كلما أدّبني الدّهر أراني نقص عقلي

و اذا ما زدت علما زادني علما بجهلي

الامام الشافعي


mercredi 1 décembre 1999

RAPPORTS FORMATION/EMPLOI DANS LE SECTEUR DU JOURNALISME EN TUNISIE

 

RAPPORTS FORMATION/EMPLOI DANS LE SECTEUR DU JOURNALISME EN TUNISIE

Mehdi Jendoubi, maître assistant IPSI, Université de Tunis 1.

Source ECART GRANDISSANT ENTRE FORMATION ET EMPLOI EN COMMUNICATION, ETUDE DE CAS DE LA SOUS REGION DE L'AFRIQUE DU NORD: TUNISIE, in INFORMATION SOCIETIES: CRISES IN THE MAKING? Ouvrage collectif, Orbicom UNESCO, Université du Québec à Montréal, pp: 106-122. 1999.




SYNTHESE DES ENTRETIENS  AVEC  LES EMPLOYEURS DE JOURNALISTES,

PDG DE GROUPES DE PRESSE ET DIRECTEURS DE MEDIAS

 

Les entretiens se sont déroulés du 24 octobre au 18 novembre et ont concerné sept premiers responsables de groupes de presse ou de médias appartenant aussi bien au secteur public que privé et au monde de la presse écrite qu'a celui de l’audiovisuel.

Y figurent également des responsables de médias dont la rédaction est réduite (REALITES et AL BAYAN) et d'autres dont les  rédactions sont relativement étoffées (ERTT et TAP).

L’Etablissement de la Radio Télévision Tunisienne (ERTT), représenté par les directeurs de la Radio Nationale et la directrice de Radio jeunes, et l'Agence Tunis Afrique Presse (TAP), sont avec l'entreprise privée DAR Al ANOUAR, de gros employeurs de diplômés de journalisme.

 

La note de synthèse suivante sera structurée autour des points suivants :

 

1) Rapports IPSI/Médias

 

2) Situation actuelle des stages

 

3) Contribution des professionnels à la formation.

 

4) Evaluation des diplômés

 

5) Formule du cursus de formation des journalistes

 

6) Recrutement et intégration des nouveaux diplômés.

 

7) politique de développement envisagée par les médias.

 

8) Compétences à valoriser pour l'avenir


1) Rapports IPSI/Médias

Les responsables des médias publics (ERTT/TAP), déclarent qu'il existe des rapports de coopération permanents entre leurs propres médias et l'IPSI. Ils offrent des opportunités de stages aux étudiants de l'IPSI. Ils  considèrent néanmoins que ces rapports gagneraient à évoluer dans le sens d'une plus grande collaboration et souhaitent une intensification des contacts personnels avec le corps enseignant.

D'autres responsables de médias privés considèrent que le monde de l'emploi et celui de la formation sont radicalement séparés et considèrent la représentation de la profession au conseil scientifique de l'IPSI où siègent le président de l'Association des Directeurs des Etablissements Journalistiques Tunisiens (ADEJT) et le président de l'Association des Journalistes tunisiens (AJT), comme purement formelle. Ils se déclarent sans aucune influence sur les orientations pédagogiques.

La quasi-totalité des interviewés se déclarent favorables  à la mise au point de contrats de partenariat dont il faut imaginer le contenu et qui permettrait de donner aux rapports avec l'IPSI un cadre institutionnel, de nature à faciliter toute action de coopération.

D'autres propositions concernent l'institution d'une réunion périodique IPSI/Médias qui serait un espace de concertation, de conception et de suivi des projets de coopération.

Une autre proposition concerne l'organisation d'une journée de réflexion sur la formation.

 

2) Situation actuelle des stages

Pour plusieurs  médias les stages qu'ils offrent aux étudiants de l'IPSI sont pratiquement le seul contact qu'ils ont avec cette institution. Ils jugent peu fructueux le stage tel qu'il se déroule actuellement. Le délai très court et la faible motivation des étudiants dont certains ont tendance à "prendre le stage à la légère, réduisent l'apport que peut avoir le stage pour les étudiants.

Plusieurs responsables interviewés proposent d'allonger la durée du stage, d'en améliorer le suivi et de le programmer pour l'été, ce qui présente l'avantage  d'offrir plus d'opportunités aux étudiants stagiaires de s'intégrer dans les services  qui peuvent avoir besoin de leur apport, vu le départ en vacances d'une partie de la rédaction.

Différents médias commencent à se doter d'un service responsable de la formation continue et certains envisagent tout naturellement de confier au responsable de ce service la gestion des stages des étudiants de l'IPSI.

Un responsable avance même l'idée de la formation par alternance en dernière année de formation à l'IPSI.

 

3)Contribution des professionnels à la formation

L'ensemble des directeurs pense que les ressources des journalistes professionnels sont insuffisamment mises à contribution par l'IPSI, à qui il revient d'identifier les professionnels qui peuvent contribuer à la formation et d'établir avec eux des contacts directs. Ils se déclarent prêts à encourager de telles expériences qui pourraient également faire partie des contrats de partenariats.

 

4) Evaluation des diplômés

Les employeurs sont globalement critiques et affirment nettement leur insatisfaction de la qualité  des diplômés que l'IPSI  met sur le marché de l'emploi. Il y a cependant une nette différence de ton entre une attitude moins tranchée et plus nuancée exprimée par les responsables qui dirigent les médias de l’état (ERTT-TAP), qui sont de gros employeurs de journalistes et dont les rédactions sont majoritairement constituées de diplômés de l'IPSI, et une attitude fortement critique et très insatisfaite qui appelle à des mesures d'urgence pour une nette amélioration du niveau de diplômés et qui considèrent que "la qualité des diplômés" actuellement formés par l'IPSI "n'encourage pas à adopter une politique de recrutement plus dynamique". Cette tendance se retrouve, sans que cela soit systématique, plutôt du côté des médias privés où les journalistes diplômés sont relativement moins présents.

Cette remarque est à prendre avec prudence. DAR AL ANOUAR, l'entreprise de presse privée qui a connu les  quinze dernières années le plus grand essor du secteur privé et qui édite le quotidien qui a le plus grand tirage actuellement en Tunisie et deux hebdomadaires, emploie en grande majorité des diplômés  de l'IPSI.

Les reproches les plus communément formulés par l'ensemble des responsables des médias, à l'égard des diplômés sont :

- le faible niveau de "culture générale" et le peu connaissance des questions nationales et internationales.

- le niveau rédactionnel dans les deux langues fréquemment utilisées en Tunisie, l'Arabe langue nationale et le Français langue étrangère largement utilisée par les médias. Le problème se pose avec plus d'acuité pour le français.

 

- méconnaissance du travail de terrain et maîtrise insuffisante de la recherche de l'information.

 

- faible motivation pour la profession

 

Ces positions peuvent être nuancées par les responsables eux-mêmes qui :

 

- Reconnaissent que certains diplômés en journalisme formés par l'IPSI, sont réellement performants. S'agit-il d'un facteur personnel de niveau intellectuel de départ qui permet au diplômé de mieux tirer profit de la formation reçue, ou d'un facteur moral de grande motivation qui favorise un apprentissage sur le tas qui complète la formation initiale ?

 

- Se disent conscients que leurs remarques peuvent être également valables pour des diplômés d'autres institutions universitaires. Même quand ils affirment la nécessité pour eux de recourir pour le recrutement de rédacteurs à des diplômés d'autres disciplines universitaires (lettres, droit, économie), ils reconnaissent rencontrer également des difficultés semblables auxquelles s'ajoutent la nécessité de doter ces diplômés de rudiments de journalisme.

 

- Proposent de hausser le niveau des candidats aux études de journalisme et de mettre au point un mécanisme d'orientation qui permet d'obtenir des candidats de haut niveau intellectuel et rédactionnel et de forte motivation. Faut-il instituer un concours d’accès en plus du bac, exiger une moyenne plus forte  obtenue au baccalauréat, instituer un test ou un entretien avant l'orientation définitive vers l'IPSI ou exiger un diplôme universitaire de premier cycle comme pré-requis aux études de journalisme. Les propositions ne manquent pas et elles convergent vers une plus grande sélection pour faire du journalisme "une filière d'excellence".

 

5) Formule du cursus de formation des journalistes

Après trente années d'existence l'IPSI a expérimenté plusieurs formules de cursus pour la formation des journalistes :

- la double licence  dans une discipline universitaire "classique" et en journalisme. Les étudiants des premières promotions (1969-76)devaient s'inscrire dans une des facultés de l'université de Tunis et suivaient généralement l’après-midi les enseignements de journalisme dispensés à l'IPSI.

 

- La maîtrise de journalisme entièrement dispensée à l'IPSI (1976-92) qui intègre des enseignements de langues, de sciences sociales et de journalisme, dés la première année d'un cursus de quatre années.

 

- La maîtrise de journalisme issue de la réforme de 1992 qui réserve le premier cycle aux langues et aux sciences sociales, humaines et juridiques et réduit l'enseignement du journalisme à  un cours d'initiation élémentaire et qui crée au deuxième cycle deux filières distinctes, en journalisme et en communication et où la  presque totalité des enseignements est de nature spécialisée.

 

- Parallèlement à cette dernière  formule (bac+4), l'IPSI a lancé un diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées DESS en journalisme ouvert aux titulaires d'une maîtrise  accomplie dans l'une des disciplines universitaires autre que le journalisme, qui suivent pendant une année des cours théoriques et participent à une série d'ateliers de journalisme écrit et audiovisuel. La deuxième promotion  de ce diplôme a quitté  l'IPSI en décembre 98.

 

Quand on leur demande de se déterminer pour l'une ou l'autre de ces formules les responsables des médias n'ont pas de position homogène ou tranchée. Certains pensent que la formule actuelle peut être maintenue avec un plus grand effort pour la qualité des enseignements et un meilleur équilibre entre enseignements théoriques et enseignements pratiques, ceci en plus de la nécessité de rehausser le niveau des candidats à l'entrée  de l'IPSI.

 

D'autres apprécient  le profil des premières générations qui ont suivi la double licence et manifestent de l’intérêt pour la formule du DESS qui est de nature à amener au journalisme des diplômés avec un background scientifique et intellectuel diversifié, mais attendent que l'expérience ait un peu plus de durée pour émettre un jugement sur le résultat.

 

Une forte tendance se dégage pour une attitude souple et prudente qui voit d'un bon œil la multiplication d'expériences parallèles et complémentaires pour le bien d'un marché aux besoins variés, et difficilement planifiable ;

 

Tous, tout en mettant l'accent sur les qualités intellectuelles et rédactionnelles et sur la motivation, affirment la nécessité d'une formation spécifique au métier de journaliste, garantie d'un bon départ pour une carrière définie par un patron de presse lui-même ancien journaliste comme "un carrefour de connaissances et d'apprentissages multiples".

 

Les responsables interviewés apprécient positivement une expérience de formation de journalistes professionnels non diplômés, auxquels l'IPSI permet de suivre des études avec les autres étudiants bacheliers après avoir subi un concours d'entrée ouvert aux journalistes professionnels justifiant de trois années d'exercice du métier.

 

Ils encouragent cette expérience et considèrent qu'elle offre une deuxième chance que les journalistes vivent avec beaucoup d'engagement. Ces derniers font preuve de beaucoup de sacrifices pour réussir à concilier emploi et études. Certains patrons disent remarquer de réelles retombées positives de cette formation dont une des conséquences  heureuses a été de mieux préparer les journalistes professionnels à "assumer en toute confiance des responsabilités dans leur rédaction".

 

6) Recrutement et intégration des nouveaux diplômés.

Les plus gros employeurs de journalistes que sont l'ERTT et  TAP, recrutent par concours, et la grande majorité de leurs recrutements pour des emplois de journalistes est composée de diplômés de l'IPSI. Les autres médias combinent la cooptation, l'entretien et une période de "mise à l'essai".

 

Plusieurs médias, qu'ils soient étatiques ou privés adoptent pour l'emploi des jeunes journalistes une formule de plus en plus répandue de pigiste permanent qui peut durer plusieurs années.

 

Une formule de stage d'initiation à la vie professionnelle (SIVP), mise au point par l’état tunisien pour encourager le recrutement des jeunes diplômés et faciliter leur insertion dans le monde de la production, est également utilisée par les médias.

 

Quand on demande aux premiers responsables des médias d'estimer leurs besoins quantitatifs en journalistes à moyen terme, les réponses restent souvent évasives. La planification des besoins en ressources humaines est une compétence que les médias doivent maîtriser.

Quelques médias donnent néanmoins une réponse. L’agence nationale TAP recrute depuis 1980 quatre à cinq journalistes par an et pense continuer pour les prochaines années sur ce rythme.

DAR AL ANOUAR éditrice d'un quotidien et de deux hebdomadaires estime ses besoins annuels à trois ou quatre journalistes.

 

La majorité des responsables  reconnaît rencontrer des difficultés à offrir aux jeunes journalistes nouvellement recrutés, un encadrement de qualité, atout essentiel pour un  bon démarrage dans le métier. Les rédactions sont peu étoffées et les aînés qui allient compétence professionnelle et pédagogie sont peu nombreux et trop pris par le rythme du travail quotidien. Les jeunes stagiaires, sont ainsi privés de la compétence cumulée par leurs aînés.

 

7) politique de développement envisagée par les médias.

 

 L'analyse des réponses des différents responsables des médias à la question relative aux projets de développement qu'ils envisagent pour les prochaines années permet de penser qu'ils font face à une double exigence. Ils affrontent les bouleversements qu’entraîne l'informatisation et les opportunités qu'offrent les nouvelles technologies de l'information, tout en consacrant l'essentiel de leur énergie à améliorer et à promouvoir les tâches traditionnelles qui sont loin d'avoir atteint un niveau satisfaisant, vu les retards accumulés. Les actions de développement envisagées sont :

 

- promotion de la qualité rédactionnelle, qui reste un souci majeur avec une orientation vers le développement de l'information spécialisée.

 

- développement de la documentation au sein des médias, largement défaillante de l'aveu de l'ensemble des responsables.

 

- développement du photo journalisme resté le parent pauvre de la presse tunisienne malgré l'essor qu'il connaît dans le monde, et de l'archivage photographique défaillant un  peu partout sauf à la TAP qui possède la collection de photos d'actualité la plus riche à l'échelle nationale.

 

- développement du management médiatique et en particulier la messagerie de presse et la gestion de la publicité.

 

- poursuivre l'informatisation des médias.

 

- développement de produits multimédias et de sites d'actualité en ligne.

 

8) Compétences à valoriser pour l'avenir

 

Les réponses de l'ensemble des interlocuteurs convergent quand on leur pose la question sur l'avenir du métier de journaliste  et les compétences qui seront nécessaires pour l'exercer. Ils sont d'accord pour dire que les compétences traditionnelles constituées pour l'essentiel d'une formation intellectuelle, d'une maîtrise  de l'expression écrite et d'une formation professionnelle spécifique au métier de journaliste, sont une plate-forme qui sera toujours valable pour les prochaines années. Les compétences en relation avec l'extension des nouvelles technologies de l'information, qui commencent à transformer les conditions d'exercice du métier, sont un ajout inévitable  à cette plate-forme.

 

 

LISTE NOMINATIVE DES PERSONNES RENCONTREES

 

M.Taîeb Zahar, directeur de REALITES, magazine privé, bilingue, tirage approximatif selon QUID TUNISIE (ATCE  98), 7000ex (entretien le 24-10-98).

 

M.Hédi Béhi, directeur du journal hebdomadaire AL BAYAN, publié par l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat UTICA, tirage 120000ex selon QUID TUNISIE.(entretien 2-11-98). Monsiuer Béhi est journaliste de formation (CFJ-Paris).

 

M.Mohamed Ben Ezzeddine, PDG de la Société Nouvelle d'Impression de Presse et d'Edition, qui édite deux quotidiens LA PREESE DE TUNISIE ET AS SAHAFA.(M. Ben Ezzeddine  à une longue carrière de journaliste agencier).entretien 10-1198.

 

M.Raouf Yaîch, directeur de la radio Nationale (ERTT), longue carrière de journaliste de radio et de télévision. (entretien 12-11-98).

 

M.Slaheddine Al Amri, PDG et propriétaire de DAR AL ANOUAR, qui édite le quotidien qui a le plus fort tirage en Tunisie EC CHOUROUK ((80000ex-selon QUID TUNISIE), et deux journaux hebdomadaires.( longue carrière de journaliste)., entretien 14-11-98.

 

Mme Awatef Hmida, directrice de Radio Jeunes (ERTT), entretien 17-11-98.

M.Brahim Fridhi, PDG de TAP, ancien journaliste ayant assumé des responsabilités officielles de haut niveau, entretien 18-11-98.


SYNTHESE DES ENTRETIENS AVEC LES JOURNALISTES PROFESSIONNELS DIPLOMES DE L'INSTITUT DE PRESSE ET DES SCIENCES DE L'INFORMATION.

Les entretiens qui se sont déroulés en novembre 98, sous la forme d'interview de groupe, ont concerné deux groupes dont chacun est composé de trois journalistes. Le premier groupe est constitué de diplômés de l'IPSI ayant plus de dix ans d'ancienneté et employés actuellement par le quotidien EL CHOROUK, publié par DAR AL ANOUAR qui édité également deux autres titres hebdomadaires en langue Arabe.

 

Le second groupe est constitué de jeunes diplômés de moins de cinq ans employés actuellement par l'Etablissement de la Radio Télévision Tunisienne (ERTT) et ayant le statut de pigistes permanents.

 

Chacun des deux groupes est constitué d'un journaliste de sexe masculin et de deux journalistes femmes.

 

Ces  interviews de groupes ont été complétées par un entretien avec le président de l’Association des Journalistes Tunisiens, qui est la seule structure de représentation de l'ensemble de la profession. Le président actuel est lui-même diplômé de l'IPSI.

 

La note de synthèse sera structurée autour des points suivants :

 

1) EVALUATION DE LA FORMATION RECUE A L'IPSI

 

2) FORMULE DU CURSUS DE FORMATION DES JOURNALISTES

 

3) CRITIQUES ADRESSEES AUX DIPLOMES

 

4)INTERGATION DANS LE MILIEU PROFESSIONNEL

 

5) FORMATION CONTINUE

 

6) DEVELOPPEMENTS ENVSAGES DE LA PROFESSION

 

7) APPORT QUE PEUVENT AVOIR LES ANCIENS POUR L'IPSI.

 


1) EVALUATION DE LA FORMATION RECUE A L'IPSI

Les journalistes interviewés sont globalement satisfaits de la formation reçue à l'IPSI, et considèrent qu'elle constitue une plate-forme correcte de départ dans le monde de la production journalistique. Ils sont tout particulièrement fiers des techniques journalistiques qui font défaut aux journalistes non issus des écoles de journalisme.

 

Leur formation leur procure confiance en eux-mêmes et facilite leur intégration dans le processus de production (ils sont jugés "selon la qualité de leur production") ;

 

L’exercice de la profession leur a permis de découvrir l’intérêt d'enseignements dont ils ne percevaient pas état étudiant "l’intérêt"(certains enseignements de culture générale, traduction).

 

Ils mentionnent néanmoins les lacunes suivantes :

 

- durée limitée des enseignements à dimension pratique qui les mettent en situation de production (ils apprécient les quelques sorties sur terrain débouchant sur la production d'un journal école après une visite de deux jours à une région de l'intérieur du pays).

 

- pédagogie traditionnelle peu motivante

 

- équipements limités, vu le nombre d'étudiants (TV-radio) ou sous utilisés (laboratoire de langue, parc informatique).

 

- faible présence des enseignements de journalisme au premier cycle depuis la réforme de 1992 qui réserve le premier cycle aux enseignements de culture générale et le deuxième cycle à la spécialisation.

 

- le stage suivi en cours de formation est considéré comme trop court et d'un apport faible vu les conditions dans lesquelles il se déroule. Ils proposent d'en allonger la durée et d'en améliorer le suivi.

 

2) FORMULE DU CURSUS DE FORMATION DES JOURNALISTES

 

L’IPSI offre une formation de niveau bac+4, qui est largement soutenue par les personnes interviewées, avec une demande pressante quasi-générale d'une plus grande sélection à l'entrée (plus forte moyenne au bac à exiger ou concours), et un renforcement  des enseignements de journalisme au premier cycle (réforme I992).

Le niveau de culture générale et la qualité de la rédaction devraient être  des pré requis à la formation au journalisme, et ne peuvent pas être acquis en quatre années d'enseignement à l'IPSI, quand  l'étudiant en est dépourvu dés le départ.

 

La formule du DESS, lancée en 97 pour les détenteurs d'une maîtrise autre que le journalisme, est sévèrement critiquée par les anciens qui considèrent ce profil comme un concurrent sur le marché de l'emploi et revendiquent un enseignement de 3ème cycle ou de DESS ouvert aux diplômés de l'IPSI.

 

Il y a néanmoins des voix minoritaires au sein des anciens qui trouvent la formule intéressante pour les raisons suivantes :

 

- il est préférable de multiplier les formules de formations de journalistes, dans la mesure où la profession peut avoir besoin de profils différents.

- le DESS peut permettre à des diplômés de l'université qui exercent actuellement dans les médias d'obtenir une formation au journalisme qui leur fait défaut, ce qui est de nature à homogénéiser les rédactions en dotant les professionnels de "références communes".

 

3) CRITIQUES ADRESSEES AUX DIPLOMES

 

Les anciens de l'IPSI sont conscients des critiques traditionnellement formulées à leur égard : faiblesse de la culture générale, difficultés rédactionnelles, méconnaissance de l'actualité et ils ajoutent même orgueil et fierté du diplôme. Ils considèrent globalement ces critiques exagérées et découlant de conflits inévitables entre générations de professionnels ayant des profils différents.

 

Ils reconnaissent néanmoins qu'il peut y avoir des cas où ces lacunes existent réellement et que cela ne dépend pas du diplôme, mais de la personnalité des diplômés et il revient à la profession de sélectionner les éléments compétents et ceux qui font preuve de forte motivation pour ce métier, et de "savoir les garder".

 

Quand on leur demande d'évaluer  à leur tour les dernières promotions de l'IPSI, les anciens émettent pratiquement les mêmes critiques formulées globalement à l'encontre de l'ensemble de diplômés (culture générale défaillante, faiblesses rédactionnelles, faible motivation, formation pratique limitée ). Certains remarquent néanmoins une meilleure formation en anglais et une plus grande facilité pour le traitement de texte.

 

4)INTEGRATION DANS LE MILIEU PROFESSIONNEL

 

L'ensemble des anciens de l'IPSI relève comme principal obstacle à l'intégration des jeunes diplômés, la médiocre qualité de l'encadrement en début de carrière. Les rapports plutôt bureaucratiques réduisent l'apprentissage de la profession à l'assimilation des "directives" et aux "leçons que chacun peut tirer des erreurs qu'il commet".

 

Les réunions de la rédaction sont peu nombreuses au niveau de la base des journalistes et les discussions d'évaluation sont rares.

 

En ce qui concerne le rôle qu'ils peuvent jouer dans leur journal et les opportunités qu’ils ont d'accéder à des postes de responsabilité, deux réponses nettement différentes apparaissent en fonction de l'ancienneté. Les diplômés qui ont plus de dix ans  de métier ont de réelles chances  de peser de leur poids sur le fonctionnement de la rédaction et ils font remarquer que plusieurs anciens de l'IPSI occupent des postes de rédacteurs en chefs ou de chefs de services et certains d'entre eux ont occupé ou occupent des postes de directeur d'une radio régionale ou de directeur de journal.

 

Les jeunes diplômés de moins de cinq ans d'ancienneté se considèrent plutôt marginalisés et sont souvent en situation précaire. Ils sont généralement pigistes permanents pour des périodes allant jusqu’à trois ans avec un salaire réduit, et s'estiment de très peu de poids dans le cours des choses au sein de la rédaction.

Ils considèrent que les qualités d'autonomie du journaliste et de prise d'initiative ne sont pas  toujours appréciées par leur hiérarchie directe.

 

5)LA FORMATION CONTINUE

 

Les anciens de l'IPSI interviewés sont grands demandeurs de formation continue. Les plus anciens ont bénéficié d'opportunités de stages en Tunisie avec le Centre Africain de Perfectionnement des journalistes et Communicateurs (CAPJC), ou à l'étranger. Les stages ont porté sur les techniques du journalisme et sur les applications de l'informatique (traitement de texte, PAO). Certains ont également suivi des sessions au sein de leur propre media essentiellement  des cours de langue.

 

Des besoins sont exprimés aussi bien pour les compétences traditionnelles du journaliste (techniques de rédaction et genres journalistiques) que pour les nouvelles compétences en rapport avec la généralisation de l'informatique et les implications des nouvelles technologies de l'information (utilisation d'INTERNET pour la recherche des sources, multimédia).

 

6) DEVELOPPEMENT ENVISAGE DE LA PROFESSION

 

Tout en étant sensibilisés par les implications des nouvelles technologies les journalistes interviewés, envisagent le développement de leur media en termes plus conventionnels, vu les retards accumulés dans des domaines tels que le photo-journalisme, la documentation  au sein du journal, la qualité rédactionnelle, et l'organisation et l'animation de la rédaction.

 

7) APPORT QUE PEUVENT AVOIR LES ANCIENS

 

L'ensemble des personnes rencontrées manifeste un fort sentiment d'attachement à l'IPSI et se considèrent concernés par le fonctionnement de cette institution même plusieurs années après la fin des études.

Ils considèrent que l'IPSI est loin de bénéficier pleinement du réseau étoffé des anciens diplômés présents dans l'ensemble des médias tunisiens.

Ils attendent de l'IPSI un plus grand effort pour mieux tirer profit de leur disponibilité et de leur compétence, et pensent que l'amicale des anciens de l'IPSI doit avoir un rôle plus dynamique, dans cette direction.

 

Les propositions formulées  pour un plus grand lien entre l'IPSI et les anciens sont :

 

- un plus grand recours aux anciens dont l'expérience professionnelle est confirmée, comme formateurs pour assurer des enseignements ou encadrer des expériences de journaux écoles.

- une plus grande participation aux jurys de soutenance des mémoires pour les questions professionnelles.

- mise en place  d'un système d'encadrement des travaux  de terrain des  étudiants par leurs aînés.

- mise en place d'une formule favorisant l'encadrement des étudiants en période de stage, par les anciens.

- organisation  périodique d'une journée IPSI/médias où les anciens peuvent jouer un rôle de médiateur privilégié.

- création d'une carte d'abonnement  des anciens à la bibliothèque de l'IPSI.


SYNTHESE DES ENTRETIENS AVEC LES ENSEIGNANTS DE L’IPSI CHARGES DES ENSEIGNEMENTS DE JOURNALISME.

 

Cette note synthétise des entretiens menés avec neuf enseignants de journalisme et ou de communication, travaillant à temps plein à l’IPSI, en plus du directeur. Les entretiens ont été effectués sous forme d’entretien de groupe (un premier groupe de deux formateurs  et un deuxième groupe  de trois formateurs) ; et d’entretiens individuels pour le directeur et les autres formateurs.

La totalité des formateurs interviewés sont d’anciens diplômés de l’IPSI qui ont suivi un troisième cycle en France en sciences de l’information, condition d’accès à l’université. La majorité a exercé le journalisme pour une période plus ou moins longue. Certains collaborent actuellement avec un média.

 

REPRESENTATION DE LA PROFESSION AU SEIN DU CONSEIL SCIENTIFIQUE.

 

Quatre membres  représentant la profession siègent en permanence au conseil scientifique. Un arrêté du ministre de l’enseignement supérieur désigne comme membres du conseil scientifique en plus des représentants élus des étudiants et des enseignants, le président de l’Association des Directeurs  des Etablissements journalistiques, le Président de l’Association de Journalistes Tunisiens, le Président Directeur Général de l’Etablissement de la Radio Télévision Tunisienne et  le Directeur Général de l’Information.

 

Cette représentation est jugée suffisante par le directeur, qui remarque néanmoins que ce vecteur privilégié de communication entre l’institution de formation et la profession, est sous utilisé par les employeurs pour faire parvenir leur voix  et prendre une part plus active dans l’évaluation et l’orientation de l’institution de formation.

 

D’autres canaux non institutionnels sont parfois utilisés pour consulter la profession. Des rencontres sont organisées entre l’IPSI et des représentants de la profession avant le lancement de projets importants. En 1992 la réforme des programmes a été décidée par une commission nationale où la profession était largement représentée, et le programme de la filière communication qui a démarré au niveau du deuxième cycle en  94 été l’objet d’une table ronde regroupant  formateurs et professionnels. Il a été de même pour le lancement du DESS de journalisme en 96.

 

IDENTIFICATION DES BESOINS.

 

Les formateurs déclarent dans leur totalité que la connaissance des besoins aussi bien quantitatifs que qualitatifs  du secteur des médias et de la communication fait défaut actuellement. Quelques indices existent certes, quelques idées sont avancées par différents acteurs : des besoins existent pour des rédacteurs francophones, dans le journalisme spécialisé, dans les métiers de la communication dans le multimédia. Il est difficile de bâtir une politique de formation  sur de telles approximations.

 

Les formateurs se divisent en deux groupes quand on leur pose la question  de savoir qui  de la profession ou de l’IPSI devraient prendre l’initiative de ce travail de prospection des besoins. Les uns pensent qu’il revient à la profession de fournir de telles données à l’IPSI, les autres pensent au contraire qu’il revient à l’IPSI de  prendre l’initiative  et de réaliser les études nécessaires.

 

PARTICIPATION DES PROFESSIONNELS A LA FORMATION.

 

Le principe de la participation des professionnels à la formation est largement acquis aussi bien au niveau de la direction qu’au niveau des enseignants, mais il y a une nette différence dans l’évaluation des efforts consentis par l’IPSI  pour une plus grande participation des professionnels.

 

Un groupe d’enseignants partage l’avis de la direction qui juge satisfaisante la participation actuelle des professionnels à la formation. Huit professionnels de la communication et du journalisme animent actuellement à longueur d’année des cours et d’autres sont invités en classe par les enseignants, pratique de plus en plus répandue.

Tout en se déclarant  prêt à un plus grand effort en direction des professionnels, le directeur de l’IPSI remarque qu’il rencontre des difficultés de rémunération qui peuvent dissuader les bonnes volontés dans la mesure où la fonction publique se base uniquement sur le critère du diplôme pour fixer les taux de rémunération, et des difficultés dues à la disponibilité des professionnels compétents.

Au contraire, d’autres  formateurs, jugent insuffisants les efforts d’intégration des professionnels dans le corps enseignant et appellent à une plus grande ouverture en direction des professionnels de qualité  que l’université doit être en mesure de repérer, d’intégrer et de rémunérer convenablement.

 

LE FLUX DE DIPLOMES.

 

L’écart entre formation et emploi  peut être perçu sous l’angle du flux des diplômés. La direction fait remarquer que sur les 1546 diplômés formés durant les trente années par l’IPSI, seuls 140 sont demandeurs d’emplois enregistrés au Bureau d’Emploi des Cadres (4-11-98).

L’IPSI ne dispose pas de données précises sur le devenir professionnel  des anciens diplômés qui ont été absorbés aussi bien par les secteurs du journalisme et de la communication que par ceux de l’enseignement des langues aux lycées et de l’administration publique.

Un consensus général semble se dessiner pour une nette  réduction du nombre de bacheliers orientés à l’IPSI, estimé en moyenne à 150 personnes.

 

LES EQUIPEMENTS PEDAGOGIQUES.

 

L’IPSI a consenti de grands efforts financiers pour acquérir les équipements pédagogiques. Une contribution nationale relayée par une contribution de la coopération internationale et spécialement la fondation allemande Friedrich Naumann (durant les deux premières décennies), a permis de doter l’IPSI, de l’avis de la direction et d’un groupe d’enseignants d’une plate forme de travail  Acceptable.

D’autres enseignants font remarquer que ces équipements sont largement insuffisants en rapport avec le nombre croissant d’étudiants, ce qui réduit les chances de chaque étudiant de réaliser des travaux pratiques. Ils font observer également qu’une politique d’investissement en équipements est  pratiquée par les médias  ce qui ne fera que creuser le fossé entre formation et emploi.

 

ACCUEIL RESERVE AUX DIPLOMES DE L’IPSI.

 

Il est indéniable pour l’ensemble des interviewés que l’intégration des diplômés de l’IPSI se pose dans des termes très différents actuellement qu’il y a vingt ans. Les critiques adressées par les professionnels  aux jeunes diplômés ne doivent pas cacher un fait important : Une formation spécifique au journalisme est maintenant considérée comme un pré requis à l’exercice de ce métier par une large partie des professionnels, ce qui était loin d’être un consensus deux décennies auparavant.

 

La base démographique de la profession a radicalement changé en faveur des diplômés de l’IPSI qui sont majoritaires dans les rédactions des principaux médias, ce qui  contribue au développement d’une ambiance plus favorable à l’intégration des jeunes diplômés.

 

En ce qui concerne les critiques traditionnellement adressées aux diplômés de l’IPSI  (faiblesse de la culture générale, manque de maîtrise des langues, formation pratique insuffisante et peu de motivation)les formateurs avancent plusieurs réponses :

 

- certains pensent que ces critiques sont excessives et relèvent plus  des dissensions internes découlant de profils différents que d’une évaluation réaliste des compétences.

 

- les formateurs appellent également à une plus grande compréhension pour offrir aux jeunes diplômés un encadrement de qualité et des conditions de travail qui font du stage en début de carrière un réel moment de formation complétant la formation initiale.

 

- plusieurs formateurs font remarquer que les défaillances des jeunes diplômés, souvent mises en avant dans le débat  sur la «qualité de la presse nationale », ne doivent pas cacher que les compétences de journalistes confirmés sont largement sous utilisées  à cause de pratiques professionnelles désuètes.

 

- une nette amélioration du niveau de culture générale et de la maîtrise des langues, qui sont des compétences dont l’acquisition est lente et fortement déterminée par l’itinéraire scolaire antérieur à l’université, ne peut être obtenue qu’en élevant les critères d’orientation à l’entrée des études de journalisme.

 

- il faut cesser d’orienter vers le journalisme, comme cela est le cas depuis plusieurs années, des étudiants qui ne le demandent pas en premier choix quand ils formulent leurs vœux d’orientation universitaire.

 

- le débat sur la formation théorique et la formation pratique est considéré comme vain. Toute institution universitaire doit doter l’étudiant d’instruments intellectuels puisés nécessairement dans le savoir universel, et toute formation théorique doit nécessairement déboucher sur des applications pratiques. La question principale est  de maintenir un équilibre  entre ces deux volets solidaires de la formation et  de disposer  en nombre suffisant des formateurs et des équipements pour promouvoir l’enseignement  pratique.

 

- néanmoins certains enseignants considèrent  que l’IPSI est largement responsable des défaillances de  ses diplômés et de grands efforts sont nécessaires et possibles pour une nette amélioration de la qualité des diplômés qui passent quatre ans  dans cette institution. Si le reproche relatif au niveau  culture générale peut être relativisé   en considérant qu’il s’agit d’une tendance qui n’est pas spécifique à l’IPSI, ces formateurs pensent qu’il est inacceptable de  continuer à faire la sourde oreille aux reproches fondés qui sont adressés à l’IPSI pour ce qui est du niveau de maîtrise des langues et de la faible part de l’enseignement pratique. Après trente ans de fonctionnement l’IPSI ne dispose pas encore de structure de  publication et les journaux écoles sont rares.

 

FORMATION DES FORMATEURS

 

L’ensemble des personnes interviewées, tout en signalant certaines actions  de formation de formateurs menées par l’IPSI en collaboration avec la coopération internationale (sessions de formation internes et stages  à l’étranger), attirent l’attention sur la nécessité d’intensifier  ces opportunités et de les intégrer dans une politique générale de mise à niveau des ressources humaines.

 

Tout en se déclarant très attachés à leur statut d’universitaires les formateurs se disent conscients d’appartenir de par la discipline qu’ils enseignent à une spécialité où le facteur technologique est déterminant. Les enseignants de journalisme et de communication doivent nécessairement se mettre à l’heure des nouvelles technologies  qui commencent à s’implanter dans les salles de rédaction des médias tunisiens. Autre écart à surveiller.

 

LISTE DES FORMATEURS INTERVIEWES :

 

Mustapha Hassan, directeur de l’IPSI.

 

- Premier groupe :

Abdallah Heidri et Sadok Hammami

 

- Deuxième groupe :

Larbi Chouikha, Mohamed Gontara, Moncef Ayari

 

- Entretiens individuels :

Mlle Sabah Mahmoudi, chef du département de journalisme.

Mlle Fatma Azouz

Abdelkrim Hizaoui

Taoufik Yakoub.


NOTE SUR LA FORMATION EN COMMUNICATION EN TUNISIE

 

Il est erroné à l'état actuel de brosser un tableau de la situation de la formation en communication en Tunisie et d'avancer des propositions pour l'avenir en rapport avec les besoins du marché.

 

L’ensemble des personnes rencontrées, considèrent qu'il est urgent de lancer une étude systématique des besoins en communicateurs de différentes spécialités et de différents niveaux et d'évaluer l'ensemble des expériences actuellement en cours dans les établissements de formation publics et privés et d'aboutir à la mise en place d'un programme national de formation des cadres de la communication, qui servirait de cadre d'orientation aux opérateurs concernés.

 

En l'absence de données systématiques, quelques observations peuvent être avancées : les professionnels de la communication affirment l'existence de besoins réels en communicateurs de différentes spécialités et de différents niveaux (conception et fabrication), et remarques les insuffisances et les lacunes  des structures de formation existantes, et appellent au développement des enseignements, des filières  existantes, et appellent à la création de nouvelles filières ou de nouvelles structures de formation pour les spécialités manquantes.

 

INDICES D'UN BESOIN CROISSANT EN COMMUNICATION

 

- Orientation libérale de l'économie tunisienne, avec un rôle de plus en plus manifeste pour le marketing, la publicité et la communication interne et externe.

 

- Ouverture économique et partenariat avec la communauté européenne, dont les entreprises ont une longue tradition de communication.

 

- Multiplication des directions et des services d'informations et de relations publiques dans les organigrammes des entreprises publiques et privées. Un nombre croissant de personnes est chargé de la communication ou ont une activité en relation avec la communication. Elles sont parfois  recrutées parmi les journalistes dont certains sont diplômés de l'IPSI. D'autres sont tout simplement des cadres de l'administration, à qui on confie le dossier de la communication.

 

- Au niveau de l'administration publique il a été crée auprès du premier ministère un Bureau  Central des Relations avec le Citoyen, et un bureau  de même nature dans chaque département ministériel et dans chaque gouvernerat (préfecture), ayant des tâches de contact, d'information et d'orientation des citoyens.

 

- Une nette multiplication des produits de communication de tout genre est perceptible (affiches, prospectus, publications internes, films, etc.).

 

- Plusieurs entreprises  et institutions publiques et privées se sont dotées d'unités d'impression et se  sont dotées d'équipements audiovisuels, et de micro-ordinateurs avec des applications  en PAO, ce qui est de nature à accroître leur potentiel de fabrication de supports de communication de tout genre.

 

 - L’accroissement des actions d'éducation par les médias et l'extension des domaines concernés par ces actions : santé, nutrition, campagnes anti sida, vulgarisation agricole, comportements citoyens, orientation scolaire et universitaire, campagnes pour l'emploi des cadres...

 

- Croissance des messages publicitaires à la radio et à la télévision depuis 1989, date de l'introduction de la publicité commerciale à la télévision nationale. L'ERTT, ayant décidé de se limiter à la diffusion, plusieurs unités  privées de production audiovisuelle ont vu le jour.

 

- Le Syndicat des Agences de Publicité Agrées (SAPA), estime le nombre des agences  agrées à vingt aux quelles s'ajoutent quatre vingt agences diverses  ayant une activité en relation  avec la publicité. Les budgets publicitaires sont estimés en 1996 à 30 millions de dinars tunisiens.

 

- Emergence de nouveaux besoins et de nouveaux produits de communication, conséquence du développement à l'échelle nationale de l'infrastructure des info-routes en Tunisie au cours de la dernière décennie, et naissance embryonnaire d'une production multimédia.

 

 

 

STRUCTURES DE FORMATION DANS LES DIFFERENTS METIERS DE LA COMMUNICATION.

Après avoir longtemps formé des journalistes l'IPSI crée  une filière de communication au niveau de deuxième cycle, orientée vers la communication institutionnelle et la communication d'entreprise. La première promotion a quitté l'IPSI en 1996.

 

Une première tentative de courte durée (1986-88) a consisté à créer un enseignement de niveau bac +2 dans trois filières : relations publiques, production audiovisuelle, métiers du livre.

 

Plusieurs institutions de formation en gestion offrent un enseignement en marketing et intègrent un enseignement en communication. L'Institut  Supérieur des beaux-arts de Tunis, est le principal formateur des créatifs qui contribuent largement à la conception artistique des produits de communication. Cet institut Qui a donné à la Tunisie des artistes renommés, a su répondre aux évolutions du marché de l'emploi en développant les arts appliqués.

 

Au niveau de la formation des techniciens il faut mentionner l'expérience du  Centre Sectoriel de Formation en Arts Graphiques de l'Ariana, dépendant du Ministère de la Formation Professionnelle et de l'Emploi.

 

Plusieurs institutions de formation  du secteur privé ont vu le jour suite au développement des applications informatiques (pao, infographie, multimédia).

 

Besoins réels mais difficilement identifiables en l'absence d'une étude systématique, et structures de formation insuffisantes, tels semble-t-il sont les deux caractéristiques de la situation actuelle des métiers de la communication.

 

Il est urgent d'engager une réflexion globale sur l'ensemble des métiers de la communication et des industries culturelles en vue d'évaluer l'état actuel de la formation dans ce domaine et d'envisager les actions futures de renforcement des enseignements existants, de promotion de nouveaux enseignements et de création en cas de besoin de structures nouvelles publiques et privées de formation.

 

 

PROFESSIONNELS DE LA COMMUNICATION ET FORMATEURS RENCONTRES POUR LA REDACTION DE CETTE NOTE.

 

Mme Syrine Cherif-Maaref, présidente de la chambre Syndicale des Agences de Publicité Agrées (SAPA), relevant de l’Union Tunisienne de l'Industrie du Commerce et de l'Artisanat (UTICA), (organisation  patronale).

 

M.Taoufik Hbaïeb, directeur de TH agence de conseil en communication.

 

M.Fethi Haddad, chargé de la communication à l'Agence Tunisienne de Formation professionnelle ATPF, organisme public relevant du Ministère  de la formation professionnelle et de l'emploi.

 

Mme Zohra Gharbi, M.Blhassan Badreddine, M.Mohamed Hamdan, enseignants à  l'IPSI.

 

M.Khaldoun Ben Taarit, chagé de la formation à la Chambre Syndicale des Etablissements privés d'Enseignement, relevant de l'UTICA, et directeur de l'Ecole Supérieure d'Informatique et de Gestion (ESIG), institution privée.


ENTREVUE AVEC M.ABDELHAFIDH HARGAM, PRESIDENT DU CONSEIL SUPERIEUR DE LA COMMUNICATION

Mission du Conseil Supérieur de la Communication (CSC).

 

Le CSC est un organe consultatif auprès de la présidence de la république, crée en 1989 et regroupant quinze membres dont dix sont nommés pour leur "compétence dans le domaine de la communication et de la culture" et cinq membres es-qualité  représentant d’organismes publics à caractère médiatique et les présidents de l'association des Directeurs des Etablissements Journalistiques Tunisiens et l'Association des Journalistes Tunisiens.

 

Il est chargé selon le décret du 30 JANVIER 89,  Complété par le décret du 5 octobre 92, d'examiner et de proposer toutes les mesures de nature à :

 

a) contribuer à l'élaboration d'une politique de communication permettant au citoyen "d'accéder à son droit à une communication libre et pluraliste".

b) promouvoir la législation dans le domaine de la communication

c) développer l'infrastructure technique dans le domaine de la communication

d) il est consulté au sujet de la législation relative aux orientations générales en matière d'information et de communication.

Le président de la république vient de lui confier une nouvelle mission d'observatoire  National de l'information, tenu de rendre public un rapport annuel en plus de rapports ponctuels sur le secteur en  cas de besoin.

 

La formation des journalistes.

 

La formation des journalistes et des communicateurs est une préoccupation majeure du CSC, et  elle détermine  fortement toute action de promotion  de la presse et des médias.

 

L’IPSI est un  acquis pour le secteur de l'information et il doit être renforcé. Le temps est venu d'évaluer la réforme des programmes introduite en 1992 en veillant à :

 

- faire du journalisme une filière d'excellence et trouver les solutions adéquates  en vue de hausser le niveau intellectuel et rédactionnel à l'entrée de l'IPSI des jeunes qui se destinent au journalisme.

 

- renforcer l'enseignement à dimension pratique.

 

- intégrer les compétences nouvelles relatives aux nouvelles technologies de l'information  et de la communication.

 

- intensifier les échanges entre l'IPSI et les médias, en développant une formule de partenariat

 

La formation des communicateurs

 

Il y a des besoins urgents justifiant le développement de la formation dans le domaine de la production audiovisuelle actuellement quasi inexistante. Plusieurs métiers technico-artistiques sont appelés à jouer un rôle sans cesse croissant dans la production médiatique et culturelle nationale.

 

La Tunisie peut abriter avec le soutien de l'UNESCO et de la coopération internationale, un centre de formation de haut niveau dans le domaine de la production audiovisuelle, à dimension méditerranéenne et africaine. Un premier pas consistera  à mener une étude de faisabilité qui pourrait bénéficier des ressources d'expertise de l'UNESCO.

 

Un effort de prospection des besoins en formation devrait également être mené en direction de l'ensemble des métiers des industries culturelles.

Le secteur privé peut jouer avec le secteur public un rôle de premier plan dans la formation des compétences en communication de différents niveaux, à condition de veiller à la qualité de cette formation et de soumettre  les établissements dispensant de telles formations aux normes en application dans les établissements publics.

(entretien 10-11-98).

 


Autres propositions de lecture: