Kapitalis 11 janvier 2016
Mehdi jendoubi
Universitaire.
Monsieur le président, vous avez eu une faiblesse humaine, et je vous comprends. Un homme d’Etat est aussi un papa et je n’aurai pas mieux fait. Le fils du président est désormais l’homme clé, de Nida, premier parti de Tunisie.
Mais puisque la politique ne se réduit pas aux bons sentiments, quel sens peut avoir
ce message fort envoyé aux tunisiens aprés une année au pouvoir ? J’en vois trois, tous aussi inquiétants les uns que les autres.
La filiation est naturellement
biologique mais en politique comme en littérature la filiation est intellectuelle, morale et
culturelle. Les nombreux militants qui ont entouré le fondateur de Nida et qui ont contribué à la formalisation du projet et qui lui ont donné toute sa crédibilité par leur crédit politique, leur compétence et leur force de convaincre sont tous les
vrais fils spirituels du président fondateur y compris les plus rebelles réunis au palais des congrés ce week-end.
Opter pour la filiation
spirituelle aurait été un pari sur l’intelligence et aurait affirmé une valeur de modernité à l’adresse des jeunes et aurait calmé les esprtis les plus rebelles. Cela n’a pas été fait. Premier message à déduire: mes compagnons de route, vous avez les limites
de vos gènes. Quelle amertume silencieuse porteront au fond du Coeur les
compagnons, même les plus fidèles.
Deuxième message plus grave
encore. Les co-fondateurs de Nida sont bardés de toutes formes de legitimités: Ils ont de hauts diplômes et sont auteurs de
livres d’économie de droit ou de littérature, ils ont dirigé des ministeres ou de grandes entreprises ou ont fait de la prison sous Bourguiba et Ben Ali
parcequ’ils ont exercé leur droit de citoyens, ils ont par leur militantisme animé l’espace public tunisien depuis trois décennies dans les moments les plus difficiles. Mais
en Tunisie après la revolution de 2010 ces formes de legitimités sont insuffisantes. Ces braves compagnons venant
du destour, de la gauche du syndicalisme ou des droits de l‘homme ont le défaut de leur naissance. Bonne nouvelle aux fils de “bonnes
familles” mais bien triste pour tous les autres.
Mais le pire de tous les messages
vous le verrez immédiatement repercuté à travers toute la République. Ministres, gouverneurs, pdg, directeurs, et
tous ceux qui auront une parcelle de pouvoir, qui pourra vous reprocher de favoriser un proche? La leçon
sera vite dupliquée. L’exemple vient d’en haut.
Mais La Tunise n’est pas et ne
sera pas le Liban. le titre de “zaim” ne s’hérite pas. Il se mérite, et il faut se lever très tôt pour faire de la
politique. Se faire proclamer par des militants dans une salle d’hôtel est une
chose, mais se faire elire par les
citoyens votants en est une autre.
J’ai failli oublier: le projet de
societé moderne,
redonner de l’espoir aux jeunes qui se jettent par milliers en méditerranée ou dans les bras du terrorisme, et les 100 salles de
spectacles et la participation citoyenne aux elections municipales et régionales, c’est pour quand? Une année de pouvoir c’est 20 pour cent du mandat, et pour
100 salles promises sur cinq ans il devrait y en avoir 20 d’ouvertes dejà …mais
cela c’est le programme de Nida. Je n’y ai pas lu: placer mon fils aux
commandes.
La “patrie avant le parti”, j‘y
ai cru naivement…mais désormais le refrain le plus approprié ne serait-il pas: mon fils avant mes compagnons de
lutte?
Source :
Béji Caïd Essebsi: «Mon fils avant mes
compagnons de lutte»? - Kapitalis
رسالة من ناخب ساذج الى زعماء ندائيين أفذاذ.
Quand le président Saied écorche l’alchimie des valeurs qu’il incarne.