Commentaire de Mehdi Jendoubi posté en réaction à un article de M.Aziz Krichen au premier tour des élections présidentielles de Novembre 2014, dans le site leaders, sous le titre : Tunisiens gardez confiance paru le 20-11- 2014.
"Un réel plaisir de lire M.Krichen qui redonne à
l’analyse politique, encore trop souvent confondue dans notre pays avec
l’expression publique des désirs des auteurs, sa profondeur et son utilité pour
clarifier les enjeux et aider à avancer.
Pourquoi l’élite des démocrates, riche de son expérience
militante depuis plusieurs décennies, peine-elle à émerger dans un contexte
démocratique qu’elle a contribué à promouvoir, au prix de réels sacrifices ?
Son expérience politique a été longuement acquise dans
un duel qui l’a successivement opposé à Bourguiba et à Ben Ali et au mieux au
PSD puis au RCD. Le peuple au nom duquel ils s’insurgeaient était presque
absent de leur équation. Ils ont appris à indisposer les princes et une fois
mis par la révolution dans ce face à face historique avec leur peuple, ils se
sont trouvés désarmés.
Sauront-ils tirer les bonnes leçons de cet échec ou
verseront-ils dans cette dérive rassurante et intellectuellement paresseuse,
qui les amène à expliquer leur mésaventure par le «retour de l’ancien régime"?
D’un autre côté beaucoup de démocrates, formés par
leur lutte difficile dans un contexte de pouvoir personnel et d’autoritarisme,
dans leur refus du PSD-RCD ont confondu entre les leaders de ce parti, son
appareil et sa base sociale. Voyant les dérives des leaders et la déliquescence
de l’appareil, ils ont vite conclu à la mort clinique du parti au pouvoir avec
la décision judiciaire de 2011.
Certes l’appareil PSD-RCD a disparu, mais la base
sociale qui est un phénomène historique et social et qui dépasse largement les
militants de ce parti, né en 1920 et principal animateur de la lutte nationale
et refondateur de l’Etat après l’indépendance, n’a pas disparu. Ce sont des
citoyens qui appartiennent à toutes les catégories sociales, qui se sont
réjouis de la révolution même s’ils n’y ont pas pris part directement.
Nous avons besoin d’affiner nos instruments d’analyse
du comportement politique des tunisiens. Il y à encore beaucoup à apprendre et
en premier lieu dissocier l’analyse du discours de propagande, inévitable dans
la lutte mais trop rassurant, et trompeur. jendoubimehdi@yahoo.fr
Article Initial et commentaire:
Tunisiens gardez confiace par Aziz Krichen