur en Chef met en pratique la politique éditoriale, assure le lien avec la Direction et veille à l'harmonie entre la Rédaction et la ligne éditoriale.

Sélectionne et corrige ou ordonne  la correction des papiers et les organise en vue de la réalisation de l'imprimé.

En charge de la répartition des activités des rédacteurs et des reporters.

Décide de la hiérarchie des événements et de l'espace accordé aux rubriques et aux articles publiés.

Ordonne à l'imprimerie les travaux nécessaires à la réalisation de l'imprimé.

En charge de la rédaction de l'éditorial.

 

CONVENTION COLLECTIVE SECTEUR DE LA PRESSE ECRITE

JORT, Nº78, 1975.

ATTACHE DE REDACTION

(Niveau: Baccalauréat)

Agent chargé du tri et de correction des dépêches.

Peut être chargé de travaux de rédaction, propose des titres.

ATTACHE DE REDACTION PRINCIPAL

(Niveau : Bac+2)

Assure les charges de l'attaché de rédaction ainsi que toute autre activité en rapport avec le fonctionnement de la rédaction.

Rédige la synthèse des évènements.

REDACTEUR

(Niveau : Bac+2+ ancienneté)

Chargé en plus des activités de l'attaché de rédaction principal, de réaliser la couverture des évènements nationaux et internationaux.

Rédige les reportages, les interviews et les commentaires.

 

 

REDACTEUR REPORTER

(Bac+4)

Collecte, sélection des informations et rédaction de papiers en vue de leur publication.

Rédige dans tous les genres : reportages, interviews, enquêtes, commentaires.

Peut  être appelé a seconder le secrétaire de rédaction.

SECRETAIRE DE REDACTION

Sélectionne les informations, décide des espaces alloués et établit le projet de maquette.

 

REDACTEUR  PRINCIPAL

En plus des activités du rédacteur reporter,  peut avoir en charge l'encadrement d'une section de la rédaction.

 

 

STATUT DU PERSONNEL DE LA RTT (1974)

 

JOURNALISTE

(Bac+2)

 

Collecte de l'information et réalisation des émissions d'informations radiophoniques et télévisées.

Activités de terrain au niveau tant local qu'international.

 

JOURNALISTE REPORTER

(bac+4)

 

 

 

Responsabilité d'encadrement des journalistes.

Activités de coordination de la rédaction permettent la réalisation des journaux et des magazines.

JOURNALISTE PRINCIPAL

(Bac+6)

Activités d'encadrement de la Rédaction.

Supervision de la réalisation des journaux et magazines radiophoniques et télévisés.

 

 

 

 

 

STATUT DU PERSONNEL

DE L'AGENCE TAP, 1974.

REDACTEUR

(Bac+2)

Non spécifié

REDACTEUR PRINCIPAL

(Bac+4)

Non spécifié

REDACTEUR CONSEILLER ADJOINT

(Bac+4+ancienneté)

Non spécifié

REDACTEUR CONSEILLER

 

Non spécifié

De la définition des postes de travail des journalistes telle que formulée par cette documentation internationale et nationale, il se dégage un consensus nettement perceptible sur les activités du journaliste-reporter qui se résument dans les activités de base suivantes:

·      Collecte de l'information et activités de terrain.

·      Analyse des faits sociaux et des événements.

·      Rédaction de différents genres journalistiques.

·      Rédaction spécialisée.

·      Mise en page.

·      Encadrement et organisation de la Rédaction.

Il revient aux concepteurs des programmes de formation et aux enseignants en charge des différents enseignements d'identifier les compétences intellectuelles et professionnelles nécessaires à la réalisation de ces activités, et de mettre au point les objectifs pédagogiques adaptés et développer les enseignements appropriés.

LES QUESTIONS A DIMENSION PEDAGOGIQUE

Observer, analyser, comprendre les faits sociaux, les relater dans le respect des normes professionnelles en prenant en compte aussi bien des spécificités du média que de l'audience, implique pour les journalistes une panoplie de compétences, de savoirs, de savoir-faire, de savoir-être et d'outils, nécessitant une formation pluridisciplinaire que les écoles et les départements en charge de la formation, ont des difficultés à traduire dans leurs cursus, ce qui légitime une grande diversité dans les expériences de formation préconisées.

Néanmoins les longues listes de matières de cours qu'affichent les institutions de formation de journalistes dans le monde ne doivent pas cacher que certains axes fondamentaux, sont actuellement objet de consensus. Philippe Burgess et Paul S.Underwood résument ce consensus, dans un article publié dans la revue JOURNALISM QUARTERLY (Vol 47, Nº3, 1970), selon les objectifs pédagogiques suivants qui structurent l'ensemble des enseignements de journalisme:

·      Développement de compétences professionnelles.

·      Acquisition et intériorisation des normes professionnelles et éthiques.

·      Développement et pratique de l'observation, de la collecte de l'information et de l'analyse.

·      Développement de la connaissance spécialisée d'un champ disciplinaire déterminé.

·      Acquisition et développement des méthodes et des techniques d'analyse des faits sociaux.

Il est de tradition dans le débat sur la formation des journalistes à l'échelle nationale de formuler de manière un peu différente ce consensus. Ainsi les axes souvent mentionnés dans les multiples rapports et compte-rendu de réunions pédagogiques sont:

Culture générale: axe essentiellement constitué de cours relatifs aux différentes branches des sciences sociales (droit, économie, science politique, sociologie...).

Langues: la maîtrise par le journaliste de sa langue maternelle, ou de la langue avec laquelle il va communiquer avec son public. De même une connaissance des langues étrangères est nécessaire pour un accès direct aux sources écrites et orales.

Techniques du journalisme: cet axe englobe tout ce qui est relatif  à la collecte de l'information, à la rédaction journalistique, à la mise en page ou mise en ondes et de manière plus générale  à tout ce qui se rapporte à la pratique du métier et au monde de la presse.

Les sciences de l'information: ensemble des notions, concepts et théories concernant les medias et la société.

Ce consensus dans sa version internationale ou locale, n'empêche pas l'émergence de divergences en ce qui concerne les proportions de ces différents axes dans un même cursus. Certaines institutions mettent l'accent sur la culture générale et vont parfois jusqu'a exiger un diplôme universitaire préalable à la formation en journalisme, d'autres privilégient la formation professionnelle dés le début du cursus qui démarre souvent juste après le baccalauréat. 

L'expérience tunisienne dans le domaine de la formation des journalistes témoigne nettement de la portée de ce débat dont nous retrouvons les marques dans les trois réformes successives précédant le lancement récent de la réforme LMD englobant l'ensemble des institutions universitaires:

·      1968-1973: les étudiants inscrits  l’IPSI doivent obligatoirement suivre une formation universitaire autonome parallèle á la formation que dispense l'IPSI, dans une autre discipline universitaire  (littérature, droit, économie...).

·      1973-1992: Les étudiants reçoivent une formation unique au sein de l'IPSI, qui intègre dés la première année aussi bien des enseignements fondamentaux et  de culture générale que des enseignements professionnels.

·      1992-2008 : Cursus privilégiant la formation fondamentale et la culture générale au premier cycle avec une réduction nette des enseignements professionnels, et inversement un deuxième cycle axé sur la formation professionnelle et une nette réduction des enseignements de culture générale.

LES QUESTIONS RELATIVES A L'INSTITUTION DE FORMATION

La comparaison des systèmes de formation de journalistes mis au point dans différents pays amène à constater la diversité des choix opérés: cela va de la création d'une section de journalisme dans une université à l'image des autres disciplines, à la création d'une structure de formation interne au sein d'un média. Ces deux modèles sont en fait des cas typiques le premier étant complètement séparé de la profession et le second complètement séparé de l'université. Une panoplie de formules intermédiaires est également observée. Voulant réaliser la synthèse de ces deux systèmes de formation crées au sein des universités, certaines institutions devenues de plus en plus nombreuses avec le temps, essayent autant que possible de s'ouvrir à la profession, comme cela sera explicité ultérieurement.

La littérature du débat sur la formation est riche des reproches adressés à chacun de ces deux modèles. On reproche aux enseignements dispensés au sein des universités, leur dimension trop théorique qui les amène à négliger le savoir faire professionnel, et les structures de formation à vocation professionnelle sont accusées de perpétuer des techniques professionnelles et une tradition journalistique, sans doter les diplômés des outils théoriques nécessaires qui peuvent leur permettre de remettre en cause cette tradition.

D'un autre côté le débat s'est focalisé sur le profil des enseignants. Certains affirment que les étudiants de journalisme doivent être formés par des journalistes et non pas par des enseignants universitaires qui ont certes les diplômes requis, mais sont dépourvus de toute expérience professionnelle et ignorent le vécu des salles de rédaction et du monde des médias. Mais l'expérience des institutions qui ont fait appel aux professionnels a montré ses propres limites dans la mesure où on s'est rendu compte que les journalistes les plus compétents dans leur milieu professionnel, ne sont pas forcément de bons formateurs quand on leur confie un enseignement de journalisme.

L'association des professionnels à la formation bute encore aux règlements universitaires et aux dispositions budgétaires. Les meilleurs professionnels ne sont pas dotés des diplômes requis par l'institution universitaire, ce qui constitue un double obstacle pour leur intégration dans le corps enseignant et pour la juste rémunération de leur contribution, et limite de surcroît les chances des institutions de formation de faire appel régulièrement aux meilleurs d'entre eux.

La qualité des formateurs dans le domaine de l'enseignement du journalisme est également liée à l'essor de la presse dans le pays concerné. Une presse qui a une grande tradition peut procurer à l'école de journalisme certains de ses meilleurs éléments, par contre une presse embryonnaire, dont les cadres de valeur sont peu nombreux, ne peut être que d'un apport limité pour l'école de journalisme.

L'observation de l'évolution du corps enseignant de l'IPSI au cours de la décennie 1980-90 permet de noter un doublement du nombre global des enseignants pleins temps et vacataires, passant de 38 enseignants en 1978 à 64 en 1991.


 

DISCIPLINE

PLEINS TEMPS

VACATAIRES

TOTAL

 

 

SCIENCES

DE L'INFORMATION

1978

1990

1978

1990

1978

1990

 

13

 

23

 

2

 

3

 

15

 

26

 

AUTRES DISCIPLINES

 

7

 

11

 

16

 

27

 

23

 

38

TOTAL

 

 

20

 

34

 

18

 

30

 

38

 

64

EVOLUTION DES EFFECTIFS D'ENSEIGNANTS PLEINS TEMPS ET VACATAIRES PAR DISCIPLINE ENTRE 1978 ET 1990.

L'IPSI PRINCIPAL ACTEUR DE LA FORMATION INITIALE DES JOURNALISTES EN TUNSIE, in LA FORMATION DES CADRES DANS LES DOMAINES DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION: LA FORMATION DE BASE DES JOURNALISTES, rapport non publié rédigé par Mehdi Jendoubi, Hizaoui Abdelkrim et Larbi Chouikha, pour le Conseil Supérieur de la Communication, septembre 1991, p:34.

La composition du personnel enseignant reflète la philosophie de la formation qui intègre enseignements spécialisés en journalisme et communication et une panoplie d'enseignements de sciences humaines et sociales. Si au niveau de l'ensemble des enseignants pleins temps et vacataires, la majorité appartient aux disciplines fondamentales, il faut noter une nette prédominance soit les deux tiers des effectifs, des enseignants de journalisme et de communication réunis dans la discipline sciences de l'information, parmi les enseignants pleins temps.

 L'IPSI qui a fonctionné au début des années 1970 avec une équipe modeste a pu se doter deux décennies plus tard d'une équipe de 23 spécialistes ayant bénéficié d'une formation doctorale de haut niveau, le plus souvent en France. Un nombre croissant dispose en plus de la formation académique, d'une expérience professionnelle, tendance encouragée par la commission nationale de recrutement en sciences de l'information qui a valorisé l'expérience professionnelle des candidats, considérée comme un des critères de sélection. Plusieurs enseignants ont également  bénéficié de stages à caractère professionnel auprès du Centre Français de formation et de perfectionnement des journalistes (CFPJ), de l'Institut National de l'Audiovisuel (INA) en France et du Centre Africain de Formation des Journalistes et Communicateurs (CAPJC) en Tunisie.

LE DEGRE D'IMPLICATION DES ACTEURS PROFESSIONNELS

Née en Europe au XVIº siècle quelques décennies après l'extension de l'imprimerie, la presse, qui a connu son grand essor au XIXº en Europe et aux Etats Unis, a à peine émergé à cette époque dans le monde Arabe pour s'étendre un peu plus entre les deux guerres durant la première moitié du XXº siècle. En décalage historique sur le secteur, les écoles de journalisme ont vu le jour à la fin du XIXº en Amérique et entre les deux guerres en Europe et pour le monde arabe a démarré timidement en Egypte en 1935 pour s'étendre dans les années 1970.

Dans l'aire Européenne et Américaine, comme dans l'aire Arabe la formation a commencé bien en retard sur la naissance et le développement du secteur de la presse. Les responsables de journaux se limitaient au recrutement d'un homme cultivé, souvent de formation littéraire qui devait au contact de ceux qui l'ont précédé, acquérir un certain savoir professionnel. Cet état de fait favorisera plus tard la culture de la formation sur le tas que beaucoup de journalistes, longtemps après la naissance des écoles de journalisme continueront à défendre.

Cet écart plus ou moins grand en fonction des pays puisqu'il est en Europe de quelques siècles et en Tunisie d'à peine un siècle si on considère le lancement  du journal Arraid comme symptomatique de la naissance d'une nouvelle activité qui en fait aura son plein essor quelques décennie plus tard; permet de comprendre les difficultés que rencontrent les écoles naissantes de journalisme, à se faire accepter comme partenaire légitime dont le rôle naturel est d'assurer la formation des journalistes. Dans tous les pays bien du chemin a été effectué pour passer de l'indifférence, de l'incompréhension et parfois de l'hostilité au dialogue, à la reconnaissance et même au partenariat formule avancée dans l'organisation des rapports entre les institutions de formation et les milieux professionnels.

QUELS ACTEURS?

Si les établissements de formation, sont l'espace naturel où se déroule la formation des journalistes, et si les enseignants ont souvent pris l'initiative d'ouvrir les débats sur les objectifs de cette formation, son contenu et ses moyens, ils ne sont pas les seuls acteurs concernés par la question. Le milieu professionnel qui est l'espace naturel vers lequel vont s'adresser les diplômés pour trouver de l'emploi, est tout autant concerné que responsable de la formation. La réflexion sur la formation ne peut être un monopole de droit ou de fait, d'aucune partie et les différents acteurs doivent être impliqués dans le processus de réflexion: autorités universitaires, enseignants, ministère de l'information et de la communication, Association et syndicat des journalistes, Association des Directeurs des Etablissements Journalistiques Tunisiens (ADEJT) représentant les employeurs, association des anciens diplômés, rédacteurs en chefs.

De fait cela n'a pas toujours été le cas dans beaucoup de pays, et particulièrement pour les écoles et les établissements de formation naissants en Afrique et dans le monde Arabe. Les différences entre la culture académique et la culture professionnelle et le niveau d'organisation de la profession souvent dépourvue de représentants institutionnels ou disposant de représentants aux activités réduites, peuvent exclure ou réduire la contribution d'une de ces parties au débat sur la formation des journalistes, ce qui ne peut que renforcer la méfiance, l'indifférence et l'isolationnisme.

A la lumière de nos entretiens avec des responsables de médias tunsiens effectués dans le cadre d'une enquête internationale comparée publiée dans un ouvrage collectif par l'Université du Québec à Montréal en 1999, les responsables des médias publics (ERTT/TAP), déclarent qu'il existe des rapports de coopération permanents entre leurs propres médias et l'IPSI. Ils offrent des opportunités de stages aux étudiants de l'IPSI. Ils  considèrent néanmoins que ces rapports gagneraient à évoluer. D'autres responsables de médias privés considèrent, au contraire, que le monde de l'emploi et celui de la formation sont radicalement séparés et considèrent la représentation de la profession au conseil scientifique de l'IPSI où siègent le président de l'Association des Directeurs des Etablissements Journalistiques Tunisiens (ADEJT) et le président de l'Association des Journalistes tunisiens (AJT), comme purement formelle. Ils se déclarent sans aucune influence sur les orientations pédagogiques. La quasi-totalité des interviewés se déclarent favorables  à la mise au point de contrats de partenariat dont il faut imaginer le contenu et qui permettrait de donner aux rapports avec l'IPSI un cadre institutionnel, de nature à faciliter toute action de coopération.

EVALUATION DES DIPLOMES

Employeurs et journalistes, ont des perceptions différentes quand on leur pose la question relative à l'évaluation des diplômés. Les employeurs sont globalement critiques et affirment nettement leur insatisfaction de la qualité  des diplômés que l'IPSI  met sur le marché de l'emploi. Il y a cependant une nette différence de ton entre une attitude moins tranchée et plus nuancée exprimée par les responsables qui dirigent les médias du secteur public (ERTT-TAP), qui sont de gros employeurs de journalistes et dont les rédactions sont majoritairement constituées de diplômés de l'IPSI, et une attitude des responsables des médias du secteur privé, où les journalistes diplômés sont relativement moins présents, fortement critique et très insatisfaite qui appelle à des mesures d'urgence pour une nette amélioration du niveau des diplômés et qui considère que "la qualité des diplômés" actuellement formés par l'IPSI "n'encourage pas à adopter une politique de recrutement plus dynamique".

Cette remarque est à nuancer car DAR AL ANOUAR, l'entreprise de presse privée qui a connu les quinze dernières années le plus grand essor du secteur privé et qui édite le quotidien qui a le plus grand tirage actuellement en Tunisie et deux hebdomadaires, emploie en grande majorité des diplômés  de l'IPSI.

Les reproches les plus communément formulés par l'ensemble des responsables des médias, à l'égard des diplômés sont :

·      Une "culture générale" défaillante et une connaissance limitée des questions nationales et internationales.

·      Difficultés de maîtrise aussi bien de la langue arabe que du français avec une acuité plus grande pour le français.

·      Sur le  plan purement professionnel, une méconnaissance du terrain et particulièrement la recherche de l'information ainsi qu'une faible motivation.

Ces positions peuvent être nuancées par d'autres responsables qui :

·      Reconnaissent la performance de certains diplômés de l'IPSI. S'agit-il d'un facteur personnel de niveau intellectuel de départ qui permet au diplômé de mieux tirer profit de la formation reçue, ou d'un facteur moral de grande motivation qui favorise un apprentissage sur le tas qui complète la formation initiale ?

·      Affirment rencontrer les mêmes difficultés avec les diplômés des autres institutions universitaires quand ils affirment la nécessité pour eux de recourir pour le recrutement de rédacteurs, à des diplômés d'autres disciplines universitaires (lettres, droit, économie), auxquelles s'ajoutent la nécessité de doter ces diplômés de rudiments de journalisme.

·      Proposent de hausser le niveau des candidats aux études de journalisme et de mettre au point un mécanisme d'orientation qui permet d'attirer des candidats de haut niveau intellectuel et rédactionnel et de forte motivation. Faut-il instituer un concours d’accès en plus du bac, exiger une moyenne plus forte obtenue au baccalauréat, instituer un test ou un entretien avant l'orientation définitive vers l'IPSI ou exiger un diplôme universitaire de premier cycle comme pré requis aux études de journalisme. Les propositions ne manquent pas et elles convergent vers une plus grande sélection pour faire du journalisme "une filière d'excellence".

Par contre les journalistes interviewés sont globalement satisfaits de la formation reçue à l'IPSI, et considèrent qu'elle constitue une plate-forme correcte de départ dans le monde de la production journalistique. Ils sont tout particulièrement fiers des techniques journalistiques qui font défaut aux journalistes non issus des écoles de journalisme. Leur formation leur procure confiance en eux-mêmes et facilite leur intégration dans le processus de production (ils sont jugés "selon la qualité de leur production"). L’exercice de la profession leur a permis de découvrir l’intérêt d'enseignements dont ils ne percevaient pas, étant étudiants, "l’intérêt" (certains enseignements de culture générale, traduction). Ils mentionnent néanmoins les lacunes suivantes :

·      Durée limitée des enseignements à dimension pratique qui les mettent en situation de production (ils apprécient les quelques sorties sur terrain débouchant sur la production d'un journal école après une visite de deux jours à une région de l'intérieur du pays).

·      Pédagogie traditionnelle peu motivante

·      Equipements limités, vu le nombre d'étudiants (TV-radio) ou sous utilisés (laboratoire de langue, parc informatique).

·      Faible présence des enseignements de journalisme au premier cycle depuis la réforme de 1992 qui réserve le premier cycle aux enseignements de culture générale et le deuxième cycle à la spécialisation.

·      Le stage suivi en cours de formation est considéré comme trop court et d'un apport faible vu les conditions dans lesquelles il se déroule. Ils proposent d'en allonger la durée et d'en améliorer le suivi.

ENJEUX D'AVENIR

Toute formation est une projection vers l'avenir et les établissements de formation peuvent tirer un réel profit de tout élément d'information sur les besoins à moyen et long terme des médias en termes quantitatifs ou qualitatifs. Toute réforme des programmes doit tenir compte des besoins futurs du marché de l'emploi. L'analyse des entretiens des sept responsables médiatiques que nous avons interrogés sur la politique de développement envisagée par les médias, permet de penser qu'ils font face à une double exigence. Ils affrontent les bouleversements qu’entraîne l'informatisation et les opportunités qu'offrent les nouvelles technologies de l'information tout en consacrant l'essentiel de leur énergie à améliorer et à promouvoir les tâches traditionnelles qui sont loin d'avoir atteint un niveau satisfaisant, vu les retards accumulés. Les actions de développement envisagées sont :

·      Promotion de la qualité rédactionnelle, qui reste un souci majeur avec une orientation vers le développement de l'information spécialisée.

·      Développement de la documentation au sein des médias, largement défaillante de l'aveu de l'ensemble des responsables.

·      Développement du photojournalisme resté le parent pauvre de la presse tunisienne malgré l'essor qu'il connaît dans le monde, et de l'archivage photographique défaillant un  peu partout sauf à la TAP qui possède la collection de photos d'actualité la plus riche à l'échelle nationale.

·      Développement du management médiatique et en particulier la messagerie de presse et la gestion de la publicité.

·      Poursuivre l'informatisation des médias.

·      Développement de produits multimédias et de sites d'actualités en ligne.

Les réponses de l'ensemble des interlocuteurs convergent quand on leur pose la question sur l'avenir du métier de journaliste et les compétences qui seront nécessaires pour l'exercer. Ils sont d'accord pour dire que les compétences traditionnelles constituées pour l'essentiel d'une formation intellectuelle, d'une maîtrise  de l'expression écrite et d'une formation professionnelle spécifique au métier de journaliste, constituent une plate-forme qui sera toujours valable pour les prochaines années. Les compétences en relation avec l'extension des nouvelles technologies de l'information, qui commencent à transformer les conditions d'exercice du métier, sont un ajout inévitable à cette plate-forme.


 

Chapitre 4  

OUVRAGES PUBLIES

Nous présentons trois ouvrages de journalisme, le premier publié en 1984 par l'IPSI et consacré au journalisme d'agence, le second publié au Bahreïn et rédigé en collaboration avec un collègue égyptien, et consacré à la rédaction de la nouvelle: et le troisième publié par le département de communication de la faculté des lettres de l’université du Bahreïn.   

·      JOURNALISME D'AGENCE JOURNALISME DE BASE, édition IPSI Université de Tunis, 1984, 110p.

·       دليل كتابة الأخبار، كتاب مشترك مع د. عوض هاشم، الناشر:وزارة الإعلام البحرين، المنامة، 2010، 214ص.  

·      التحرير الصحفي، الناشر: كلية الآداب، جامعة البحرين، 2010، 130.

JOURNALISME D'AGENCE JOURNALISME DE BASE, édition IPSI Universite de Tunis, 1984, 110p.

Manuel de journalisme d'agence édité par l'IPSI et le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique, réalisé en 1984 dans le cadre d'un cours de journalisme d'agence que j'ai animé plusieurs années de suite et comprenant six chapitres intitulés respectivement:

Chapitre 1 : l'agence un média peu connu du grand public

Chapitre 2: la couverture des évènements.

Chapitre 3:  l'agencier

Chapitre 4: les sources d'informations.

Chapitre 5: la dépêche

Chapitre 6: conseils rédactionnels de base.


GUIDE DE REDACTION DE LA NOUVELLE ( publié en association avec un second auteur M. Awadh Hachem).

دليل كتابة الخبر، كتاب مشترك مع د.عوض هاشم، الناشر:وزارة الإعلام البحرين، المنامة،2010، 214ص.

Manuel de journalisme en arabe, traitant de la recherche de l'information et de la rédaction des nouvelles de presse écrite et de radio-télévision, publié en collaboration avec un collègue égyptien spécialisé en radio-télévision. J'ai redigé sept des treize chapitres que compte l'ouvrage:

 

Chapitre 1: les nouvelles : définition et critères de sélection.

Chapitre 3: Le travail du journaliste au desk et sur le terrain.

Chapitre 5: Nouvelles pratiques journalistiques introduites par les technologies de l'information et de la communication.

Chapitre 6: Questions de référence pour rédiger une nouvelle.

Chapitre 7: Structure de la nouvelle.

Chapitre 8: le style journalistique.

LA REDACTION JOURNALISTIQUE

التحرير الصحفي، الناشر: كلية الآداب، جامعة البحرين، 2010، 130 ص.

Manuel de journalisme qui présente les différents genres journalistiques comprenant les chapitres suivants:

Chapitre 1: Conseils rédactionnels de base.

Chapitre 2: l'interview.

Chapitre 3: Le compte rendu d'information.

Chapitre 4: Le reportage          

Chapitre 5: l'article magazine ("feature")       

Chapitre 6: Le portrait.

Chapitre 7: l'enquête.

Chapitre 8: les articles d'opinion.

Chapitre 9: La rédaction des titres


CONCLUSION

Le métier de journaliste appréhendé au niveau de la description des caractéristiques socioprofessionnelles de la population des journalistes en Tunisie, ou des pratiques professionnelles (traitement de l'information et sources), ou celui de la formation universitaire comme nouveau moyen d'accès a ce métier, a constitué notre principal champ de réflexion et de recherches depuis notre entrée à l'IPSI en 1980, et a été l'objet de onze études publiées essentiellement par la Revue Tunisienne de Communication RTC, et dans le cadre de notre participation à deux ouvrages collectifs.

Sur un autre plan nous avons procédé à la publication de trois ouvrages : un manuel de journalisme d'agence publié par l'IPSI en 1984, un livre publié en 2010 en collaboration avec un autre auteur, consacré à la rédaction de la nouvelle, et un manuel (2010),traitant de l’ensemble des genres journalistiques.

Le contenu de ces travaux, qui constituent notre modeste contribution à la littérature scientifique et pédagogique tunisienne dans le domaine des sciences de l'information, a été suffisamment abordé dans cette note de synthèse et nous réserverons la conclusion à une tentative d'auto-évaluation et à l'évocation de quelques perspectives d'avenir qui sont de nature à structurer nos futurs travaux.

S'il est convenu de distinguer les niveaux des travaux de recherches en trois catégories: description, classification et explication nous pouvons dire que nos études appartiennent à la première catégorie dans la mesure où leur objectif principal consiste a identifier et à présenter l'objet d'étude et peuvent parfois rentrer dans la seconde catégorie en proposant une typologie des phénomènes étudiés, l'approche explicative est par contre absente.

Les approches méthodologiques privilégiées dans nos travaux se limitent aux méthodes documentaires, qui sont celles que nous maîtrisons avec relativement une plus grande aisance, mais une grande variété d’autres approches non moins productives offertes par les sciences sociales restent à notre niveau d’un type de connaissance livresque dans la mesure où elles n’ont pas été réinvesties dans nos travaux.

Nous avons tendance à expliquer ces limites par notre formation littéraire initiale où la pratique des textes et des idées est plus fréquente que la pratique des faits sociaux. Passer de la logique des sciences humaines où sont généralement classées les études littéraires, a celle des sciences sociales où les sciences de l’information et de la communication tentent de trouver leur place parmi des disciplines plus classiques, n’est pas en effet un exercice aisé.

L'apport le plus précieux de cette démarche rétrospective est de pouvoir envisager l'avenir à la lumière des acquis, des limites et des erreurs du passé. Quelles sont en effet les questions et les actions qui pourront encadrer notre démarche scientifique et pédagogique pour les prochaines années?

Nous pensons qu'il est urgent en plus de ces bilans individuels que chacun de nous peut engager à un moment de sa propre carrière, de nous lancer collectivement dans un bilan général de l'expérience tunisienne dans le domaine des études des phénomènes de l'information et de la communication qui pourrait s'effectuer lors d'un séminaire ou à l'occasion d'un numéro spécial de la revue RTC. La littérature tunisienne émergente dans ce domaine devrait être questionnée sous différents aspects:

·      Quels sont les thèmes, les problématiques, les méthodologies qui ont été privilégiés et ceux peu abordés ou négligés?

·      Quels sont les rapports entre la littérature nationale sur les médias et le patrimoine théorique de la littérature scientifique internationale?

·      Née essentiellement dans un cadre universitaire (thèses, colloques, séminaires et RTC), comment mieux s'ouvrir sur les besoins des acteurs professionnels en matière d'études et d'analyses sur les médias aussi bien dans un souci de diversification des sources de financement de la recherche, que pour mieux ancrer la recherche scientifique dans son environnement institutionnel et humain naturel?

·      Comment mieux tirer profit de l'apport de chercheurs qui sans appartenir formellement aux sciences de l'information, contribuent largement au développement des connaissances sur l'information et les médias à partir de leur propre discipline dans les domaines aussi diversifiés que la littérature, la linguistique, la philosophie, l'histoire, les sciences juridiques, la science politique, la sociologie, la psycho-sociologie et bien d'autres disciplines, et dont la production scientifique est  diffusée dans plusieurs revues et ouvrages, peu cités dans la production scientifique des enseignants chercheurs de l'IPSI?

 

 

TRAVAUX SCIENTIFIQUES ET PEDAGOGIQUES PUBLIES
REALISES PAR MEHDI JENDOUBI,  1980-2010

CLASSES PAR ORDRE THEMATIQUE

 

I. ETUDES PUBLIEES

I.1 CONNAISSANCE DE LA POPULATION DES JOURNALISTES. 

I.1.1 LES JOURNALISTES TUNSIENS: CARACTERISTIQUES SOCIO-PROFESSIONNELLES, in L'INFORMATION AU MAGHREB, ouvrage collectif, Cérès Productions, collection Enjeux, 1992, Tunis, pp: 51-61.

1.2 OBSERVATION ET ANALYSE DES PRATIQUES PROFESSIONNELLES

I.2.1 LA FONCTION DU DISCOURS CRITIQUE DANS LES QUOTIDIENS TUNISIENS, RTC, Nº1, Janvier/Juin1982, pp:67-72.

I.2.2 LES SOURCES D'INFORMATION DU JOURNALISTE, RTC Nº2, juillet-décembre 1982, pp: 89-101.

I.2.3 POUR UNE MEILLEURE CONNAISSANCE ENTRE DECIDEURS ECONOMIQUES ET JOURNALISTES, RTC Nº10, juillet-décembre 1986, pp: 83-89.

I.2.4   .من الحدث الاجتماعي إلى الحدث الصحفي، الإذاعات العربية، عدد 1، 2001، ص:29-35

I.2.5   كيف غيّر الإعلام الجديد أساليب العمل الصحفي، المجلة التونسية لعلوم الاتصال،عدد 51-52، 2010 ، ص: 61-72.

I.3 LA FORMATION DES JOURNALITES

I.3.1 LA FORMATION DES JOURNALISTES, RTC Nº 3, janvier-juin 1983, pp:29-40.

I.3.2 L'EXPERIENCE MAGHREBINE DANS LE DOMAINE DE LA FORMATION DES JOURNALISTES, RTC Nº 11, janvier-juin 1987, pp:17-29.

I.3.3  تعريف مهام الصحافي المهنية عنصر رئيسي في عملية وضع المناهج، المجلة التونسية لعلوم الاتصال، العدد 11، جانفي-جوان 1987،ص: 13-26.

 I.3.4العلاقة المحتملة بين مؤسسات تكوين الصحافيين و الوسط المهني، المجلة التونسية لعلوم الاتصال، العدد 22، جويلية-ديسمبر 1992، ص:81-91.

1.3.5 ECART GRANDISSANT ENTRE FORMATION ET EMPLOI EN COMMUNICATION, ETUDE DE CAS DE LA SOUS REGION DE L'AFRIQUE DU NORD: TUNISIE, in INFORMATION SOCIETIES: CRISES IN THE MAKING?, ouvrage collectif, Orbicom UNESCO, Université du Québec à Montréal, 1999, pp: 106-122.

II. OUVRAGES  PUBLIES

II.1. JOURNALISME D'AGENCE JOURNALISME DE BASE, édition IPSI Université de Tunis, 1984, 110p.

II.2

دليل كتابة الأخبار، كتاب مشترك مع د. عوض هاشم، الناشر:وزارة الإعلام البحرين، المنامة، 2010.

II.3

التحرير الصحفي، الناشر: كلية الآداب، جامعة البحرين، 2010، 130.


 

  


 Dernier cours de Mehdi Jendoubi Ipsi,Mai 2013.