Commentaire de Jendoubi Mehdi
Kapitalis 11 Janvier
2018
Le vocabulaire
amer de M.Amor Cherni et son choix partisan, ne doivent pas nous cacher l’essentiel :
sa colère est justifiée et largement partagée. J’ai voté pour Nidaa Tounes aux législatives
et pour Monsieur Essebsi pour les présidentielles et je pense que son choix d’une
coalition avec Ennahdha est une nécessité dictée par le fonctionnement des
institutions issues de la constitution de 2014 et un facteur de stabilité, et
je soutiens aussi son initiative de réconciliation.
Mais la dérive présidentielle
a commencé tôt, quand il est entré en contradiction avec sa propre
devise : «la patrie avant le parti» et n’a pas saisi la portée des
multiples critiques formulées dés 2014 contre l’ascension politique de son
propre fils, ramenant au souvenir des tunisiens d’anciennes pratiques où les affaires de famille, l’emportaient sur l’intérêt général. C’était le
premier «sacrifice» symbolique à offrir à un peuple en attente d’un leader pour qui seul l’intérêt
général doit primer. Cela aurait renforcé sa légitimité institutionnelle par
une légitimité symbolique, à ne pas négliger en
temps de crise.
Il est facile de
demander au petit peuple des sacrifices, mais il faut commencer par soi-même
pour donner l’exemple et être écouté par les plus lésés. Les riches et les
moins riches ne payent pas leurs impôts, les dirigeants ne sacrifient pas un
iota à leur train de vie, les corporations de
médecins, d’avocats et bien d’autres font de la résistance à toute réforme fiscale et même la catégorie supérieure
de fonctionnaires dont je fais partie est rebelle à tout sacrifice.la stabilité a un prix que nul n’est disposé à payer.
Les nombreuses réformes
institutionnelles engagées depuis 7 ans sont nécessaires mais insuffisantes.
Les élites dirigeantes successives issues du fonctionnement des institutions
depuis 2011 n’ont ni convaincu les esprits, ni ravi les cœurs. Entre
gouvernants légitimes issus de différentes tendances politiques et gouvernés se
dresse rapidement un fossé d’incompréhension et de déception. Pourquoi?
Ecoutez la colère
de notre philosophe Si Amor Cherni, donnez la parole aux sociologues, aux hommes
de lettres aux historiens et aux artistes pour enrichir la réflexion publique
presque monopolisée par les juristes, les politologues, les militants et les
journalistes commentateurs.
Note: Commentaire
publié en réaction à un article de M.Amor Cherni paru sous le titre: La révolution
gronde-t-elle- à nouveau en Tunisie, dans le site kapitalis le 11 janvier 2018.
Le titre a été ajouté après publication dans ce blog.
Source :
http://kapitalis.com/tunisie/2018/01/11/revolution-gronde-t-a-nouveau-tunisie/