RAPPORTS
FORMATION/EMPLOI DANS LE SECTEUR DU JOURNALISME EN TUNISIE
Mehdi Jendoubi, maître
assistant IPSI, Université de Tunis 1.
Source : ECART GRANDISSANT ENTRE FORMATION ET EMPLOI EN
COMMUNICATION, ETUDE DE CAS DE
SYNTHESE
DES ENTRETIENS AVEC LES EMPLOYEURS DE JOURNALISTES,
PDG DE GROUPES DE PRESSE ET DIRECTEURS
DE MEDIAS
Les entretiens se sont déroulés du 24
octobre au 18 novembre et ont concerné sept premiers responsables de groupes de
presse ou de médias appartenant aussi bien au secteur public que privé et au
monde de la presse écrite qu'a celui de l’audiovisuel.
Y figurent également des
responsables de médias dont la rédaction est réduite (REALITES et AL BAYAN) et
d'autres dont les rédactions sont
relativement étoffées (ERTT et TAP).
L’Etablissement de la Radio
Télévision Tunisienne (ERTT), représenté par les directeurs de la Radio
Nationale et la directrice de Radio jeunes, et l'Agence Tunis Afrique Presse
(TAP), sont avec l'entreprise privée DAR Al ANOUAR, de gros employeurs de
diplômés de journalisme.
La note de synthèse suivante
sera structurée autour des points suivants :
1)
Rapports IPSI/Médias
2)
Situation actuelle des stages
3)
Contribution des professionnels à la formation.
4)
Evaluation des diplômés
5)
Formule du cursus de formation des journalistes
6)
Recrutement et intégration des nouveaux diplômés.
7)
politique de développement envisagée par les médias.
8)
Compétences à valoriser pour l'avenir
1)
Rapports IPSI/Médias
Les responsables des médias
publics (ERTT/TAP), déclarent qu'il existe des rapports de coopération
permanents entre leurs propres médias et l'IPSI. Ils offrent des opportunités
de stages aux étudiants de l'IPSI. Ils
considèrent néanmoins que ces rapports gagneraient à évoluer dans le
sens d'une plus grande collaboration et souhaitent une intensification des
contacts personnels avec le corps enseignant.
D'autres responsables de
médias privés considèrent que le monde de l'emploi et celui de la formation
sont radicalement séparés et considèrent la représentation de la profession au
conseil scientifique de l'IPSI où siègent le président de l'Association des
Directeurs des Etablissements Journalistiques Tunisiens (ADEJT) et le président
de l'Association des Journalistes tunisiens (AJT), comme purement formelle. Ils
se déclarent sans aucune influence sur les orientations pédagogiques.
La quasi-totalité des
interviewés se déclarent favorables à la
mise au point de contrats de partenariat dont il faut imaginer le contenu et
qui permettrait de donner aux rapports avec l'IPSI un cadre institutionnel, de
nature à faciliter toute action de coopération.
D'autres propositions
concernent l'institution d'une réunion périodique IPSI/Médias qui serait un
espace de concertation, de conception et de suivi des projets de coopération.
Une autre proposition
concerne l'organisation d'une journée de réflexion sur la formation.
2)
Situation actuelle des stages
Pour plusieurs médias les stages qu'ils offrent aux
étudiants de l'IPSI sont pratiquement le seul contact qu'ils ont avec cette
institution. Ils jugent peu fructueux le stage tel qu'il se déroule
actuellement. Le délai très court et la faible motivation des étudiants dont
certains ont tendance à "prendre le stage à la légère, réduisent l'apport
que peut avoir le stage pour les étudiants.
Plusieurs responsables
interviewés proposent d'allonger la durée du stage, d'en améliorer le suivi et
de le programmer pour l'été, ce qui présente l'avantage d'offrir plus d'opportunités aux étudiants
stagiaires de s'intégrer dans les services
qui peuvent avoir besoin de leur apport, vu le départ en vacances d'une
partie de la rédaction.
Différents médias commencent
à se doter d'un service responsable de la formation continue et certains
envisagent tout naturellement de confier au responsable de ce service la
gestion des stages des étudiants de l'IPSI.
Un responsable avance même
l'idée de la formation par alternance en dernière année de formation à l'IPSI.
3)Contribution
des professionnels à la formation
L'ensemble des directeurs
pense que les ressources des journalistes professionnels sont insuffisamment
mises à contribution par l'IPSI, à qui il revient d'identifier les
professionnels qui peuvent contribuer à la formation et d'établir avec eux des
contacts directs. Ils se déclarent prêts à encourager de telles expériences qui
pourraient également faire partie des contrats de partenariats.
4)
Evaluation des diplômés
Les employeurs sont
globalement critiques et affirment nettement leur insatisfaction de la
qualité des diplômés que l'IPSI met sur le marché de l'emploi. Il y a
cependant une nette différence de ton entre une attitude moins tranchée et plus
nuancée exprimée par les responsables qui dirigent les médias de l’état
(ERTT-TAP), qui sont de gros employeurs de journalistes et dont les rédactions
sont majoritairement constituées de diplômés de l'IPSI, et une attitude
fortement critique et très insatisfaite qui appelle à des mesures d'urgence
pour une nette amélioration du niveau de diplômés et qui considèrent que
"la qualité des diplômés" actuellement formés par l'IPSI
"n'encourage pas à adopter une politique de recrutement plus
dynamique". Cette tendance se retrouve, sans que cela soit systématique,
plutôt du côté des médias privés où les journalistes diplômés sont relativement
moins présents.
Cette remarque est à prendre
avec prudence. DAR AL ANOUAR, l'entreprise de presse privée qui a connu
les quinze dernières années le plus
grand essor du secteur privé et qui édite le quotidien qui a le plus grand
tirage actuellement en Tunisie et deux hebdomadaires, emploie en grande
majorité des diplômés de l'IPSI.
Les reproches les plus
communément formulés par l'ensemble des responsables des médias, à l'égard des
diplômés sont :
- le faible niveau de
"culture générale" et le peu connaissance des questions nationales et
internationales.
- le niveau rédactionnel
dans les deux langues fréquemment utilisées en Tunisie, l'Arabe langue
nationale et le Français langue étrangère largement utilisée par les médias. Le
problème se pose avec plus d'acuité pour le français.
- méconnaissance du travail
de terrain et maîtrise insuffisante de la recherche de l'information.
- faible motivation pour la
profession
Ces positions peuvent être
nuancées par les responsables eux-mêmes qui :
- Reconnaissent que certains
diplômés en journalisme formés par l'IPSI, sont réellement performants.
S'agit-il d'un facteur personnel de niveau intellectuel de départ qui permet au
diplômé de mieux tirer profit de la formation reçue, ou d'un facteur moral de
grande motivation qui favorise un apprentissage sur le tas qui complète la
formation initiale ?
- Se disent conscients que
leurs remarques peuvent être également valables pour des diplômés d'autres
institutions universitaires. Même quand ils affirment la nécessité pour eux de
recourir pour le recrutement de rédacteurs à des diplômés d'autres disciplines
universitaires (lettres, droit, économie), ils reconnaissent rencontrer
également des difficultés semblables auxquelles s'ajoutent la nécessité de
doter ces diplômés de rudiments de journalisme.
- Proposent de hausser le
niveau des candidats aux études de journalisme et de mettre au point un
mécanisme d'orientation qui permet d'obtenir des candidats de haut niveau
intellectuel et rédactionnel et de forte motivation. Faut-il instituer un
concours d’accès en plus du bac, exiger une moyenne plus forte obtenue au baccalauréat, instituer un test ou
un entretien avant l'orientation définitive vers l'IPSI ou exiger un diplôme
universitaire de premier cycle comme pré-requis aux études de journalisme. Les
propositions ne manquent pas et elles convergent vers une plus grande sélection
pour faire du journalisme "une filière d'excellence".
5)
Formule du cursus de formation des journalistes
Après trente années
d'existence l'IPSI a expérimenté plusieurs formules de cursus pour la formation
des journalistes :
- la double licence dans une discipline universitaire
"classique" et en journalisme. Les étudiants des premières promotions
(1969-76)devaient s'inscrire dans une des facultés de l'université de Tunis et
suivaient généralement l’après-midi les enseignements de journalisme dispensés
à l'IPSI.
- La maîtrise de journalisme
entièrement dispensée à l'IPSI (1976-92) qui intègre des enseignements de
langues, de sciences sociales et de journalisme, dés la première année d'un
cursus de quatre années.
- La maîtrise de journalisme
issue de la réforme de 1992 qui réserve le premier cycle aux langues et aux
sciences sociales, humaines et juridiques et réduit l'enseignement du
journalisme à un cours d'initiation
élémentaire et qui crée au deuxième cycle deux filières distinctes, en
journalisme et en communication et où la
presque totalité des enseignements est de nature spécialisée.
- Parallèlement à cette
dernière formule (bac+4), l'IPSI a lancé
un diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées DESS en journalisme ouvert aux
titulaires d'une maîtrise accomplie dans
l'une des disciplines universitaires autre que le journalisme, qui suivent
pendant une année des cours théoriques et participent à une série d'ateliers de
journalisme écrit et audiovisuel. La deuxième promotion de ce diplôme a quitté l'IPSI en décembre 98.
Quand on leur demande de se
déterminer pour l'une ou l'autre de ces formules les responsables des médias
n'ont pas de position homogène ou tranchée. Certains pensent que la formule
actuelle peut être maintenue avec un plus grand effort pour la qualité des
enseignements et un meilleur équilibre entre enseignements théoriques et
enseignements pratiques, ceci en plus de la nécessité de rehausser le niveau
des candidats à l'entrée de l'IPSI.
D'autres apprécient le profil des premières générations qui ont
suivi la double licence et manifestent de l’intérêt pour la formule du DESS qui
est de nature à amener au journalisme des diplômés avec un background scientifique
et intellectuel diversifié, mais attendent que l'expérience ait un peu plus de
durée pour émettre un jugement sur le résultat.
Une forte tendance se dégage
pour une attitude souple et prudente qui voit d'un bon œil la multiplication
d'expériences parallèles et complémentaires pour le bien d'un marché aux
besoins variés, et difficilement planifiable ;
Tous, tout en mettant
l'accent sur les qualités intellectuelles et rédactionnelles et sur la
motivation, affirment la nécessité d'une formation spécifique au métier de
journaliste, garantie d'un bon départ pour une carrière définie par un patron
de presse lui-même ancien journaliste comme "un carrefour de connaissances
et d'apprentissages multiples".
Les responsables interviewés
apprécient positivement une expérience de formation de journalistes
professionnels non diplômés, auxquels l'IPSI permet de suivre des études avec
les autres étudiants bacheliers après avoir subi un concours d'entrée ouvert
aux journalistes professionnels justifiant de trois années d'exercice du
métier.
Ils encouragent cette
expérience et considèrent qu'elle offre une deuxième chance que les
journalistes vivent avec beaucoup d'engagement. Ces derniers font preuve de
beaucoup de sacrifices pour réussir à concilier emploi et études. Certains
patrons disent remarquer de réelles retombées positives de cette formation dont
une des conséquences heureuses a été de
mieux préparer les journalistes professionnels à "assumer en toute
confiance des responsabilités dans leur rédaction".
6)
Recrutement et intégration des nouveaux diplômés.
Les plus gros employeurs de
journalistes que sont l'ERTT et TAP,
recrutent par concours, et la grande majorité de leurs recrutements pour des
emplois de journalistes est composée de diplômés de l'IPSI. Les autres médias
combinent la cooptation, l'entretien et une période de "mise à
l'essai".
Plusieurs médias, qu'ils
soient étatiques ou privés adoptent pour l'emploi des jeunes journalistes une
formule de plus en plus répandue de pigiste permanent qui peut durer plusieurs
années.
Une formule de stage
d'initiation à la vie professionnelle (SIVP), mise au point par l’état tunisien
pour encourager le recrutement des jeunes diplômés et faciliter leur insertion
dans le monde de la production, est également utilisée par les médias.
Quand on demande aux premiers
responsables des médias d'estimer leurs besoins quantitatifs en journalistes à
moyen terme, les réponses restent souvent évasives. La planification des
besoins en ressources humaines est une compétence que les médias doivent
maîtriser.
Quelques médias donnent
néanmoins une réponse. L’agence nationale TAP recrute depuis 1980 quatre à cinq
journalistes par an et pense continuer pour les prochaines années sur ce
rythme.
DAR AL ANOUAR éditrice d'un
quotidien et de deux hebdomadaires estime ses besoins annuels à trois ou quatre
journalistes.
La majorité des
responsables reconnaît rencontrer des
difficultés à offrir aux jeunes journalistes nouvellement recrutés, un
encadrement de qualité, atout essentiel pour un
bon démarrage dans le métier. Les rédactions sont peu étoffées et les
aînés qui allient compétence professionnelle et pédagogie sont peu nombreux et
trop pris par le rythme du travail quotidien. Les jeunes stagiaires, sont ainsi
privés de la compétence cumulée par leurs aînés.
7)
politique de développement envisagée par les médias.
L'analyse des réponses des différents
responsables des médias à la question relative aux projets de développement
qu'ils envisagent pour les prochaines années permet de penser qu'ils font face
à une double exigence. Ils affrontent les bouleversements qu’entraîne
l'informatisation et les opportunités qu'offrent les nouvelles technologies de
l'information, tout en consacrant l'essentiel de leur énergie à améliorer et à
promouvoir les tâches traditionnelles qui sont loin d'avoir atteint un niveau
satisfaisant, vu les retards accumulés. Les actions de développement envisagées
sont :
- promotion de la qualité
rédactionnelle, qui reste un souci majeur avec une orientation vers le
développement de l'information spécialisée.
- développement de la
documentation au sein des médias, largement défaillante de l'aveu de l'ensemble
des responsables.
- développement du photo
journalisme resté le parent pauvre de la presse tunisienne malgré l'essor qu'il
connaît dans le monde, et de l'archivage photographique défaillant un peu partout sauf à la TAP qui possède la
collection de photos d'actualité la plus riche à l'échelle nationale.
- développement du
management médiatique et en particulier la messagerie de presse et la gestion
de la publicité.
- poursuivre
l'informatisation des médias.
- développement de produits
multimédias et de sites d'actualité en ligne.
8)
Compétences à valoriser pour l'avenir
Les réponses de l'ensemble
des interlocuteurs convergent quand on leur pose la question sur l'avenir du
métier de journaliste et les compétences
qui seront nécessaires pour l'exercer. Ils sont d'accord pour dire que les
compétences traditionnelles constituées pour l'essentiel d'une formation intellectuelle,
d'une maîtrise de l'expression écrite et
d'une formation professionnelle spécifique au métier de journaliste, sont une
plate-forme qui sera toujours valable pour les prochaines années. Les
compétences en relation avec l'extension des nouvelles technologies de
l'information, qui commencent à transformer les conditions d'exercice du
métier, sont un ajout inévitable à cette
plate-forme.
LISTE NOMINATIVE DES PERSONNES
RENCONTREES
M.Taîeb Zahar, directeur de
REALITES, magazine privé, bilingue, tirage approximatif selon QUID TUNISIE (ATCE 98), 7000ex (entretien le 24-10-98).
M.Hédi Béhi, directeur du
journal hebdomadaire AL BAYAN, publié par l'Union Tunisienne de l'Industrie, du
Commerce et de l'Artisanat UTICA, tirage 120000ex selon QUID TUNISIE.(entretien
2-11-98). Monsiuer Béhi est journaliste de formation (CFJ-Paris).
M.Mohamed Ben Ezzeddine, PDG
de la Société Nouvelle d'Impression de Presse et d'Edition, qui édite deux
quotidiens LA PREESE DE TUNISIE ET AS SAHAFA.(M. Ben Ezzeddine à une longue carrière de journaliste
agencier).entretien 10-1198.
M.Raouf Yaîch, directeur de
la radio Nationale (ERTT), longue carrière de journaliste de radio et de
télévision. (entretien 12-11-98).
M.Slaheddine Al Amri, PDG et
propriétaire de DAR AL ANOUAR, qui édite le quotidien qui a le plus fort tirage
en Tunisie EC CHOUROUK ((80000ex-selon QUID TUNISIE), et deux journaux
hebdomadaires.( longue carrière de journaliste)., entretien 14-11-98.
Mme Awatef Hmida, directrice
de Radio Jeunes (ERTT), entretien 17-11-98.
M.Brahim Fridhi, PDG de TAP,
ancien journaliste ayant assumé des responsabilités officielles de haut niveau,
entretien 18-11-98.
SYNTHESE DES ENTRETIENS AVEC LES
JOURNALISTES PROFESSIONNELS DIPLOMES DE L'INSTITUT DE PRESSE ET DES SCIENCES DE
L'INFORMATION.
Les entretiens qui se sont déroulés
en novembre 98, sous la forme d'interview de groupe, ont concerné deux groupes
dont chacun est composé de trois journalistes. Le premier groupe est constitué
de diplômés de l'IPSI ayant plus de dix ans d'ancienneté et employés
actuellement par le quotidien EL CHOROUK, publié par DAR AL ANOUAR qui édité
également deux autres titres hebdomadaires en langue Arabe.
Le second groupe est
constitué de jeunes diplômés de moins de cinq ans employés actuellement par
l'Etablissement de la Radio Télévision Tunisienne (ERTT) et ayant le statut de
pigistes permanents.
Chacun des deux groupes est
constitué d'un journaliste de sexe masculin et de deux journalistes femmes.
Ces interviews de groupes ont été complétées par
un entretien avec le président de l’Association des Journalistes Tunisiens, qui
est la seule structure de représentation de l'ensemble de la profession. Le
président actuel est lui-même diplômé de l'IPSI.
La note de synthèse sera
structurée autour des points suivants :
1)
EVALUATION DE LA FORMATION RECUE A L'IPSI
2)
FORMULE DU CURSUS DE FORMATION DES JOURNALISTES
3)
CRITIQUES ADRESSEES AUX DIPLOMES
4)INTERGATION
DANS LE MILIEU PROFESSIONNEL
5)
FORMATION CONTINUE
6)
DEVELOPPEMENTS ENVSAGES DE LA PROFESSION
7)
APPORT QUE PEUVENT AVOIR LES ANCIENS POUR L'IPSI.
1)
EVALUATION DE LA FORMATION RECUE A L'IPSI
Les journalistes interviewés
sont globalement satisfaits de la formation reçue à l'IPSI, et considèrent
qu'elle constitue une plate-forme correcte de départ dans le monde de la
production journalistique. Ils sont tout particulièrement fiers des techniques
journalistiques qui font défaut aux journalistes non issus des écoles de
journalisme.
Leur formation leur procure
confiance en eux-mêmes et facilite leur intégration dans le processus de production
(ils sont jugés "selon la qualité de leur production") ;
L’exercice de la profession
leur a permis de découvrir l’intérêt d'enseignements dont ils ne percevaient
pas état étudiant "l’intérêt"(certains enseignements de culture
générale, traduction).
Ils mentionnent néanmoins
les lacunes suivantes :
- durée limitée des
enseignements à dimension pratique qui les mettent en situation de production
(ils apprécient les quelques sorties sur terrain débouchant sur la production
d'un journal école après une visite de deux jours à une région de l'intérieur
du pays).
- pédagogie traditionnelle
peu motivante
- équipements limités, vu le
nombre d'étudiants (TV-radio) ou sous utilisés (laboratoire de langue, parc
informatique).
- faible présence des enseignements
de journalisme au premier cycle depuis la réforme de 1992 qui réserve le
premier cycle aux enseignements de culture générale et le deuxième cycle à la
spécialisation.
- le stage suivi en cours de
formation est considéré comme trop court et d'un apport faible vu les
conditions dans lesquelles il se déroule. Ils proposent d'en allonger la durée
et d'en améliorer le suivi.
2)
FORMULE DU CURSUS DE FORMATION DES JOURNALISTES
L’IPSI offre une formation
de niveau bac+4, qui est largement soutenue par les personnes interviewées,
avec une demande pressante quasi-générale d'une plus grande sélection à
l'entrée (plus forte moyenne au bac à exiger ou concours), et un
renforcement des enseignements de
journalisme au premier cycle (réforme I992).
Le niveau de culture
générale et la qualité de la rédaction devraient être des pré requis à la formation au journalisme,
et ne peuvent pas être acquis en quatre années d'enseignement à l'IPSI, quand l'étudiant en est dépourvu dés le départ.
La formule du DESS, lancée
en 97 pour les détenteurs d'une maîtrise autre que le journalisme, est
sévèrement critiquée par les anciens qui considèrent ce profil comme un
concurrent sur le marché de l'emploi et revendiquent un enseignement de 3ème
cycle ou de DESS ouvert aux diplômés de l'IPSI.
Il y a néanmoins des voix
minoritaires au sein des anciens qui trouvent la formule intéressante pour les
raisons suivantes :
- il est préférable de
multiplier les formules de formations de journalistes, dans la mesure où la
profession peut avoir besoin de profils différents.
- le DESS peut permettre à
des diplômés de l'université qui exercent actuellement dans les médias
d'obtenir une formation au journalisme qui leur fait défaut, ce qui est de
nature à homogénéiser les rédactions en dotant les professionnels de
"références communes".
3)
CRITIQUES ADRESSEES AUX DIPLOMES
Les anciens de l'IPSI sont
conscients des critiques traditionnellement formulées à leur égard : faiblesse
de la culture générale, difficultés rédactionnelles, méconnaissance de
l'actualité et ils ajoutent même orgueil et fierté du diplôme. Ils considèrent
globalement ces critiques exagérées et découlant de conflits inévitables entre
générations de professionnels ayant des profils différents.
Ils reconnaissent néanmoins
qu'il peut y avoir des cas où ces lacunes existent réellement et que cela ne
dépend pas du diplôme, mais de la personnalité des diplômés et il revient à la
profession de sélectionner les éléments compétents et ceux qui font preuve de
forte motivation pour ce métier, et de "savoir les garder".
Quand on leur demande
d'évaluer à leur tour les dernières
promotions de l'IPSI, les anciens émettent pratiquement les mêmes critiques
formulées globalement à l'encontre de l'ensemble de diplômés (culture générale
défaillante, faiblesses rédactionnelles, faible motivation, formation pratique
limitée ). Certains remarquent néanmoins une meilleure formation en anglais et
une plus grande facilité pour le traitement de texte.
4)INTEGRATION
DANS LE MILIEU PROFESSIONNEL
L'ensemble des anciens de
l'IPSI relève comme principal obstacle à l'intégration des jeunes diplômés, la
médiocre qualité de l'encadrement en début de carrière. Les rapports plutôt
bureaucratiques réduisent l'apprentissage de la profession à l'assimilation des
"directives" et aux "leçons que chacun peut tirer des erreurs
qu'il commet".
Les réunions de la rédaction
sont peu nombreuses au niveau de la base des journalistes et les discussions
d'évaluation sont rares.
En ce qui concerne le rôle
qu'ils peuvent jouer dans leur journal et les opportunités qu’ils ont d'accéder
à des postes de responsabilité, deux réponses nettement différentes
apparaissent en fonction de l'ancienneté. Les diplômés qui ont plus de dix
ans de métier ont de réelles
chances de peser de leur poids sur le
fonctionnement de la rédaction et ils font remarquer que plusieurs anciens de
l'IPSI occupent des postes de rédacteurs en chefs ou de chefs de services et
certains d'entre eux ont occupé ou occupent des postes de directeur d'une radio
régionale ou de directeur de journal.
Les jeunes diplômés de moins
de cinq ans d'ancienneté se considèrent plutôt marginalisés et sont souvent en
situation précaire. Ils sont généralement pigistes permanents pour des périodes
allant jusqu’à trois ans avec un salaire réduit, et s'estiment de très peu de
poids dans le cours des choses au sein de la rédaction.
Ils considèrent que les
qualités d'autonomie du journaliste et de prise d'initiative ne sont pas toujours appréciées par leur hiérarchie
directe.
5)LA
FORMATION CONTINUE
Les anciens de l'IPSI
interviewés sont grands demandeurs de formation continue. Les plus anciens ont
bénéficié d'opportunités de stages en Tunisie avec le Centre Africain de
Perfectionnement des journalistes et Communicateurs (CAPJC), ou à l'étranger.
Les stages ont porté sur les techniques du journalisme et sur les applications
de l'informatique (traitement de texte, PAO). Certains ont également suivi des
sessions au sein de leur propre media essentiellement des cours de langue.
Des besoins sont exprimés
aussi bien pour les compétences traditionnelles du journaliste (techniques de
rédaction et genres journalistiques) que pour les nouvelles compétences en
rapport avec la généralisation de l'informatique et les implications des
nouvelles technologies de l'information (utilisation d'INTERNET pour la
recherche des sources, multimédia).
6)
DEVELOPPEMENT ENVISAGE DE LA PROFESSION
Tout en étant sensibilisés
par les implications des nouvelles technologies les journalistes interviewés,
envisagent le développement de leur media en termes plus conventionnels, vu les
retards accumulés dans des domaines tels que le photo-journalisme, la
documentation au sein du journal, la
qualité rédactionnelle, et l'organisation et l'animation de la rédaction.
7)
APPORT QUE PEUVENT AVOIR LES ANCIENS
L'ensemble des personnes
rencontrées manifeste un fort sentiment d'attachement à l'IPSI et se
considèrent concernés par le fonctionnement de cette institution même plusieurs
années après la fin des études.
Ils considèrent que l'IPSI
est loin de bénéficier pleinement du réseau étoffé des anciens diplômés
présents dans l'ensemble des médias tunisiens.
Ils attendent de l'IPSI un
plus grand effort pour mieux tirer profit de leur disponibilité et de leur
compétence, et pensent que l'amicale des anciens de l'IPSI doit avoir un rôle
plus dynamique, dans cette direction.
Les propositions
formulées pour un plus grand lien entre
l'IPSI et les anciens sont :
- un plus grand recours aux
anciens dont l'expérience professionnelle est confirmée, comme formateurs pour
assurer des enseignements ou encadrer des expériences de journaux écoles.
- une plus grande
participation aux jurys de soutenance des mémoires pour les questions
professionnelles.
- mise en place d'un système d'encadrement des travaux de terrain des étudiants par leurs aînés.
- mise en place d'une
formule favorisant l'encadrement des étudiants en période de stage, par les
anciens.
- organisation périodique d'une journée IPSI/médias où les
anciens peuvent jouer un rôle de médiateur privilégié.
- création d'une carte
d'abonnement des anciens à la
bibliothèque de l'IPSI.
SYNTHESE DES ENTRETIENS AVEC LES
ENSEIGNANTS DE L’IPSI CHARGES DES ENSEIGNEMENTS DE JOURNALISME.
Cette note synthétise des
entretiens menés avec neuf enseignants de journalisme et ou de communication,
travaillant à temps plein à l’IPSI, en plus du directeur. Les entretiens ont
été effectués sous forme d’entretien de groupe (un premier groupe de deux
formateurs et un deuxième groupe de trois formateurs) ; et d’entretiens
individuels pour le directeur et les autres formateurs.
La totalité des formateurs
interviewés sont d’anciens diplômés de l’IPSI qui ont suivi un troisième cycle
en France en sciences de l’information, condition d’accès à l’université. La
majorité a exercé le journalisme pour une période plus ou moins longue.
Certains collaborent actuellement avec un média.
REPRESENTATION
DE LA PROFESSION AU SEIN DU CONSEIL SCIENTIFIQUE.
Quatre membres représentant la profession siègent en
permanence au conseil scientifique. Un arrêté du ministre de l’enseignement
supérieur désigne comme membres du conseil scientifique en plus des
représentants élus des étudiants et des enseignants, le président de
l’Association des Directeurs des
Etablissements journalistiques, le Président de l’Association de Journalistes
Tunisiens, le Président Directeur Général de l’Etablissement de la Radio
Télévision Tunisienne et le Directeur
Général de l’Information.
Cette représentation est
jugée suffisante par le directeur, qui remarque néanmoins que ce vecteur
privilégié de communication entre l’institution de formation et la profession,
est sous utilisé par les employeurs pour faire parvenir leur voix et prendre une part plus active dans
l’évaluation et l’orientation de l’institution de formation.
D’autres canaux non
institutionnels sont parfois utilisés pour consulter la profession. Des
rencontres sont organisées entre l’IPSI et des représentants de la profession
avant le lancement de projets importants. En 1992 la réforme des programmes a
été décidée par une commission nationale où la profession était largement
représentée, et le programme de la filière communication qui a démarré au
niveau du deuxième cycle en 94 été
l’objet d’une table ronde regroupant
formateurs et professionnels. Il a été de même pour le lancement du DESS
de journalisme en 96.
IDENTIFICATION
DES BESOINS.
Les formateurs déclarent
dans leur totalité que la connaissance des besoins aussi bien quantitatifs que
qualitatifs du secteur des médias et de la
communication fait défaut actuellement. Quelques indices existent certes,
quelques idées sont avancées par différents acteurs : des besoins existent
pour des rédacteurs francophones, dans le journalisme spécialisé, dans les
métiers de la communication dans le multimédia. Il est difficile de bâtir une
politique de formation sur de telles
approximations.
Les formateurs se divisent
en deux groupes quand on leur pose la question
de savoir qui de la profession ou
de l’IPSI devraient prendre l’initiative de ce travail de prospection des
besoins. Les uns pensent qu’il revient à la profession de fournir de telles
données à l’IPSI, les autres pensent au contraire qu’il revient à l’IPSI
de prendre l’initiative et de réaliser les études nécessaires.
PARTICIPATION
DES PROFESSIONNELS A LA FORMATION.
Le principe de la
participation des professionnels à la formation est largement acquis aussi bien
au niveau de la direction qu’au niveau des enseignants, mais il y a une nette
différence dans l’évaluation des efforts consentis par l’IPSI pour une plus grande participation des
professionnels.
Un groupe d’enseignants
partage l’avis de la direction qui juge satisfaisante la participation actuelle
des professionnels à la formation. Huit professionnels de la communication et
du journalisme animent actuellement à longueur d’année des cours et d’autres
sont invités en classe par les enseignants, pratique de plus en plus répandue.
Tout en se déclarant prêt à un plus grand effort en direction des
professionnels, le directeur de l’IPSI remarque qu’il rencontre des difficultés
de rémunération qui peuvent dissuader les bonnes volontés dans la mesure où la
fonction publique se base uniquement sur le critère du diplôme pour fixer les
taux de rémunération, et des difficultés dues à la disponibilité des
professionnels compétents.
Au contraire, d’autres formateurs, jugent insuffisants les efforts
d’intégration des professionnels dans le corps enseignant et appellent à une
plus grande ouverture en direction des professionnels de qualité que l’université doit être en mesure de
repérer, d’intégrer et de rémunérer convenablement.
LE
FLUX DE DIPLOMES.
L’écart entre formation et
emploi peut être perçu sous l’angle du
flux des diplômés. La direction fait remarquer que sur les 1546 diplômés formés
durant les trente années par l’IPSI, seuls 140 sont demandeurs d’emplois
enregistrés au Bureau d’Emploi des Cadres (4-11-98).
L’IPSI ne dispose pas de
données précises sur le devenir professionnel
des anciens diplômés qui ont été absorbés aussi bien par les secteurs du
journalisme et de la communication que par ceux de l’enseignement des langues
aux lycées et de l’administration publique.
Un consensus général semble
se dessiner pour une nette réduction du
nombre de bacheliers orientés à l’IPSI, estimé en moyenne à 150 personnes.
LES
EQUIPEMENTS PEDAGOGIQUES.
L’IPSI a consenti de grands
efforts financiers pour acquérir les équipements pédagogiques. Une contribution
nationale relayée par une contribution de la coopération internationale et
spécialement la fondation allemande Friedrich Naumann (durant les deux
premières décennies), a permis de doter l’IPSI, de l’avis de la direction et
d’un groupe d’enseignants d’une plate forme de travail Acceptable.
D’autres enseignants font
remarquer que ces équipements sont largement insuffisants en rapport avec le
nombre croissant d’étudiants, ce qui réduit les chances de chaque étudiant de
réaliser des travaux pratiques. Ils font observer également qu’une politique
d’investissement en équipements est
pratiquée par les médias ce qui
ne fera que creuser le fossé entre formation et emploi.
ACCUEIL
RESERVE AUX DIPLOMES DE L’IPSI.
Il est indéniable pour
l’ensemble des interviewés que l’intégration des diplômés de l’IPSI se pose
dans des termes très différents actuellement qu’il y a vingt ans. Les critiques
adressées par les professionnels aux
jeunes diplômés ne doivent pas cacher un fait important : Une formation
spécifique au journalisme est maintenant considérée comme un pré requis à
l’exercice de ce métier par une large partie des professionnels, ce qui était
loin d’être un consensus deux décennies auparavant.
La base démographique de la
profession a radicalement changé en faveur des diplômés de l’IPSI qui sont
majoritaires dans les rédactions des principaux médias, ce qui contribue au développement d’une ambiance
plus favorable à l’intégration des jeunes diplômés.
En ce qui concerne les
critiques traditionnellement adressées aux diplômés de l’IPSI (faiblesse de la culture générale, manque de
maîtrise des langues, formation pratique insuffisante et peu de motivation)les
formateurs avancent plusieurs réponses :
- certains pensent que ces
critiques sont excessives et relèvent plus
des dissensions internes découlant de profils différents que d’une
évaluation réaliste des compétences.
- les formateurs appellent
également à une plus grande compréhension pour offrir aux jeunes diplômés un
encadrement de qualité et des conditions de travail qui font du stage en début
de carrière un réel moment de formation complétant la formation initiale.
- plusieurs formateurs font
remarquer que les défaillances des jeunes diplômés, souvent mises en avant dans
le débat sur la «qualité de la presse
nationale », ne doivent pas cacher que les compétences de journalistes
confirmés sont largement sous utilisées
à cause de pratiques professionnelles désuètes.
- une nette amélioration du
niveau de culture générale et de la maîtrise des langues, qui sont des
compétences dont l’acquisition est lente et fortement déterminée par l’itinéraire
scolaire antérieur à l’université, ne peut être obtenue qu’en élevant les
critères d’orientation à l’entrée des études de journalisme.
- il faut cesser d’orienter
vers le journalisme, comme cela est le cas depuis plusieurs années, des
étudiants qui ne le demandent pas en premier choix quand ils formulent leurs
vœux d’orientation universitaire.
- le débat sur la formation
théorique et la formation pratique est considéré comme vain. Toute institution
universitaire doit doter l’étudiant d’instruments intellectuels puisés
nécessairement dans le savoir universel, et toute formation théorique doit
nécessairement déboucher sur des applications pratiques. La question principale
est de maintenir un équilibre entre ces deux volets solidaires de la formation
et de disposer en nombre suffisant des formateurs et des
équipements pour promouvoir l’enseignement
pratique.
- néanmoins certains
enseignants considèrent que l’IPSI est
largement responsable des défaillances de
ses diplômés et de grands efforts sont nécessaires et possibles pour une
nette amélioration de la qualité des diplômés qui passent quatre ans dans cette institution. Si le reproche
relatif au niveau culture générale peut
être relativisé en considérant qu’il
s’agit d’une tendance qui n’est pas spécifique à l’IPSI, ces formateurs pensent
qu’il est inacceptable de continuer à
faire la sourde oreille aux reproches fondés qui sont adressés à l’IPSI pour ce
qui est du niveau de maîtrise des langues et de la faible part de
l’enseignement pratique. Après trente ans de fonctionnement l’IPSI ne dispose
pas encore de structure de publication
et les journaux écoles sont rares.
FORMATION DES FORMATEURS
L’ensemble des personnes
interviewées, tout en signalant certaines actions de formation de formateurs menées par l’IPSI
en collaboration avec la coopération internationale (sessions de formation
internes et stages à l’étranger),
attirent l’attention sur la nécessité d’intensifier ces opportunités et de les intégrer dans une
politique générale de mise à niveau des ressources humaines.
Tout en se déclarant très
attachés à leur statut d’universitaires les formateurs se disent conscients
d’appartenir de par la discipline qu’ils enseignent à une spécialité où le
facteur technologique est déterminant. Les enseignants de journalisme et de
communication doivent nécessairement se mettre à l’heure des nouvelles
technologies qui commencent à
s’implanter dans les salles de rédaction des médias tunisiens. Autre écart à
surveiller.
LISTE
DES FORMATEURS INTERVIEWES :
Mustapha Hassan, directeur
de l’IPSI.
- Premier groupe :
Abdallah Heidri et Sadok
Hammami
- Deuxième groupe :
Larbi Chouikha, Mohamed
Gontara, Moncef Ayari
- Entretiens
individuels :
Mlle Sabah Mahmoudi, chef du
département de journalisme.
Mlle Fatma Azouz
Abdelkrim Hizaoui
Taoufik Yakoub.
NOTE SUR LA FORMATION EN COMMUNICATION
EN TUNISIE
Il est erroné à l'état
actuel de brosser un tableau de la situation de la formation en communication
en Tunisie et d'avancer des propositions pour l'avenir en rapport avec les
besoins du marché.
L’ensemble des personnes
rencontrées, considèrent qu'il est urgent de lancer une étude systématique des
besoins en communicateurs de différentes spécialités et de différents niveaux
et d'évaluer l'ensemble des expériences actuellement en cours dans les
établissements de formation publics et privés et d'aboutir à la mise en place
d'un programme national de formation des cadres de la communication, qui
servirait de cadre d'orientation aux opérateurs concernés.
En l'absence de données
systématiques, quelques observations peuvent être avancées : les professionnels
de la communication affirment l'existence de besoins réels en communicateurs de
différentes spécialités et de différents niveaux (conception et fabrication), et
remarques les insuffisances et les lacunes
des structures de formation existantes, et appellent au développement
des enseignements, des filières
existantes, et appellent à la création de nouvelles filières ou de
nouvelles structures de formation pour les spécialités manquantes.
INDICES D'UN BESOIN CROISSANT EN
COMMUNICATION
- Orientation libérale de
l'économie tunisienne, avec un rôle de plus en plus manifeste pour le
marketing, la publicité et la communication interne et externe.
- Ouverture économique et
partenariat avec la communauté européenne, dont les entreprises ont une longue
tradition de communication.
- Multiplication des
directions et des services d'informations et de relations publiques dans les
organigrammes des entreprises publiques et privées. Un nombre croissant de
personnes est chargé de la communication ou ont une activité en relation avec
la communication. Elles sont parfois
recrutées parmi les journalistes dont certains sont diplômés de l'IPSI.
D'autres sont tout simplement des cadres de l'administration, à qui on confie
le dossier de la communication.
- Au niveau de
l'administration publique il a été crée auprès du premier ministère un
Bureau Central des Relations avec le
Citoyen, et un bureau de même nature
dans chaque département ministériel et dans chaque gouvernerat (préfecture),
ayant des tâches de contact, d'information et d'orientation des citoyens.
- Une nette multiplication
des produits de communication de tout genre est perceptible (affiches,
prospectus, publications internes, films, etc.).
- Plusieurs entreprises et institutions publiques et privées se sont
dotées d'unités d'impression et se sont
dotées d'équipements audiovisuels, et de micro-ordinateurs avec des
applications en PAO, ce qui est de
nature à accroître leur potentiel de fabrication de supports de communication
de tout genre.
- L’accroissement des actions d'éducation par
les médias et l'extension des domaines concernés par ces actions : santé,
nutrition, campagnes anti sida, vulgarisation agricole, comportements citoyens,
orientation scolaire et universitaire, campagnes pour l'emploi des cadres...
- Croissance des messages
publicitaires à la radio et à la télévision depuis 1989, date de l'introduction
de la publicité commerciale à la télévision nationale. L'ERTT, ayant décidé de
se limiter à la diffusion, plusieurs unités
privées de production audiovisuelle ont vu le jour.
- Le Syndicat des Agences de
Publicité Agrées (SAPA), estime le nombre des agences agrées à vingt aux quelles s'ajoutent quatre
vingt agences diverses ayant une
activité en relation avec la publicité.
Les budgets publicitaires sont estimés en 1996 à 30 millions de dinars
tunisiens.
- Emergence de nouveaux
besoins et de nouveaux produits de communication, conséquence du développement
à l'échelle nationale de l'infrastructure des info-routes en Tunisie au cours
de la dernière décennie, et naissance embryonnaire d'une production multimédia.
STRUCTURES
DE FORMATION DANS LES DIFFERENTS METIERS DE LA COMMUNICATION.
Après avoir longtemps formé
des journalistes l'IPSI crée une filière
de communication au niveau de deuxième cycle, orientée vers la communication
institutionnelle et la communication d'entreprise. La première promotion a
quitté l'IPSI en 1996.
Une première tentative de
courte durée (1986-88) a consisté à créer un enseignement de niveau bac +2 dans
trois filières : relations publiques, production audiovisuelle, métiers du
livre.
Plusieurs institutions de
formation en gestion offrent un enseignement en marketing et intègrent un
enseignement en communication. L'Institut
Supérieur des beaux-arts de Tunis, est le principal formateur des
créatifs qui contribuent largement à la conception artistique des produits de
communication. Cet institut Qui a donné à la Tunisie des artistes renommés, a
su répondre aux évolutions du marché de l'emploi en développant les arts
appliqués.
Au niveau de la formation
des techniciens il faut mentionner l'expérience du Centre Sectoriel de Formation en Arts
Graphiques de l'Ariana, dépendant du Ministère de la Formation Professionnelle
et de l'Emploi.
Plusieurs institutions de
formation du secteur privé ont vu le
jour suite au développement des applications informatiques (pao, infographie,
multimédia).
Besoins réels mais
difficilement identifiables en l'absence d'une étude systématique, et
structures de formation insuffisantes, tels semble-t-il sont les deux
caractéristiques de la situation actuelle des métiers de la communication.
Il est urgent d'engager une
réflexion globale sur l'ensemble des métiers de la communication et des
industries culturelles en vue d'évaluer l'état actuel de la formation dans ce
domaine et d'envisager les actions futures de renforcement des enseignements
existants, de promotion de nouveaux enseignements et de création en cas de
besoin de structures nouvelles publiques et privées de formation.
PROFESSIONNELS
DE LA COMMUNICATION ET FORMATEURS RENCONTRES POUR LA REDACTION DE CETTE NOTE.
Mme Syrine Cherif-Maaref,
présidente de la chambre Syndicale des Agences de Publicité Agrées (SAPA),
relevant de l’Union Tunisienne de l'Industrie du Commerce et de l'Artisanat
(UTICA), (organisation patronale).
M.Taoufik Hbaïeb, directeur
de TH agence de conseil en communication.
M.Fethi Haddad, chargé de la
communication à l'Agence Tunisienne de Formation professionnelle ATPF,
organisme public relevant du Ministère
de la formation professionnelle et de l'emploi.
Mme Zohra Gharbi, M.Blhassan
Badreddine, M.Mohamed Hamdan, enseignants à
l'IPSI.
M.Khaldoun Ben Taarit, chagé
de la formation à la Chambre Syndicale des Etablissements privés
d'Enseignement, relevant de l'UTICA, et directeur de l'Ecole Supérieure
d'Informatique et de Gestion (ESIG), institution privée.
ENTREVUE AVEC M.ABDELHAFIDH HARGAM,
PRESIDENT DU CONSEIL SUPERIEUR DE LA COMMUNICATION
Mission
du Conseil Supérieur de la Communication (CSC).
Le CSC est un organe
consultatif auprès de la présidence de la république, crée en 1989 et
regroupant quinze membres dont dix sont nommés pour leur "compétence dans
le domaine de la communication et de la culture" et cinq membres
es-qualité représentant d’organismes
publics à caractère médiatique et les présidents de l'association des
Directeurs des Etablissements Journalistiques Tunisiens et l'Association des
Journalistes Tunisiens.
Il est chargé selon le
décret du 30 JANVIER 89, Complété par le
décret du 5 octobre 92, d'examiner et de proposer toutes les mesures de nature
à :
a) contribuer à l'élaboration d'une
politique de communication permettant au citoyen "d'accéder à son droit à
une communication libre et pluraliste".
b) promouvoir la législation dans le
domaine de la communication
c) développer l'infrastructure
technique dans le domaine de la communication
d) il est consulté au sujet de la
législation relative aux orientations générales en matière d'information et de
communication.
Le président de la
république vient de lui confier une nouvelle mission d'observatoire National de l'information, tenu de rendre
public un rapport annuel en plus de rapports ponctuels sur le secteur en cas de besoin.
La
formation des journalistes.
La formation des
journalistes et des communicateurs est une préoccupation majeure du CSC,
et elle détermine fortement toute action de promotion de la presse et des médias.
L’IPSI est un acquis pour le secteur de l'information et il
doit être renforcé. Le temps est venu d'évaluer la réforme des programmes
introduite en 1992 en veillant à :
- faire du journalisme une
filière d'excellence et trouver les solutions adéquates en vue de hausser le niveau intellectuel et
rédactionnel à l'entrée de l'IPSI des jeunes qui se destinent au journalisme.
- renforcer l'enseignement à
dimension pratique.
- intégrer les compétences
nouvelles relatives aux nouvelles technologies de l'information et de la communication.
- intensifier les échanges
entre l'IPSI et les médias, en développant une formule de partenariat
La formation des communicateurs
Il y a des besoins urgents
justifiant le développement de la formation dans le domaine de la production
audiovisuelle actuellement quasi inexistante. Plusieurs métiers
technico-artistiques sont appelés à jouer un rôle sans cesse croissant dans la
production médiatique et culturelle nationale.
La Tunisie peut abriter avec
le soutien de l'UNESCO et de la coopération internationale, un centre de
formation de haut niveau dans le domaine de la production audiovisuelle, à
dimension méditerranéenne et africaine. Un premier pas consistera à mener une étude de faisabilité qui pourrait
bénéficier des ressources d'expertise de l'UNESCO.
Un effort de prospection des
besoins en formation devrait également être mené en direction de l'ensemble des
métiers des industries culturelles.
Le secteur privé peut jouer
avec le secteur public un rôle de premier plan dans la formation des compétences
en communication de différents niveaux, à condition de veiller à la qualité de
cette formation et de soumettre les
établissements dispensant de telles formations aux normes en application dans
les établissements publics.
(entretien 10-11-98).